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 [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues
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MessageSujet: [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues    [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues  EmptyMer 28 Fév - 12:52

La journée avait commencé comme d’habitude, avec ses appels à foison, qu’ils soient externes ou internes. Yulia s’occupait aussi des visites, vérifiant leur identité avant d’appeler la personne avec laquelle ils avaient rendez-vous. La multinationale qui l’avait embauchée recevait pas mal de monde, alors il n’y avait jamais de temps mort. Sauf lors de la pause midi, où elle pouvait enfin souffler et textoter avec son jumeau entre deux conversations avec ses collègues. En général elle essayait toujours de trouver des anecdotes drôles à lui raconter, et elle en avait toujours. Quand on travaillait au contact des gens, on tombait sur tout et n’importe quoi, de la petite dame adorable au gros raciste qui ne voulait pas être reçu par un employé au nom maghrébin et qui avait oublié qu’on était désormais à la moitié du 21ème siècle. Et parfois, des gens avec des demandes improbables, ou clairement inoubliables... Elle blaguait aussi souvent sur les gens qui lui demandait si elle était russe à cause de son accent, avec plus au moins de défiance. La guerre était encore pas si lointaine, apparement.
Il fallait reconnaître que son travail lui avait fait gagner de la patience. Peut-être pas du tact car elle en manquait parfois cruellement - même si elle essayait de faire attention -  mais c’était déjà ça de pris. Il fallait aussi être mentalement forte pour ne pas se laisser marcher sur les pieds par les gros lourds. Son physique de poupée gracieuse et sa voix douce était clairement un désavantage dans ce genre de situation, car certains  pensaient qu’on pouvait facilement l’écraser avec un peu de pression. Sauf qu’ils étaient souvent surpris par son caractère bien trempés, qui envoyait les plus grossier aller se rhabiller.
Quand elle revint de sa pause déjeuner, Yulia commença à entendre une conversation plutôt animée. Une de ses collègues essayait de gérer un type en costard-cravate dont la voix montrait un ton glacial. Elle se remit derrière le bureau, puis intervint en demandant poliment quel était son problème. Le type commença mal en insultant sa collègue d’idiote, puis expliqua qu’il avait un rendez-vous dont il n’avait pas été prévenu qu’il avait été reporté.

- Ma collègue vous a déjà tout expliqué, Monsieur, expliqua doucement Yulia en essayant de rester au maximum polie. Monsieur Gadhavi a dû poser un congé exceptionnel suite à un souci familial urgent.  Ma collègue a appelé son secrétaire qui a juré avoir pris toutes les dispositions pour vous prévenir au plus vite. Nous sommes désolés que vous n’ayez pas reçu le message mais nous n’y pouvons rien, cela ne sert à rien de s’en prendre au personnel d’accueil, Monsieur. Dans tous les cas, nous nous excusons de la gêne occasionnée.

Mais le type ne baissa pas de ton, préférant s’en prendre à sa nouvelle interlocutrice, qui avait gagné le regard reconnaissant de sa collègue. Il insista une nouvelle fois. Yulia inspira en fermant les yeux une demi seconde puis reprit. Patience, patience... Vaut mieux ne pas faire de vagues.

- Nous ne pouvons rien faire à notre niveau, nous vous l’avons déjà expliqué. Voyez ceci avec votre secrétaire, ou téléphonez à celui de Monsieur Gadhavi. Dans tous les cas, il ne va pas reprendre un avion spécialement pour vous voir, il a plus important à faire.


Le type n’aima sa dernière remarque. Il s’appuya sur le comptoir, un air menaçant sur le visage qui l’obligea à reculer d’un pas. Elle se rendit compte soudainement qu’il était quand même pas mal grand et athlétique face à elle qui était mince et pas très grande, même avec des talons. Peut-être un ancien athlète à la retraite après une carrière de succès? Ce qui expliquerait son côté bouffi d’orgueil. Elle regarda en direction du bouton d’appel de la sécurité. Elle n’aimerait pas à avoir à appuyer dessus. La violence ne résolvait rien.
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Jean Raulne
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MessageSujet: Re: [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues    [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues  EmptyMer 28 Fév - 16:40

