Quelques jours en arrière, la jeune femme avait rencontré un homme, un certain Andreï. Cet homme lui avait paru très vite dangereux pour une raison très simple et évidente. Ce dernier s’intéressait au réseau de Keaton, c’était ainsi qu’il l’avait retrouvé. Si elle avait espéré ne plus jamais entendre le nom de Griver, cela lui avait fait froid dans le dos de l’entendre l’appeler ainsi. Un frisson d’horreur avait parcouru son dos alors qu’il avait commencé à lui poser des questions sur les membres du réseau, les clients récurrents, les filles qui étaient sous la coupe de Keaton. Evidemment, Kate ne lui avait pas donné les informations comme ça. Il faut dire qu’elle s’était totalement détachée de tout ça, elle ne s’était pas souciée de ce qui avait pu arriver aux autres filles. Se replonger dans son passé l’avait fait réaliser que peut-être les autres ne s’en étaient pas sorties aussi bien qu’elle. Evidemment, la nuit qui avait suivi avait été désastreuse. La brune avait hésité à en parler à sa mère mais elle l’imaginait déjà s’emballer, s’énerver et vouloir raser la ville pour éliminer cet individu qui se renseignait sur son passé. C’était tout de même étrange, six ans après, que quelqu’un s’intéresse de nouveau à ce réseau qui avait disparu. Y aurait-il des survivants au carnage de la tueuse qui se cacherait derrière tout ça ? Avant d’en parler à Fallon, la jeune femme avait décidé de commencer par enquêter de son côté, de récolter des informations sur ce Andreï, ses projets, son réseau potentiel. Si ce jeune homme voulait faire renaître de ses cendres l’organisation de Keaton, il ne s’était pas du tout adressé à la bonne personne.

C’est déterminée que la brune sortit ce soir non sous les traits de Venom mais habillée de manière classique, en noir et confortable. La seule différence, c’est qu’elle était belle et bien équipée en matière d’armes comme elle le ferait sous son visage de justicière, juste au cas où. Ce soir elle allait faire du repérage du côté des combats clandestins. C’était un lieu où quasiment tous les hors la loi passaient de temps en temps, échangeant des informations en plus de participer aux paris pour essayer de remporter un peu plus de frics. L’étudiante y traîna pendant deux bonnes heures sans entendre une seule fois le prénom d’Andreï ni l’apercevoir. Elle finit par lâcher l’affaire et quitta les lieux, décidée à rentrer chez elle. Mais sur le chemin du retour, la jeune femme repensa à une des élèves de Lily avec qui elle avait discuté récemment. Nina était venue se confier à elle pour essayer de comprendre le principe des combats illégaux, des combats sans règle. Intriguée, Kate avait gratté jusqu’à découvrir qu’il s’agissait de son grand frère, Stan, qui s’entraînait dans une autre salle de Coal District. Jusque là, rien n’était alarmant, la salle d’entraînement de Lily était réservée aux femmes. L’élève était inquiète pour son grand frère dont les entraînements de jour se passaient très bien. Mais parfois, elle le voyait rentrer tard le soir, le visage boursouflé par les coups qu’il avait pris. Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi son grand frère agissait de la sorte.

Alors faisant un détour sur le chemin pour rentrer chez elle, l’étudiante arriva rapidement à la fameuse salle de combat. Et si la porte d’entrée était verrouillée, elle entendait bel et bien du bruit à l’intérieur. Sortant son petit couteau, la belle n’eut pas de mal à forcer la porte et a pénétré les lieux. Le bruit qu’elle entendit était surtout celui d’un combat. L’assemblée n’était pas nombreuse, ces réunions semblaient se faire en comité restreint. Au début, Kate ne fit qu’observer jusqu’à ce qu’un homme vienne la voir en mode pas très content. Evidemment il voulait la pousser à partir.

Hey mais qu’est-ce que tu fais là ? C’est privé.

Oui ça je sais. Je viens voir Stan.

Stan ? Mais t’es qui toi ?

Une amie de sa soeur Nina.

Stan n’est pas là ce soir de toute façon.

Etrangement, une tête s’était tournée vers eux, probablement le dénommé Stan. Ce dernier s’approcha alors d’eux.

Qu’est-ce qu’elle fout là celle-là ?

C’est ta soeur qui m'envoie et je ...

