C'est en grimaçant que j'enfile mon jean délavé, mes genoux encore à vifs me font atrocement souffrir. Hier soir, lors d'une nouvelle course poursuite avec une patrouille de police à travers Victory District, j'avais mal anticiper une réception après une énième cabriole pour échapper aux trois agents de police qui m'ont poursuivit. Résultat: des genoux bien écorchés et le reste de la nuit à dormir avec des compresses d'alcool scotchés aux genoux. Une fois habillé, j'attrape ma sacoche contenant mon ordinateur portable et quelques affaires. Avant de partir je souhaite une bonne journée à mes grands-parents puis je saute dans la vieille voiture de mon père.

Mon rituel de quasiment chaque matin c'est de me rendre au siège du Continental Globe pour tenter d'y glaner des infos sur Vampyr, et depuis maintenant quelques temps sur mon alter-ego. Je fais deux fois le tour du quartier avant de finir par trouver une place, je glisse quelques pièces dans le parcmètre puis pousse les portes du journal. Mes pas ont foulés ce hall tant de fois que mes pieds connaissent le chemin par cœur. Je pose mes mains sur la banque d’accueil en souriant au gars assit en face de moi.

- Bonjour ! Je voulais savoir si des infos sur Vampyr vous étiez parvenues ?

Il lève lentement les yeux vers moi en soupirant.

- Encore toi, gamin. Pourquoi tu attends pas de lire le journal comme tout le monde ?

J'insiste encore quelques minutes avant que le ton ne commence légèrement à monter. Je hais ce genre de personne qui se prennent pour ce qu'elles ne sont pas, si je le pouvais je leur planterai l'une de mes flèches là où je pense. Nos voix raisonnent dans le hall jusqu'à ce qu'une jeune femme, d'à peu près mon âge je dirais, vienne calmer le jeu.

Les deux se tapent une bise et se mettent à discuter comme si je n'étais même pas présent. Je lève les yeux au ciel en attendant la fin de leur courte conversation. Sérieusement les gars, j'suis juste à côté de vous ! La femme se tourne vers moi en m'encourageant à la suivre. Je saute sur l'occasion de pouvoir visiter les locaux du si célèbre journal, un dernier regard noir en direction du dénommé Rick puis je suis ma nouvelle hôte jusqu'à un ascenseur. Nous l'attendons silencieusement, et comme à leur habitude mes yeux "photographient" tout ce qu'ils voient au cas où je devrais m'infiltrer dans le bâtiment sous le costume de Robin des Bois. D'ailleurs, en parlant de mon costume, il fallait que je l'améliore encore en renforçant les genouillères et les coudières sous le tissu. Cependant, il me fallait du matériel plus perfectionné que ce que je pourrai trouver en magasin.

Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent devant nous, je suis la jeune femme à l'intérieur. Une fois à l'intérieur, je mémorise le nombre de boutons menant aux différents étages. J'adresse un sourire à la dénommée Chloé en serrant la main qu'elle me tend.

- Jaymeson Irons mais tout le monde m'appelle Jay.

Le reste de la montée se fait dans le silence et lorsque les portes métalliques s'ouvrent de nouveau c'est pour nous permettre de descendre à l'étage des enquêtes. Je fourre mes mains dans mes poches en suivant la journaliste, mes yeux se posent partout où ils le peuvent en quête d'informations sur Vampyr ou sur moi. Jusqu'à présent je savais que ni la police ni les journaux n'avaient réussi à me photographier lors de mes sorties nocturnes. Mais tôt ou tard je sais que cela finira par arriver, c'est inévitable.

Nous avons à peine fait une vingtaine de pas qu'une porte s'ouvre à notre passage. Chloé se met à discuter avec sa collègue nouvellement venue, je patiente en silence trop content qu'on veuille enfin me fournir quelques informations. J'adresse un sourire compréhensif à la journaliste lorsque celle-ci s'excuse pour le contre-temps puis nous entrons dans la salle qu'a délaissé sa collègue. En prenant place sur l'un des fauteuils, je jette un coup d'oeil autour de moi. Je hoche positivement la tête pour confirmer ses dires.

- Oui, c'est bien cela.

On allait enfin peut-être pouvoir m'apporter des réponses et me dire ce que la presse sait de mon alter-ego prince des voleurs. Sauf que comme je le pensais, le Continental Global n'en sait pas plus que Ratatosk et moi sur l'état actuel du premier justicier de la capital de l'Union Européenne. Il s'est comme volatilisé depuis sa fameuse chute et depuis c'est silence radio, rien, aucune action, nada. Cependant, la journaliste semble pouvoir me donner plus d'informations concrètes sur Robin des Bois. Ma cavalcade d'hier soir n'est donc pas passer inaperçue et les flics n'ont pas pu étouffer le truc. Selon elle, Robin des Bois aller devoir changer ses tours de passe-passe sinon les forces de l'ordre finiront par lui mettre la main dessus. C'est bon à savoir, même si les flics ne sont pas prêts de m'arrêter pour l'instant.