J’avais une pile de dossiers à traiter au plus vite avant d’être en « congés d’hiver ». Comme je n’avais plus de jeunes enfants au foyer et que pas mal de collègues de l’équipe d’analystes venaient tout juste d’avoir leur premier, ils étaient logiquement passés en premier dans l’attribution des vacances. De toute manière, je n’aurais jamais fait le forcing ; ce n’était pas dans ma nature, car je n’en avais nul besoin. En supplément, changer mes habitudes était toujours un facteur de risque pour mon activité illégale… Tout ce qui pouvait étonner et entraîner de la suspicion, même minimale, n’était pas bon pour moi, loin de là. Alors j’attendais patiemment mes congés, qui me permettraient de planifier plus avant la plus grande partie de nos futurs opérations, et d’ici là je traitais mes dossiers. L’étude du marché roumain me posait souci. Depuis la guerre, les sources de données étaient encore moins fiables et moins approfondies qu’avant les bombardements. J’avais du mal à recouper les données avec notre enquête par panel, et j’avais de toute façon de gros doutes sur la fiabilité des panélistes tels qu’ils avaient été recrutés par mon prestataire local, à Bucarest. Les chiffres ne collaient pas, ni avec mon ressenti, ni avec la logique d’un marché émergent. Bref, je me prenais la tête sur des données, quand je reçus un chat sur mon ordinateur, qui m’indiquait que mon rendez-vous m’attendait à l’accueil.


Ah merde, j’avais oublié ce point avec le prestataire de programmation. Bordel, je finirais jamais ce soir, j’étais bon pour y passer la nuit, alors que j’avais tout un inventaire à faire en vue de notre premier coup. Bon. Je repliais le capot de mon ordinateur pour l’embarquer sous le bras, contrôlant que ma cravate était toujours bien ajustée. Au milieu de tous ces jeunes diplômés dans mon équipe, je tranchais toujours, en terme d’apparence. Jamais de costard complet, ou seulement pour les présentations officielles, les workshops et autres interventions, mais j’avais quand même souvent la cravate. Même aujourd’hui, alors que j’avais les manches repliées sur les coudes pour que ce soit plus confortable. Les jeunots se fichaient de moi parfois, à ce sujet. Ils m’appelaient papy, et venaient bosser à la cool.


Mon rendez-vous ne dura finalement pas si longtemps, et j’allais rendre les clefs de la salle de réunion que j’avais réservée à l’accueil, quand ce qui ressemblait à une altercation. Je me rapprochais, fronçant les sourcils, et arrivais à portée d’ouïe juste au moment où un type en costard engueulait une des hôtesses d’accueil. Le type est d’une froideur incroyable, déjà, il ne tutoie même pas les hôtesses d’accueil. Dans cette boîte pourtant, il y avait une certaine proximité d’habitude… Et le type se fait menaçant. Je pose mon ordi sur le rebord du comptoir et me glisse derrière lui, mon sang ne faisant qu’un tour. Presque aussitôt, il se retrouve avec le haut du corps contre le comptoir, la tête sur le côté, sa main dans la mienne, qui pressait les articulations et os métacarpiens, tout en pressant contre son coude. S’il me pousse à bout, il se fait broyer la paume, et je lui déboîte le coude. Le mec peste, surpris et en panique, dans sa barbe, et me crie de le lâcher. Je viens lui murmurer à l’oreille, et je le sens se relâcher, arrêter de résister, alors que son regard se fige. Je m’assure qu’il a compris en resserrant mon emprise, il opine du chef et je le relâche. Le voilà qui s’éloigne en se tenant le bras, me jetant un regard noir, et me demandant le nom de mon chef.


S’il savait comme je m’en fichais. J’avais été capitaine dans les forces spéciales, soldat pendant presque vingt ans. J’avais connu des trucs qui l’empêcheraient de dormir des semaines durant. Alors franchement, me faire taper sur les doigts par ma manageuse quinze ans plus jeune… Ca ne m’intimidait pas. Inspirant profondément, je me retournais vers les jeunes hôtesses d’accueil.



| Ca va mesdames, vous allez bien ? Quel connard ! N’hésitez pas à appeler la sécurité, dans ce genre de cas. Ce genre de mecs n’a rien à foutre dans cette boîte. Vous avez besoin que je le signale ? |

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MessageSujet: Re: [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues    [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues  EmptyMar 13 Mar - 19:33

Elle avait certes reculé, mais elle ne baissa pas le regard. Elle savait qu’elle était dans son plein droit, et qu’il était pertinemment en tort. Peut-être il y avait-il eu vraiment un cafouillage avec Monsieur Gadhavi mais ce n’était ni son problème, ni de son ressort. Qu’il ose lever la main sur elle ou sa collègue. Un procès pour violence salira sûrement son casier judiciaire, ce qu’elle lui rappellera en temps et en heure.