La voix lui manqua. Kate venait de poser le regard sur le ring et les deux opposants, reconnaissant aisément son petit ami sur le ring. Que faisait-il ici ?

Que fait Henry ici ?

Je croyais que tu venais pour Stan. Tu lui veux quoi à Henry ?

Je veux qu’il ne me voit pas tant qu’il a pas fini son combat et que vous me disiez ce qu’il fout ici.

Il s’entraîne avec nous depuis un petit moment. Qu’est-ce que ça peux te faire ?

Ca me fait que c’est mon copain et que celui qui essaye de me foutre dehors je le décalque.

Comment tu connais ma soeur d’ailleurs ?

Je suis sa prof de self défense ...

Son regard restait fixé sur les deux opposants qui allaient entamer leur combat. Son coeur s’était mis à battre à cent à l’heure tandis que son cerveau ne cessait de soulever des questions sur le pourquoi du comment de la présence de l’écrivain en ces lieux.

Qu'est-ce que je fais là ? Je n'étais même pas totalement sûr de le savoir moi-même mais une chose était certaine, je me sentais à ma place. Je n'avais jamais été un combattant, en fait avant de rencontrer Kate je n'avais jamais ressenti le besoin d'apprendre à me battre, de savoir me défendre. Voilà comment je me retrouvais dans cette salle de sport, quelques heures après la fermeture. Tout avait commencé avec l'agression de Kate pour me faire réagir, en avait découlé une volonté de ma part d'apprendre à me battre et me défendre. Je ne voulais pas apprendre à me battre et me défendre contre Kate mais bien contre n'importe quel agresseur potentiel, cela voulait dire qu'il me fallait affronter d'autres adversaires. Alors j'avais trouvé une salle de sport dans laquelle se trouvait un ring, n'importe qui pouvait y monter et affronter celui qui voudrait bien. Pendant la journée ces combats se passaient avec tous les équipements de protection nécessaires pour ne pas se faire trop mal. Gant pour les mains, casque sur la tête, protège-dents. Il en allait de même pour les règles : interdiction de continuer le combat si l'autre est KO, on arrête si l'adversaire abandonne, on n'utilise pas les genoux pour frapper à la tête, interdiction des coups bas, bref un monde encadré et correct où chacun pouvait s'affronter sereinement et tranquillement en sachant qu'il n'encaisserait pas trop. Ce n'était pas comme ça qu'un combat dans la rue aurait lieu, que je pourrai apprendre à aider Kate dans ses sorties nocturnes. Il fallait que j'aille plus loin, il fallait que je prenne de vrais coups pour savoir les gérer, que je sache combien ça faisait mal de cogner quelqu'un sans gant et protection. Alors quand Stan, un participant contre qui je m'étais battu un après-midi, m'avait parlé des séances nocturnes, j'avais accepté de venir.

C'était mon deuxième soir. Le premier soir se battre était obligatoire, je m'étais battu contre un autre mec dont c'était la première fois, ça n'avait pas franchement été très intense ou très violent. Lui avait peur, il avait été agressé par trois mecs en sortant d'un bar, il avait peur de prendre un coup, le combat avait duré sans que rien ne se passe et il avait abandonné. J'avais compris mais pour un premier combat ça n'avait été ni intense, ni intéressant. Ce soir j'espérais bien avoir un vrai combat, contre un mec plus expérimenté, plus fort, pour découvrir un peu plus ce à quoi j'allais m'exposer si je décidais d'épauler ma petite amie dans ses sorties. Il demeurait toutefois des règles dans ces combats. Même si en les organisant le soir, le gérant de la salle s'affranchissait de certaines règles, il en gardait d'autres, pour sa propre sécurité. Evidemment c'était aussi rentable pour lui. 5 eurodollars par participant et par soir pour une quinzaine de participants chaque soir du lundi au vendredi. Ca faisait un petit pactole. Le dentier reste obligatoire, on ne frappe pas un mec KO, on protège ses phalanges avec des bandes, on arrête si l'autre abandonne, pas de coups bas. Pour le reste, tout était faisable et si les participants voulaient plus de protection, le matériel de la salle était à disposition. C'était rarement le cas. Les contrevenants aux règles se faisaient rembarrer avec interdiction de participer et ça valait autant pour celui qui ne met pas son protège-dents que pour celui qui cogne un mec hors d'état.