- Oh... Donc selon vous Vampyr est bel et bien mort ou il se cache ? Et pourquoi la police poursuivait Robin des Bois, hier soir ? Qu'est-ce qu'il a fait pour se faire prendre en chasse ?

Autant jouer le poseur de questions jusqu'au bout.

- Je prendrai bien un café, s'il vous plait.

Lorsque la journaliste pose le gobelet en carton sur la table, on ne peut pas franchement dire que ce qu'il a à l'intérieur ressemble à du café mais plutôt de l'eau colorée en marron dégueu. Je me saisi du dit café tandis qu'elle se rassoit devant moi en réfléchissant aux réponses qu'elle va me donner. Un sourire légèrement amusé se dessine sur mes lèvres lorsqu'elle se "moque" de mon alter-ego en rappelant la moral de sa légende et en le qualifiant de fait divers. D'un autre côté, qu'elle dise cela me rassure. En effet, si la police et la presse ne considère mes actions nocturnes que comme des délits sans grande importance je suis beaucoup plus libre de mes mouvements que je ne le pensais.

Je porte le gobelet de carton à mes lèvres et avale un peu de café fade, immonde. Bon, après on ne peut pas dire qu'à la fac je bois de l'excellent café non plus mais il reste toujours plus buvable que celui-ci. Toujours silencieux, j'écoute attentivement ce que la journaliste souhaite bien me dévoiler à propos de Vampyr. Elle compare le justicier d'Europolis à Batman, la comparaison est plus qu'exacte. Sur de nombreux points Batman et Vampyr sont similaires. Personnellement, j'ai toujours vue Vampyr comme un mélange entre Dardevil et Le Punisher. Voyant que je ne brise toujours pas le silence, la jeune femme en profite pour aller se chercher un café.

- Selon moi, Vampyr n'est pas mort. Non, sa chute a était un contre-temps sur son chemin. Rien de plus. Cependant, comme vous l'avez dit, il reste un être humain soit un simple humain soit l'un de ceux qui ont développé des aptitudes. Dans tout les cas, il doit être en train de récupérer de ses blessures, une chute pareille on ne s'en remet pas aussi facilement qu'une épaule déboitée. En continuant la comparaison avec le Bat de Gotham, lorsqu'il est tombé il n'est pas revenu de suite mais lorsqu'il l'a fait, c'est en étant beaucoup plus fort et parfois beaucoup plus violent. Et certaines fois avec des alliés.

Je marque une pause en réfléchissant.

- Pour moi, Vampyr reviendra plus fort et plus déterminé que jamais, et probablement avec des alliés parmi les nouveaux justiciers qui tentent de perpétrer sa croisade durant son absence. Cependant, lorsqu'il reviendra ça ne sera plus une simple vendetta ou un jeu de chat et de souris. Vampyr se livrera à une guerre sanglante et sans merci.

C'était sûr, Vampyr reviendra et il sèmera la mort sur son passage comme lorsque Jason Todd est revenu sous le masque de Red Hood.

D'après ce que j'ai pu constater nous sommes tout les deux d'accords sur Vampyr, de plus il semble que nous partageons une passion similaire pour les personnages de comics. Intéressant. Si, par la suite, je nous découvres d'autres points communs je ne me casserai plus à m'arrêter au hall d’accueil pour avoir des infos. Non, j'irai la voir directement. Les questions de la journaliste m'arrache un rire léger ainsi qu'un nouveau sourire amusé. Heureusement que je n'avais pas fait un copier-coller du costume fluo du Robin de Losckley de 1983, j'aurai plus ressembler à un clown qu'à un justicier du 21e siècle.

- Cela fait plus qu'une question. En fait, j'ai déjà croiser celui qui se fait appelait Robin des Bois... c'était il y a un peu plus d'une semaine, je rentrai très tard de la fac et lorsque je suis rentré dans mon quartier... il y avait un attroupement de gens: sans-abris et habitants du quartier, tous agglutiné autour d'un sac remplit de médicaments, nourritures et pleins d'autres trucs... Et lorsque j'ai regardé autour de moi pour savoir qui avait pu mettre ça là... il était là, posté sur le toit d'une maison...

J'essaie de rendre cette déformation de la vérité la plus crédible possible sans donner pour autant donner un maximum de détails. Les mauvais menteurs donnent trop de détails, c'est ce qui les trahis le plus souvent. La complète vérité était que ce soir là, j'avais dévaliser les stocks d'un des grands magasins d'Europolis en embarquant tout ce que je pouvais mettre dans un grand sac de sport. Ensuite j'avais attendu que suffisamment de personnes soit dans la rue pour sauter au milieu de la foule en déposant le sac de sport puis j'avais disparu aussi subitement j'étais apparu.