- Monsieur, vous n’obtiendrez rien par la menace, insista-t-elle mais cette fois avec un ton beaucoup plus ferme. Réglez ceci avec les personnes concernées...

Mais il n’eut le temps de rien. Yulia recula à nouveau quand elle vit un employé maitriser le malotru d’un revers de main, retenant même sa respiration durant une seconde. Sa collègue se figea de la même façon, elle aussi surprise par ce retournement de situation. C’était tout à fait impressionnant. Immobilisé de sorte à même pas pouvoir remuer le menton, le type ne pouvait que protester. S’il essayait de se débattre, il y laisserait forcément des plumes. Yulia avait déjà vu des gens se faire plaquer comme ça. Dans les films. Dans la vie réelle surtout. D’abord les surveillants sur les patients qui devenaient violents. Puis ensuite, lors des assauts, des soldats sur la population quand ils essayaient de s’enfuir ou de contrattaquer. Même si son visage affichait des yeux ronds comme des assiettes, quelque chose au fond d’elle grimaça à cause d’une effluve de mauvais souvenirs. Elle n’aimait pas la violence. Ce n’était pas une solution. Enfin des fois on devait l’utiliser... Mais quand on ne pouvait rien faire d’autre, comme de la légitime défense. Le client crétin n’était, par définition, qu’un crétin qui, de son avis, avait juste une grande gueule. Il aurait fini par lâcher l’affaire, elle en était convaincue. Il fallait avouer que c’était aussi un peu un échec personnel. Elle aurait aimer pouvoir régler cela toute seule et montrer qu’elle gérait très bien son travail.
Elle regarda l’employé une seconde et bredouilla un «Monsieur...» dans un souffle qui essayait de faire comprendre que le goujat avait eu son compte. Celui-ci finit par le lâcher.  
Le type, fâché, vociféra des insultes contre l’entreprise, signifia qu’on allait entendre parler de cette histoire, tandis que la réceptionniste songeant très fortement qu’il n’allait absolument rien faire. Il était en tort et c’était lui qui avait fait mauvaise impression devant trop de témoins pour qu’on l’excuse. L’employé, dont elle ne connaissait pas le nom encravaté, sûrement dans la quarantaine, paraissait un type tout à fait normal quand on regardait de plus prêt. Il adressa aux deux femmes quelques paroles. Yulia opina du chef pour appuyer les paroles de l’homme, affichant un certain flegme qu’on retrouve souvent chez les gens du nord.

- Je vous remercie... de votre aide. Ne prenez pas cette peine, nous nous occuperons de signaler cela aux services appropriés, expliqua-t-elle. Sa collègue commençait déjà à taper un mail à vitesse lumière pour relater l’incident. Yulia faisait des efforts pour rester diplomate. Ce type n’était pas mal intentionné. Peut-être un peu trop... impulsif ? Bon, il avait quand même voulu les aider, et il avait réussi bien que sa méthode était... extrême. Surtout, où est-ce qu’il avait appris à faire ça si bien ? Prenait-il des cours d’auto-défense qu’il avait été soudainement ravi de tester ?

- Des connards dans le genre, nous en avons malheureusement quelques uns mais en général, c’est plus au téléphone et on peut leur raccrocher au visage, continua-t-elle. C’était bien intentionné de votre part, mais la prochaine fois, laissez-nous juste le temps d’appeler la sécurité ou allez les prévenir... Imaginez que vous tombiez sur quelqu’un qui sait vraiment se défendre ou qui veut vraiment faire mal, ce serait dommage que vous soyez blessé. Puis vous pourrez avoir des problèmes à votre travail ou votre vie personnelle... Suggéra Yulia de sa voix douce. Ses paroles étaient sincères, car c’est mignon de jouer au héros, mais il vaut mieux réfléchir avant. Si jamais ce type était un peu déséquilibré, peut-être aurait-il sorti une arme ou... Elle chassa cette pensée. Elle commençait à se laisser gagner par la parano de frère qui lui disait de faire attention quand elle sortait, car on sait jamais sur qui elle pourrait tomber.

- Mais dans tous les cas, merci.