Alors quand je grimpe sur le ring, je n'ai pas peur pour les règles et le combat. L'homme en question est un habitué, l'un des premiers participants de ces combats. J'avais discuté avec quelques uns des présents, tous avaient une raison d'être là autre que de devenir plus fort. Ce n'était pas un Fight Club dont le but était de s'endurcir pour devenir le plus grand guerrier que la terre avait connu. Mike, debout sur le ring, est là parce que sa femme et lui ont été agressés, qu'il n'a pas su la protéger. Je suis là pour pouvoir défendre ma petite amie tout comme lui. Nigel qui me souhaite bon courage est là parce qu'il a toujours été l'intello binoclard et qu'il en a eu assez de toujours se faire marcher dessus. Clara qui a encore un peu peur de monter dans le ring mais qui finira par le faire est infirmière, elle a eu la peur de sa vie en se faisant prendre en otage par un patient-délinquant blessé, apprendre à se battre la rassurait. Personne n'était là pour devenir le plus grand guerrier de tous les temps.

Le combat s'engage après que nos gants se soient rencontrés. Je tente d'attaquer de suite, me souvenant de ce que Kate m'a dit, prendre l'avantage si c'est possible, surprendre l'adversaire. Malheureusement pour moi, Mike a plus d'expérience que moi, il vient tous les soirs, j'aurai dû me méfier d'avantage, j'en paye le prix immédiatement quand son poing s'écrase sur mes côtes après une esquive trop facile pour lui. Je grimace, merde, faut que je me reprenne et putain ça fait mal, un peu comme quand Kate m'avait agressée … en moins pire, je m'y attendais mais ça reste douloureux. Je me reprends rapidement, je parviens à le surprendre un coup à l'estomac, sa parade tardive m'offre une ouverture vers son épaule et je la prends. Pas trop mal, j'ai réussi à le toucher au moins. Peut-être trop heureux de l'avoir touché, j'en oublie de me méfier, je relâche ma garde, persuadé qu'il allait reculer un peu pour se remettre mais non, il frappe à nouveau, mon estomac se contracte sous l'impact et je souffle bruyamment. Merde … Faut que je me concentre. Kate me l'a déjà fait remarquer, je ne dois pas penser et imaginer ce que je ferai à la place de l'adversaire, je dois réagir en fonction de ce qu'il fait réellement. Allez, concentre-toi, merde.



Par courtoisie pour ma partenaire, je ferai avancer le combat par tranche de deux jets de dés à chaque fois. Compte-tenu du contexte, Mike (l'adversaire) sera considéré comme un A&P avec 6 points de baston et  lancera des dés A&P+

Mike : 4 Points de Baston avant de tourner de l’oeil
VS
Henry : 4 Points de Baston avant de tourner de l’oeil

Le membre 'Henry Watford' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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#1 'FK Combat Rapproché' :


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#2 'A&P+Combat Rapproché' :


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#3 'FK Combat Rapproché' :


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#4 'A&P+Combat Rapproché' :

Si Kate était venue trouver un club de combats clandestins gentillet où le grand frère de son élève se prenait des mandales, elle ne s’attendait très certainement pas à apercevoir le beau brun dans la salle, et encore moins sur le ring. Concentrée sur son petit ami, elle se décala tout de même pour que son corps soit totalement dissimulé par celui de Stan. Seul le haut de sa tête dépassait de son épaule pour observer le ring avec attention. Le début du combat fut donné et Henry commit sa première erreur. voulant prendre l’avantage par la rapidité, il en avait oublié de dissimuler ses intentions laissant le champ ouvert à son opposant pour esquiver voir riposter. Les yeux de la jeune femme se fermèrent sous l’effet du coup que les côtes de l’écrivain venait d’encaisser. Ne pas être celle qui lui donnait faisait qu’elle n’avait aucune indication sur la force que son adversaire avait mis dans ce coup. Ce qu’elle apprécia par contre, en dehors des coups, c’était de l’observer évoluer dans un combat d’un point de vue extérieur. Le garçon semblait avoir envie de se battre sans avoir envie de gagner. Il n’avait pas la hargne, il n’avait pas la peur aux tripes qui lui dictait des coups fracassants. Il ne faisait qu’agir comme un homme qui s’entraînait tout simplement, sans aucun enjeu derrière.

Toi t’es prof de self défense ? Pourquoi Henry viendrait ici alors s’il est avec toi ? Tu es en train de nous dire n’importe quoi.