Alors que je réponds à ces questions, la journaliste avale une gorgée de café avant de se mettre à tousser. La quinte de toux se fait de plus en plus fort et je comprend qu'elle est en train de s'étouffer. Je me précipite à ses côtés avant de mettre en pratique ce que l'on m'avait apprit pour aider une personne à respirer lorsqu'elle s'étouffe. Lorsque la crise passe, je ne m'éloigne pas pour autant et la dévisage.

La journaliste reprend lentement et peu à peu sa respiration en s'appuyant contre la table. Le temps qu'elle se calme et qu'elle respire à nouveau correctement, je reste non loin d'elle pour m'assurer qu'elle aille mieux. Lorsqu'elle tourne la tête dans ma direction je remarque que je me suis peut-être un peu trop approcher d'elle car nous sommes vraiment très très proche l'un de l'autre. Je répond à son sourire gêner en faisant moi-même un sourire légèrement gêner.

Tandis qu'elle éponge le café répandu sur la table, je ramasse la feuille présent auparavant sur cette même table: un article sans aucun doute. Ma curiosité me pousse à le parcourir rapidement des yeux en toute discrétion. Je lève les yeux vers la jeune femme et constate qu'elle a fini de tout nettoyer. Cette dernière passe une main dans ses cheveux avec un air totalement gêner, l'ensemble est assez mignon, surtout lorsqu'elle s'excuse pour ce qu'il vient de se passer.

- Ce n'est rien, je n'allais quand même pas vous laissez vous étouffer.

Je lui adresse un clin d’œil entendu avant de redéposer l'article sur la table.

- Vous avez fait tomber cela...

Pour éviter qu'elle ne se pose des questions pour savoir si j'avais lu ou non l'article, j'enchaine avec une blague à deux balles.

- J'espère que vous ne vous êtes pas étouffer en m'imaginant avec des collants fluo ?

A peine ai-je poser l'article sur la table que la journaliste le fourre dans la poche arrière de son jeans, certainement pour éviter que je ne repose les yeux dessus. Fort heureusement ma vanne à deux sous semble avoir bien fait son effet vu le rire amusé qui filtre de la bouche de Chloé. Elle fonctionne tellement bien que la jeune femme en rit aux éclats.

Il semble que cet instant d'humour l'ait aider à sortir de sa gêne, occasionnée par une tasse de café merdique. Je reprend place sur ma chaise en souriant, amusé qu'elle est apprécié ma blague. Pour une fois que l'une des mes blagues ne laisse pas place à un immense blanc plus que gênant dont je ne sais pas me débarrassé ni faire abstraction.

- J'espère pour lui, avec son collant vert fluo il aurait eu énormément de mal à semer la police hier soir et serait certainement en cellule à l'heure qu'il est.

Jamais je n'avais eu cette stupide idée de porter des collants à la superman, non ma tenue sombre était idéal pour se camoufler dans une immense ville comme Europolis. De plus, je l'avais accessoiriser de pas mal de chose de mon invention qui sont, je dois le reconnaitre, assez cool. J'étais assez fier de ce que j'en avais fait.

Mes yeux se perdent, juste l'espace d'une fraction de seconde, dans la contemplation du beau visage de la jeune femme. Suivant mon instinct je sors une feuille de papier de mon sac ainsi qu'un stylo, j'y note une série de chiffres avant de déchirer la partie sur laquelle ils sont écrits.

- Si jamais vous aviez des nouvelles infos sur Vampyr et Collant-Vert, voici mon numéro.

Je lui tends le bout de papier en la regardant.

- Et... si jamais ça vous tente de discuter de Batman en détail autour d'un café, un jour ou l'autre.

Chloé enregistre mon numéro de téléphone dans le sien puis m'envoie un message avec un clin d’œil entendu, un petit bip m'apprend que je viens de recevoir son texto. Je souris face à sa remarque appuyé. Cela ne me dérangerai pas de sauver une nouvelle fois une aussi jolie demoiselle, et puis sauver est un bien grand mot. Tout ce que j'ai fais, c'est l'aider à ventiler ses poumons pour avaler correctement le liquide qui avait fait une fausse route, rien de sorcier non plus.

Je me lève, glisse mon sac sur mon dos puis franchit la porte de la pièce avant d'emprunter l'ascenseur qui nous ramènera au hall d’accueil du journal. Le trajet jusqu'au rez-de-chaussé se fait, comme à l'allée, dans le silence mais la tension n'est plus présente. Du coin de l'oeil, je ne peux m'empêcher de regarder la journaliste indirectement en me servant de la glace présente dans la cabine. Après être descendu de l'ascenseur je m'attends à ce qu'elle reparte mais elle accompagne jusqu'à la porte d'entrée. Je lui souris en lui serrant la main.

- Bonne journée à vous aussi, à très bientôt j'espère.

Je sors du Continental Globe en relevant le col de ma veste pour me protéger vainement du froid de l'hiver.