Car elle n’était pas ingrate. Loin de là.
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Jean Raulne
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MessageSujet: Re: [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues    [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues  EmptyMer 21 Mar - 13:13

Il ne fallait pas me courir sur le haricot. J’avais une réaction presque instinctive à la violence, pour l’avoir longtemps utilisée et cherchée aussi d’ailleurs. Je n’ai pas forcément quelque chose contre l’injustice, enfin, je veux dire, ça me fout en boule mais elle a toujours existé et existera toujours… Mais dès que des mecs se mettaient à rouler des mécaniques, à s’imposer physiquement, ça me hérissait totalement. Pas parce qu’ils profitaient d’un avantage indéniable par rapport à d’autres personnes supposées plus faibles. Mais parce qu’ils se fourvoyaient totalement se faisant. Ces abrutis étaient si sûrs de leur force, de la puissance de leur colère et de leurs poings, qu’ils en oubliaient leur environnement. Qu’ils ne oubliaient qu’ils n’étaient pas seuls face à une jeune femme esseulée et contrainte par son contrat et sa position à fermer sa gueule. Ils pensaient que les gens tenaient trop à leur contrat, à leur position, à leur salaire. Ils en avaient oublié que dix ans plus tôt, des milliers de types crevaient les tripes à l’air sur des plages grises au nom imprononçables de l’extrême-orient, et que dix ans encore avant ça, la majorité des gens d’aujourd’hui perdaient des parents, des frères et des sœurs, des amis, à cause des épidémies. Ils en oubliaient que leur petite colère ne comptait pas vraiment.


Et que la ville était pleine de mecs bien plus dangereux qu’eux.


Je ne l’oubliais pas, moi. Mais le risque était calculé. Le mec n’avait rien du profil d’un tueur des forces spéciales de marine ou de l’élite aéroportée. Il n’avait rien d’un ganger, ou d’un trafiquant. Ce n’était qu’un connard arrogant et sans doute sexiste. Je relâche le type une fois qu’il a compris qu’il ne l’emporterait pas au paradis, cette fois. Mais la jeune femme, l’une des deux réceptionnistes, me jetait un drôle de regard. Comme si elle se méfiait de moi, de mon intervention. Elle ne veut pas de mon aide pour en finir avec cette histoire. Je hausse les épaules et fais la moue ; je comprenais bien que mon appui ait pu paraître déplacé. Mais je ne m’excuserais pas pour autant.



| Comme vous voulez, je rendais juste service. |


J’avais lâché ça d’un ton naturel, sans me douter sur le coup que cela puisse être mal interprété. Je m’en fichais bien ; c’était la vérité la plus crue et la plus franche que je pouvais sortir dans les circonstances présentes. La jeune femme n’hésite toutefois pas à appeler le mec par ce qu’il était vraiment, lâchant l’insulte à voix haute. Cela nous attira quelques regards de plus, peut être peu habitués à ce langage de la part d’une réceptionniste ? Et elle essaie de me raisonner. Je coulais lentement mon regard vers le sien, n’en croyant pas mes oreilles. Elle s’en faisait pour moi, ou bien, c’était simplement le règlement par la violence qui la rebutait ?


| Désolé. Je ne pensais pas poser problème en réagissant. IL avait l’air à deux doigts de vous faire mal, à vous alpaguer comme ça. Quand à tomber sur quelqu’un qui sait se battre, ça arrivera forcément un jour ou l’autre. Les répercussions, je m’en moque. On n’a pas à se comporter comme ça avec des gens qui sont là pour filer un coup de main. Je ne tiens pas assez à ce travail ou à ma réputation pour laisser un gros con s’en prendre à des filles qui font leur boulot. Si quelqu’un venait me taper sur les doigts pour avoir réagi, il trouvera à qui parler. Mais je voulais pas vous mettre dans l’embarras pour autant ; je ne pensais pas que ça vous poserait problème que j’intervienne. Au cas où on vous demande, du coup, je m’appelle Jean Raulne, je bosse au service connaissance clients et analyse. |


Quitte à ce qu’il y ait rapport, autant qu’il soit bien documenté. J’avais affronté les russes, les chinois, des rebelles et milices de par le monde, et j’avais dû tenir en laisse une bande de plus d’une centaine de psychopathes en puissance. L’administration d’une entreprise privée ne pouvait pas m’angoisser.