Parce que si t’étais moins bête tu saurais que plus on a d’instructeurs différents, mieux on apprend.

Répète un peu ...

Stop Nico, laisse nous s’il te plait.

Le phénomène s’éloigna d’eux non sans rouspéter alors que l’étudiante vit le jeune homme encaisser un nouveau coup dans l’abdomen. Une grimace se dessina sur le visage de la belle. Elle n’aimait pas le voir ainsi même si cela pouvait être nécessaire. Mais surtout, elle lui en voulait de ne lui avoir rien dit. Pourquoi diable lui cachait-il une telle chose ? Elle préférait clairement le voir dans ce genre de “combats clandestins” que dans ceux d’où elle revenait où les mecs étaient sans pitié et que la seule règle était de ne pas tuer ou tout du moins d’essayer de ne pas tuer. Stan reprit la parole.

Alors tu es Lily ?

Non Lily est la propriétaire de la salle. Elle n’est plus apte à assurer la partie physique de ses cours actuellement alors je la remplace comme je peux.

Et pourquoi ma soeur t’aurait-elle parlé de moi ?

Le jeune homme semblait blessé, comme s’il espérait que sa petite soeur ne sache rien ou vienne lui parler. Kate n’était pas là pour mâcher ses mots.

Peut-être parce qu’elle s’inquiète de voir son grand frère rentrer le visage défoncé ? A ton avis, ça te ferait quoi si c’était elle qui rentrait dans cet état ?

Et c’est bon t’as pas à me faire la morale.

La brune leva les yeux au ciel. De toute évidence, l’autre gars ne cessait de les épier et commençait à être sérieusement énervé par le comportement de la belle qui était venue s’imposer à eux.

Ta soeur s’inquiète pour toi. Elle sait que je suis du quartier donc elle m’a demandé si cette salle me disait quelque chose. C’est moi qui suis venue de mon plein gré pour voir ce qu’il se tramait et à quel point tu prenais des risques. Je n’ai pas l’impression que tu joues ta vie ici donc je pourrais au moins la rassurer un peu.

Tu .. Tu sais ce qu’il lui est arrivé ?

Oui à peu près.

Alors tu sais pourquoi je fais ça !

Tout le monde se retourna pour les fixer tant Stan c’était un peu emporté. La jeune femme avait fait en sorte de ne pas être visible du tout pendant plusieurs secondes histoire de ne pas déconcentrer son combattant. Fusillant du regard Stan pour cette maladresse, elle reprit :

J’étais là pour faire passer un message. Si elle prend des cours de son côté ce n’est pas pour rien alors encourage la aussi dans cette voie. Si tu n’arrives pas à temps, cela ne servira à rien que tu saches te battre.

Je … Je vois ce que tu veux dire. Tu sais que Henry est là par ma faute ?

Henry est là parce qu’il l’a décidé.

Il en était de même pour Henry et elle après tout. Si le chauffeur avait décidé de rien lui dire, il y avait sûrement une raison mais la brune était incapable de comprendre pour le moment. Toujours aussi attentive à ce qu’il se passait sur le ring, elle comptait bien aller discuter deux secondes avec le gérant de la salle qui semblait présent une fois que le match aurait pris fin.

J'avais eu un long débat avec moi-même pour savoir si je devais parler à Kate de ce que je faisais, de ces sorties pour m'entrainer. Finalement après une longue délibération avec moi-même, j'avais pris la décision de ne surtout pas lui en parler. Je voulais que ces combats soient mes entrainements à moi et à personne d'autre, je voulais garder ces entrainements de façon égoïste. Je sais que lui en parler n'aurait pas changé grand chose, qu'elle aurait peut-être même accepté cette idée tant que je lui revenais entier et si possible en bonne santé. Je ne voulais pas tant lui cacher que je m'entrainais que la façon dont je le faisais. Si je lui dis que je monte dans le ring d'une salle de sports avec plein de règles et d'équipements de protection elle va me dire que c'est très bien. Si je lui dis que c'est quand la salle de sports est fermée pour s'affranchir des protections et des règles, elle ne va pas apprécier c'est inévitable. Voilà pourquoi j'avais choisi le silence. C'était d'autant plus facile de lui cacher que j'avais décidé de ne participer que lors de ses aventures sous le visage de Venom, de cette façon, tandis qu'elle va jouer les héroïnes pour sauver la ville, je m'entraine dans le but, un jour, de pouvoir l'accompagner quand je me sentirai prêt. Kate n'aurait pas son mot à dire dans cela. Je l'accompagnerai quand j'aurai décidé que je suis prêt. Pas quand elle l'aura décidée ou le voudra bien, que je me sentirai prêt. La bonne nouvelle pour elle est que je doute encore énormément de moi au moment de me battre. J'avais dépassé la peur de me battre la fois dernière en y étant obligé mais je devais encore dépasser mes doutes. Or ma petite amie me savait en pleine période de doutes et d'hésitations alors je n'étais pas prêt de vouloir sortir avec elle sauver la ville ou ses habitants.

Dans le ring je sais que je ne dois pas avoir de doutes, que la moindre hésitation peut donner l'avantage à mon adversaire, que je dois donc faire attention, me méfier et surtout ne pas craindre de prendre l'avantage et l'exploiter. Tout ça, ceux sont des choses vues et revues avec Kate dans nos premiers affrontements, lors de nos premiers entrainements mais je devais encore apprendre à les utiliser avec d'autres personnes. Tout comme je devais encore apprendre à me battre contre des inconnus, comme c'était le cas ce soir avec Mike. Dans la rue, les hommes et femmes que Kate combattaient étaient tous des inconnus, qui savaient plus ou moins se battre, qui étaient plus ou moins dangereux seulement avant de commencer le combat, ma petite amie n'en savait rien. Comme moi ce soir avec Mike. Je ne doutais pas qu'il soit plus fort que moi, il était définitivement mieux entrainé, un avantage que je m'attendais toujours à concéder à tous mes opposants pour une simple raison : je débute dans les combats. Cependant en acceptant déjà ça, et selon Kate, je serai plus attentif, mieux sur mes gardes et c'était une excellente chose. Maintenant il ne me restait que le plus difficile à faire : tenir tête à Mike. Je ne rêve pas d'une victoire, la défaite semble l'issue la plus logique mais la fatalité et moi on ne s'aime pas trop … Du moins pas quand j'ai décidé de m'entrainer, pas quand il est question de pouvoir protéger Kate un jour ou l'autre si le besoin se faisait sentir.

Non, il n'y aurait pas de quartier, j'allais me donner à fond même si mon début de combat ne semble pas l'indiquer. Ce n'est pas comme quand Kate m'a agressée, mes coups ne sont pas aussi ardents que celui que j'avais tenté de décrocher à mon agresseur et c'est logique quelque part, je n'ai pas peur pour ma vie. Je ne crains pas qu'il m'arrive quelque chose, du moins peut-être pas autant que je le devrai. J'avais goûté à un KO avec Kate, je n'avais pas envie d'y retourner mais ce n'était pas la même peur que celle qui m'avait envahi quand j'avais cru ne plus revoir ma petite amie. Je sais que je la reverrai, qu'importe l'issue de ce combat. Il fallait déjà que j'apprenne à marcher avant de vouloir courir et c'était ce que je faisais sur ce ring. Je ne sais pas si l'un de nous a pris l'avantage, je m'en moque, je veux me donner pleinement et les quelques coups encaissés me donnent envie de faire mieux, je ne peux pas continuer ainsi. Ca n'est pas digne des enseignements de Kate. Elle m'a appris tellement mieux. Ou alors j'étais mauvais élève. Je chasse cette pensée d'un petit mouvement de tête, sur le combat, il faut se concentrer sur le combat. Laisser mon esprit être au moment présent, ne pas vouloir anticiper l'adversaire selon ce que je crois mais ce que je vois. Bref, me battre comme Saint-Thomas.