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MessageSujet: Re: [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues    [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues  EmptyMer 28 Mar - 22:03

Elle était habituée à que les gens la regarde un peu de travers. Déjà, elle était russe, et cela ne plaisait pas à tout le monde à Europolis, bien qu’elle n’ai jamais choisi de naître à Tchita.  De plus, elle avait un sale caractère et ne mâchait pas ses mots. Elle appelait un chat, un chat, donc un connard, un connard bien que ce soit impoli et vulgaire. Il fallait avouer que ce n’était pas dans un hôpital qu’on apprenait comment devenir un expert en relations sociales. Son frère avait fini par se méfier des gens ; Yulia était simplement un bulldozer qui les écrasait dès qu’on la mettait en route. En échange, elle pardonnait sûrement plus facilement les phrases déplacées, vu qu’elle en faisait sans s’en rendre compte. Tandis qu’elle tentait d’expliquer à son «sauveur» qu’il avait bien agit, mais de la mauvaise façon, il la regarda dans les yeux. Elle ne sut si c’était à cause de l’insulte ou bien de ses explications.  C’est quand les gens la regardaient  de toute leur taille qu’elle se rappelait qu’elle n’était pas spécialement grande. Elle l’écouta attentivement. Elle comprenait ses arguments mais ceux-ci ne lui semblaient pas suffisant.

- Vous avez bien agi, rassurez-vous, Monsieur Raulne.

Elle se demanda la nationalité de ce nom. Peut-être français ou suisse, quelque chose du genre. Elle l’avait d’ailleurs un peu mal prononcé avec son accent de l’est. Cela sonnait légèrement comme «Monsieur Rolené».

- Peut-être juste pas de la bonne façon. Mais après, si vous êtes prêt à subir les conséquences, je ne vais pas vous empêcher de faire comme vous le sentez. Peut-être que ce type aurait fini par frapper l’une d’entre nous, mais mon expérience me dit qu’il jouait juste à montrer qu’il en avait de plus grosses.

Elle haussa les épaules, un peu nonchalante. Elle avait la conviction qu’il aurait fini par céder face à sa détermination. Il y a des imbéciles qui pensent qu’en hurlant fort, ils auraient ce qu’ils voulaient, mais évidemment, cela ne marchait que très rarement. Au pire... Son regard avait légèrement descendu vers le thé, encore brûlant, de sa collègue. Ça dans le visage aurait refroidi ses ardeurs. Même pas besoin d’user ses talents spéciaux. De bons réflexes auraient suffit à soin avis, et elle était d’avis qu’user de son don ici aurait été une mauvaise idée. Il y avait trop de témoins.

- Mais vous savez, je me suis déjà faite virée pour avoir juste bien fait mon travail, parce que une cadre haute-placée ne voulait pas me présenter sa carte et ne comprenait pas que le règlement s’appliquait aussi à elle. Je doute qu’une clef de bras puisse régler le souci dans ce genre de cas, expliqua-t-elle avec un ton pince-sans-rire.

Une connasse, songea-t-elle. Comme quoi, dès que les gens ont du pouvoir entre les mains, ils se permettent de traiter les plus petits avec dédain et condescendance. C’était exactement ce qui s’était passé avec le type. Elle soupira doucement.

- J’espère pour vous qu’on vous en voudra pas. Perdre un travail est un enfer où chaque démon est une paperasse à remplir.

Elle sourit légèrement, gardant son attitude calme et nonchalante. Elle ne prit pas la peine de se présenter. Le monsieur ici présent savait surement lire un badge où il était écrit en caractères épais : «Y. Leskova - Hôtesse d’accueil».
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MessageSujet: Re: [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues    [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues  EmptyJeu 12 Avr - 20:01