Le coup à l'estomac m'avait fait reculer un peu mais je repasse à l'attaque, ne pas laisser à l'adversaire l'opportunité d'appuyer un avantage. Alors je me lance, je surprends Mike dans mon enthousiasme soudain à frapper … ou pas ? D'accord je parviens à le toucher à l'estomac mais à peine l'impact arrivé j'ai la sale impression que je viens de me faire attirer. Il en faut de peu pour que ma tête évite son genou et heurte douloureusement mon épaule, me faisant reculer en portant ma main à cette dernière. Bordel, ça fait mal. Que disait Kate déjà ? Ah oui, cacher sa douleur. Je fais tourner un peu mon épaule, sans grimacer, l'air de rien, comme si tout allait bien. Et puis je m'apprête à m'élancer mais je m'arrête. Eclat de voix, je tourne la tête, Mike aussi, deux personnes qui discutent un peu fort, Stan qui est une raison pour laquelle je suis là et … Kate ? Putain … Kate ? Mais comment elle a su ? J'en perds ma concentration et Mike en profite pour attaquer, par chance pour moi j'ai le réflexe nécessaire pour éviter son attaque, il ne semblait pas s'y attendre vu ma distraction, j'en profite immédiatement, nouveau coup à l'estomac qui le fait reculer. Ma concentration est en dents de scie, Kate est là … Qu'est-ce qu'elle fout là ? Merde … Ca va être ma fête.




Par courtoisie pour ma partenaire, je ferai avancer le combat par tranche de deux jets de dés à chaque fois. Compte-tenu du contexte, Mike (l'adversaire) sera considéré comme un A&P avec 6 points de baston et lancera des dés A&P+

Mike : 2 Points de Baston avant de tourner de l’oeil
VS
Henry : 2 Points de Baston avant de tourner de l’oeil

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#2 'A&P+Combat Rapproché' :


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#3 'A&P+Combat Rapproché' :


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#4 'FK Combat Rapproché' :

La brune s’était rendue compte que son petit ami semblait se donner à fond, à son niveau. Mais cela était encore loin d’être suffisant pour affronter ce qu’il pourrait croiser dehors. Ses réflexes s’étaient améliorés, l’esquive tardive qui lui avait fichu la trouille en était la preuve. Ce coup là dans son visage aurait fait de sacrés dégâts. Il s’en serait probablement pas relevé. Plus le temps passait et plus elle avait cette envie qui la démangeait, celle de monter sur le ring pour casser la figure à celui qui frappait le jeune homme. Même si cela restait un entraînement de plus, imaginer qu’on puisse lui faire du mal la terrorisait. Alors là, le voir en direct encaisser les coups, impuissante, c’était horrible. Elle comprenait un peu mieux maintenant pourquoi Fallon n’avait pas voulu l’entraîner au début. La frapper, avoir le dessus en sachant ce qu’elle avait vécu n’avait pas dû être si évident, même pour une professionnelle comme elle. Alors forcément, pour la jeune femme, voir l’écrivain encaisser les coups voir lui donner elle même n’était jamais une partie de plaisir. Elle s’en voulait encore énormément du coup qu’elle lui avait joué, de la simulation d’agression qu’elle avait orchestré. Si après coup, elle s’était rendue compte que cela avait tout de même eu du bon, elle ne pouvait s’empêcher de regretter son geste, de vouloir remonter le temps pour effacer tout ça. L’étudiante avait porté un sacré coup au moral du garçon qui n’était pas allé en s’arrangeant par la suite avec la libération du meurtrier de Sarah.

Henry semblait tout de même un minimum concentré. Mais sa vie n’était pas en jeu et ça se voyait. Il n’avait pas les tripes, il n’avait pas la hargne, il n’était pas un survivant mais simplement un homme qui échangeait des coups avec un autre. C’est à ce moment là que son interlocuteur décida de les faire remarquer de manière stupide. Kate avait réellement envie de frapper Stan. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête d’élever la voix ainsi ? Se précipitant derrière le grand gaillard, son regard croisa tout de même les prunelles noisettes qu’elle connaissait si bien. Merde, l’écrivain l’avait repéré, elle en était sûre. Se décalant de nouveau pour l’observer, son attitude avait changé. Putain il était en train de se laisser déconcentrer, c’était alors certain qui l’avait vu. Cela voulait dire aussi qu’elle n’avait plus besoin de se cacher. Alors qu’elle allait s’élancer, Stan lui attrapa le bras, se faisant fusiller pour la seconde fois par la jeune femme.

Tu vas où comme ça ?

Il m’a vu donc il va être déconcentré.

Je veux bien que tu sois jolie mais quand même ...

Rien à voir alors économise ta salive. Je n’étais pas au courant qu’il s’entraînait dans une salle, encore moins ainsi la nuit.

D’un coup sec, elle se libéra de sa prise et avança, changeant d’objectif par la même occasion. Kate s’approcha de celui qui semblait superviser les lieux.