J’avais envie de plus, maintenant que l’adrénaline me submergeait. Un temps de retard ; j’étais resté maître de moi trop longtemps pour y succomber d’un coup, et le problème était que la décharge ne s’évacuait plus dans l’activité physique intense et libératrice d’un combat à coups de poing, de tête ou de pieds. L’instinct me saisissait le cœur et me le comprimait ; je le sentais toujours battre mais de façon sourde, étouffée. Le besoin de tuer, lui, remontait depuis mes tripes jusqu’à ma tête, m’engourdissant le cerveau. L’instinct reprenait totalement le dessus, un instinct de survie développé par près de quinze ans de fusillades, de bombardements, de mort à chaque instant. J’avais envie de rattraper ce mec et d’ôter tout danger à vie. Ce serait si facile. Si rapide. Je pouvais faire ça dans les toilettes en moins de cinq minutes. Le problème restait le bruit. Les quelques caméras de sécurité à l’intérieur du site étaient facilement évitables. Ma cravate était assez résistante, sans doute, pour étrangler ce porc sans que je ne laisse d’empreintes sur sa peau. Enflure de merde qui se croyait intouchable. Ce soir, en allant butiner sa petite vieille, ce vieux connard n’aura sans doute pas conscience qu’il n’était pas passé si loin d’une tentative de meurtre dans les chiottes, où sa tête aurait pu finir le temps qu’il arrête de se débattre, pour éviter qu’il ne gueule pendant tout le processus. Je dois inspirer calmement, à grandes inspirations, pour que je fasse un rien refluer ce besoin presque viscéral de poursuivre ce type.


Je fais la moue quand elle me dit que j’ai bien agi. J’ai le sentiment de ne pas avoir fini ma mission. De laisser un job de côté, et de retrouver ma bonne petite vie tranquille. J’emmerde la vie ! Moi mon boulot, c’est la mort, c’est pas toutes ces conneries.



| Dommage pour lui, la petite brunette de l’accueil a montré qu’elle avait plus de couilles. Bref, en tout cas si vous avez besoin de justifier de quoi que ce soit, vous m’appelez. |


De toute manière, qui allait m’emmerder ? C’était ça qui était bien quand on avait un rôle d’ »expert » dans une entreprise et qu’on avait quelques rôles-clefs, comme d’arbitrer en calculs de données le taux de prime trimestriel. Quand vous avez ce genre d’arme entre les mains, en général les gens se dépêchent de se transformer en meilleurs amis. La jeune femme m’explique qu’elle est plutôt coutumière du fait et semble se résigner à ce que les choses finissent toujours par se passer ainsi, d’une manière ou d’une autre. Je note quelque chose dans son accent, maintenant que la tension reflue et que je me concentre un peu plus sur ce qu’elle me dit que sur la mine qu’elle arbore, que sur l’homme qui vient de s’en aller. Elle est russe, ou en tout cas, du nord des pays de l’est. Elle n’a pas le parler plus traînant des ukrainiens, mais il y a ça chez elle, cette petite manière d’avaler un rien certaines syllabes pour en accentuer d’autres. Je n’en montre rien. Les popov, on les avait ou trop démontés, ou pas assez, mais du coup que c’était mort chez eux, ils se retrouvaient chez nous, la plupart jurant leurs grands dieux que jamais ô grand jamais ils n’avaient participé aux folies furieuses de leurs oligarques en asie centrale. J’avais essuyé mes bottes de saut sur le corps des parachutistes qui défendaient le Kremlin au moment de l’assaut final, et bu pas mal de pinard des caves que ces fils de pute avaient accumulé au fil des décennies et on avait perdu pas mal de gars là bas, mais moins que contre le Dragon Rouge.


| Ca dépend, on encaisse ou on se bat, mais c’est pas la moins bonne période pour retrouver du boulot. Ca fait longtemps que vous bossez pour la boite ? |

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MessageSujet: Re: [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues    [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues  EmptyDim 22 Avr - 0:40

Elle dévisagea l’employé tandis qu’il semblait un peu absent, puis se rendit compte que ce n’était peut-être pas très poli. Peut-être qu’au final il ne comprenait pas trop l’intérêt de ce qu’elle disait. Elle haussa intérieurement les épaules. Elle donnait son point de vue mais ne forçait personne à l’appliquer. Elle n’avait jamais cru en une vérité unique et inébranlable. La vérité était un concept trop changeant mais que tout le monde osait brandir à tour de bras pour montrer la supériorité de son avis.
Elle ne put s’empêcher de rire légèrement quand il lui confia qu’elle avait bien démontré sa supériorité testiculaire face au lâche qui les avait agressées.

- Il en faut malheureusement pour survivre dans ce monde fou, expliqua-t-elle simplement. Il faut dire que sortir du cadre ultra-protégé d’un hôpital pour se retrouver en plein conflit. le bruit des balles et des fusillades, le stress de se réfugier dans un abri n’étaient pas si loin au final. Elle, elle les avait déjà vu ces corps criblés de balles partout, ces familles soufflées par les bombes incendiaires. Et ces pensées terribles : «tant mieux, au moins ce n’est pas sur moi que ça tombe». Son sourire tomba dans une note un peu amère, qui disparut rapidement pour retrouver son expression nonchalante.

- C’est noté en tout cas. Ma collègue et moi-même n’hésiterons pas faire appel à vous. Au sens propre, vous que nous avons votre ligne enregistrée.

L’autre femme commençait un peu à la regarder de travers au fur et à mesure que les appels commençaient à reprendre, pourtant Yulia ne se laissa pas démonter pour autant et continua à bavarder avec l’analyste. Elle lui raconta l’histoire de son travail précédent, qui s’était mal terminé... Heureusement, l’époque lui avait vite permis de retrouver un travail. Elle réfléchis un temps, ses pupilles vertes allant le temps du seconde vers le plafond tandis qu’elle comptait mentalement.

- Dix-huit mois si je compte bien. J’étais réceptionniste ailleurs avant, puis encire avant... encore ailleurs. - Un temps - J’ai toujours fait ça en fait, conclut-elle. C’était le premier travail qu’elle avait trouvé à Europolis grâce à sa bonne maitrise de l’anglais et son côté indémontable. En gagnant de l’expérience, elle avait vogué vers des entreprises de plus en plus grosses, là où les vagues la guidait vers une meilleure opportunité. Ce n’était peut-être pas le meilleure métier du monde, mais il lui donnait un salaire et c’était tout ce qu’elle demandait. Un salaire, c’était avoir un toit chauffé sur la tête et de la nourriture fraîche dans le frigo. C’était tout ce qu’elle demandait.

- Et vous, vous êtes là depuis longtemps ?

Simple curiosité. Elle n’avait pas l’impression de le croiser souvent, mais en même temps dans la marée humaine de costumes et de tailleurs gris, noirs, beiges, bleus marine qui arrivaient chaque matin et partait chaque soir, elle avait peu de chances de reconnaitre un visage. Il aurait fallut qu’il aie le charisme surnaturel d’un vampire ou d’un elfe pour ça. Elle ne sut pourquoi elle se rappelait immédiatement des livres de fantasy qu’elle avait lu.
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MessageSujet: Re: [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues    [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues  EmptySam 28 Avr - 22:10

Avoir des couilles. C’était supérieur à tout. Aux compétences et à l’expérience. Bien sûr, dans neuf cas sur dix, savoir manier un flingue était supérieur à l’envie de le manier. Ou avoir abattu une cinquantaines de cibles étaient mieux que d’en avoir abattu zéro. Il n’en restait pas moins que sans la volonté, sans le courage et l’abnégation, vous ne pouviez rien faire. La jeune femme me confirme qu’elle ne peut pas faire autrement que montrer ce courage dans un monde pareil. Je comprends, oui. Tandis qu’elle me dit ça, je me dis vraiment de plus en plus qu’elle est russe. Ou Kazakh, peut être ? J’avais déjà entendu ce genre d’accent dans les unités du centre de la Russie, pas de l’extrême Orient mais clairement pas l’accent de Moscou. Etais-je un spécialiste ? Non. Finalement les russes, je les avais assez peu entendus parler. Hurler, plus souvent quand même. J’avais entendu plus de borborygmes ineptes que de phrases toutes faites. Donc non. La nana pouvait venir de Vladivostok ou de St-Petersbourg, que je ne pourrais être sûr de rien. Je hoche la tête, sans rebondir. A quoi bon le dire ? La jeune femme vérifie et me dit qu’elle n’hésitera pas à faire appel à moi.


| Ca marche. Essayez plutôt sur mon portable au besoin, je suis jamais au bureau et de toute façon, on n’a qu’un fixe pour toute l’équipe. |


Tout se faisait par messagerie instantanée maintenant, de toute manière. Ou par appel vidéo. Je note que la collègue de la nana qui s’est pris la tête avec le connard commence à la regarder de travers. Je comprends que je gêne, que ce n’est pas franchement le bon moment et que je commence à empiéter sur leur activité. Je savais que je devais dégager. La bataille était terminée, donc forcément, ça reste difficile pour elle de me virer. Parce que je viens de l’aider, donc la politesse l’empêche de me faire comprendre que je dois partir. Mais je le comprends. Je sais bien que nous sommes tous soumis aux impératifs du devoir, même si celui-ci ne recoupe pas les mêmes réalités qu’autrefois. Elle me dit que ça fait un an et demi qu’elle est là. Et qu’elle a toujours fait ça. A Europolis, c’est ce que je comprends. Avant, peut être pas. Elle me demande si ça fait longtemps que je suis là. Je lui fait comprendre ce que je suis. Elle est loin d’être conne.