C’est vous le responsable ?

Euh oui mais … elle fait quoi ici elle ?

Je viens pas vous faire des remontrances ou vous balancer, expliquez-moi vos règles.

Continuant d’observer le combat, espérant que le beau brun se reprenne et arrête d’être stupidement diverti. Son pouvoir était censé lui donner un avantage hors du commun. Seulement son petit ami n’avait pas suffisamment confiance en lui, il manquait de certitudes et d’audace. Il avait encore du chemin à parcourir pour être d’aplomb. Mais le jour où il cesserait de se battre comme il ferait une bataille de polochon et qu’il mettrait sa vie en jeu dans chaque combat, même en entraînement, alors il gagnerait en puissance et en efficacité du tout au tout. Ecoutant le responsable, commentant parfois ses propos d’une phrase ou deux, les yeux de la brune ne quittaient pour autant pas le ring et surtout l’écrivain. Non seulement elle avait un joli point de vue en tant qu’entraîneuse mais aussi en tant que petite amie. La jeune femme entendait son premier interlocuteur, le fameux Nico, en train de se plaindre de son côté de l’intrusion de la belle. La façon dont il jetait des regards à la seule fille de leur groupe en disait long. Malgré ce qu’il se passait aujourd’hui dans les rues d’Europolis, beaucoup restaient des hommes imbus de leur personne qui pensaient qu’une femme ne pourrait pas être en mesure de se défendre face à un homme, même préparée. Ils étaient tellement loin de la réalité des choses.

La présence de Kate m'avait un peu perturbée, j'en avais perdu le fil de mon combat et tandis que je me sentais plutôt en bonne position, prenant la main sur mon adversaire, je m'étais laissé déconcentré. L'assaut rapide de Mike m'avait forcé à revenir dans le combat et j'avais réussi une esquive réflexe pour ne pas encaisser le coup qui m'était destiné. Ainsi le combat était comme relancé mais je savais que je n’avais plus la main malheureusement, je ne blâmerai pas Kate évidemment mais nous allions devoir discuter après cela. Est-ce qu'elle me suffisait ? Comment avait-elle su que j'étais là ? Un truc technologique avec mon téléphone portable pour me localiser ? J'avoue que la voir me surprenait et me faisait m'interroger sur ses motivations, sur la raison de sa présence, si elle était là pour moi alors nous allions devoir discuter. A réfléchir je risquais de perdre le fil de mon combat, les coups que j'arrive à porter à Mike pour le faire reculer me permettent de me reconcentrer, de faire le vide et surtout d'entamer une lutte contre moi-même. Ne pas tourner la tête, ne pas vouloir regarder à nouveau dans la direction de ma petite amie, rester dans mon combat et seulement dans mon combat. Ca semble tellement simple à faire. Dans un anime le héros fermerait les yeux le temps d'un battement cil et les ouvrirait avec un regard perçant à glacer le sang du méchant qui veut détruire l'univers. Seulement nous ne sommes pas dans un anime et je ne me voyais pas faire cela et franchement … ça ne marcherait pas. Si je voulais me concentrer, si je devais me concentrer, c'était en m'appliquant, en utilisant les conseils de Kate.

Sa présence est perturbante évidemment, je me dois de montrer mon meilleur visage et je ne sais pas si je suis vraiment en train de le montrer. Je savais que j'aurai droit à un débriefing, que j'allais me faire passer un savon parce que je me bats dans un cercle nocturne, parce que je me bats tout simplement et qu'elle n'est pas là, parce que je ne lui en pas parlé … Bref j'allais prendre une cartouche digne de Kate dès que ce combat sera fini, j'espère qu'elle aura au moins la décence de ne pas me tirer à l'extérieur par l'oreille parce que franchement je l'aurai mauvaise … mais inutile de se leurrer, si elle souhaitait le faire, elle allait le faire. Ca promettait une discussion houleuse, désagréable, que je n'avais d'ores et déjà pas envie d'avoir et de partager avec elle.

Je me concentre, finir le combat d'abord, perdre ou gagner, mon souffle est devenu plus lourd avec les coups encaissés, je sais que la fin est proche, Mike n'a pas l'air en meilleur état que moi. Je ne sais pas si j'ai envie de gagner ou pas. Si je gagne Kate me dira sans doute que ce n'était pas un adversaire à ma hauteur. Si je perds elle me dira que je n'étais pas assez fort, que j'ai fait erreur sur erreur et soudainement je n'ai plus vraiment envie de finir ce combat, par une défaite ou une victoire. Mais il le faut bien.