| Ca fait six ans. Après ma démobilisation. |


C’était de notoriété commune que beaucoup d’employés de l’entreprise sont d’anciens soldats. Mais il faut entre six et dix amdinistratifs et soutiens pour un mec au front. Elle sait donc que j’ai peut être compris à son accent qu’elle était russe. Et elle, elle comprend en sus que je ne suis sans doute pas intervenu par hasard. Je ne peux pas me donner en spectacle plus longtemps, malgré tout, car je commence à gêner du monde. Je hoche la tête. Fantôme de sourire au coin des lèvres.


| Bien. Je vais vous laisser. J’en ai assez fait pour aujourd’hui, je pense. A la prochaine ? Souhaitez que non, il ne faudrait pas que ça devienne une habitude… Pour vous, comme pour moi. |


Sinon, quelqu’un crèverait pour pas grand-chose, à force.
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MessageSujet: Re: [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues    [Livre 1 - Terminé] Ne pas faire de vagues  EmptySam 19 Mai - 12:12

Elle hocha la tête quand l’employé précisa qu’il était plus joignable sur téléphone , ignorant un peu sa collègue qui la sommait, par son regard noir, de se remettre en poste. Elle savait qu’elle avait tout à fait raison car sa pause déjeuner était désormais terminée et que l’entreprise allait désormais recevoir quantité d’appels et de rendez-vous. Il était rare qu’elle glande lors de son travail, alors elle pouvait bien attendre cinq minutes ! de plus, elle n’allait pas virer à coup de pied aux fesses quelqu’un qui les avait aidé gracieusement. Il n’empêche que les signaux de l’autre femme semblait parvenir jusqu’à l’employé. Yulia commençait à sentir comme un léger empressement de sa part. Pourtant, cela ne l’empêcha pas de continuer la conversation, répondant à ses questions, notamment sur depuis combien de temps elle travaillait ici. Elle lui retourna la question, et la réponse ne la surprit pas vraiment. Beaucoup de gens avaient été soldat, et les cicatrices de la guerre étaient encore récentes pour tout le monde. Elles le seraient à vie. Elle se remarqua qu’elle avait été sûrement un peu naïve de croire qu’il avait été juste entrainé au sport ou autre. Un homme de cet âge étaient sûrement parti, comme beaucoup d’hommes et femmes, batailler contre son pays. Elle n’en voulait pas aux soldats. Cette folie n’étaient pas de leur faute, uniquement celles de leurs gouvernements qui les ont envoyés sur le champ de bataille pour se salir les mains à leur place. Folie, car il n’y avait jamais de vrai gagnant dans une guerre. La seule victoire était pour la Mort et la Désolation. On leur promettait la gloire et la reconnaissance du pays, mais il n’y gagnait que le traumatisme moral d’avoir tuer des êtres humains par dizaines. Même sous les tirs de balles, elle été arrivé à se souvenir que chaque soldat était un être humain, cordé au cou par un gouvernement qui pourrait s’en prendre à eux ou leur famille en cas de refus ou de désertion. Non, elle ne serait jamais de ces gens qui crachent sur leur ancien ennemi, car elle savait que le monde n’était que des nuances de gris, et non en noir et blanc. Peut-être que lui n’était pas pareil. Les soldats étaient plus enclins à ce genre de rancoeur irrationnelle à force de voir des camarades tomber au combat. Elle ne cachait jamais le fait qu’elle était russe, et ce trimballer avec un tel accent à Europolis était parfois s’attirer des foudres injustifiées.

L’analyste marketing signa finalement sa révérence.

- Au plaisir. Vous n’êtes pas obligé de revenir pour forcément tabasser des types malpolis... Laissez-moi le plaisir de les recadrer comme il se doit. J’ai un certain talent dans ce domaine, il faut bien que je le mette en pratique, plaisanta-t-elle finalement.

Elle se réinstalla à son poste quand ce dernier s’éloigna. Elle soupira quand elle voyait qu’en à peine quelques minutes, sa pile de mails avait doublée.

[Terminé pour moi ^^]
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