Peut-être que j'ai perdu trop de ma concentration finalement, Mike revient à l'attaque, je suis à la peine devant son assaut, je recule, son poing heurte mon estomac, un soupir douloureux m'échappe. Je recule maladroitement, son poing s'écrase sur ma joue, un bref instant de douleur, le blanc … plus rien. La vision suivante est celle d'une main tendue que je saisis, Mike qui m'aide à me relever. Merde. Kate va me mettre un sacré taquet derrière la tête après ça. Je serre la main de Mike et on quitte le ring, je sors du côté où Mike sort, à l'opposée de là où j'avais aperçu Kate, je préférais faire ça ainsi, ne pas la croiser trop tôt. Cela dit bien avant de la croiser, je la vois grimper dans le ring. Je m'assois sur le conseil de mon adversaire du soir. Il me demande si je connais la brune et je hoche la tête. Déjà une remontrance, fallait pas que je me laisse distraire, j'avais l'ascendant dans le combat. Je hoche la tête, conscient que j'avais merdé pendant cet affrontement. Quand à Kate sur le ring et bien elle veut se battre et demande un adversaire.

« Tu crois qu'elle a une chance ?
- Je mise 1 eurodollar sur la petite brune.
- Tu ne sais même pas contre qui elle va se battre.
- J'ai aucun doute, qui que soit son adversaire, je monte à 10 eurodollars.
- Pari tenu, une bière ?
- Ouais, avec plaisir. »

Mike nous récupère deux bières et m'en donne, j'entends la voix de Kate qui appelle un adversaire choisi par ses soins, je ne sais pas trop pourquoi elle l'appelle lui. Je récupère la bière que me tend mon adversaire quand il s'assoit à côté de moi. Je bois une bonne gorgée, ne parvenant pas à m'empêcher de m'inquiéter pour ma petite amie … Même si je doutais qu'elle en ait besoin.




Défaite
Mike : 2 Points de Baston avant de tourner de l’oeil
VS
Henry : 0 Points de Baston avant de tourner de l’oeil

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#1 'A&P+Combat Rapproché' :


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#4 'FK Combat Rapproché' :

Le patron de la salle fut surpris de voir une personne non membre débarquer ainsi, sans y être invité. Il s’attendait à une soufflante voir à être dénoncé, mais là n’était pas du tout l’intention de la brune. Elle voulait comprendre comment il organisait ça, s’il y avait tout de même des règles de maintenues. Clairement, elle voulait savoir dans quoi le jeune homme s’était embarqué et lorsqu’elle comprit que cela restait encore bon enfant, un entraînement avec les règles minimuns. Sa machoire se décrispa un petit peu. C’était encore loin d’être suffisant. Si elle pensait être rentrée bredouille de sa soirée, n’ayant trouvé pour le moment aucune piste sur Andreï, la tension dans son corps s’était accrue depuis qu’elle avait aperçu le beau brun sur le ring. Le pire était qu’il n’avait quasiment plus aucune concentration depuis qu’il l’avait aperçu. Si elle était énervée de ne pas avoir été mise au courant, pensait-il réellement que la jeune femme allait lui reprocher son investissement ? Elle n’en savait trop rien mais il était certain que si sa concentration était insuffisante au début du combat, elle était devenue inexistante depuis qu’il l’avait vu. En même temps, Henry était du genre à se poser beaucoup de questions comme elle. Sa mère l’avait mis en garde contre ça et elle n’avait cessé de s’entraîner dans le but de mieux utiliser son esprit, de mieux focaliser son attention sur son combat, sur son adversaire, sur le moment présent. Cela ne l’empêchait pas de se méfier de son entourage.

Le combat continuait, mais il était presque fini. La fin de ce dernier avait été décidé dès que l’écrivain avait perdu sa concentration. Il prit un nouveau coup au niveau du ventre avant que son adversaire l’enchaîne en lui frappant le visage. Les poings de la belle étaient serrés à bloc. Son petit ami venait de finir au sol et elle n’avait qu’une envie, démolir le gars sur le ring, même si ça n’était pas juste. Son adversaire avait respecté les règles jusqu’au bout, attendant même qu’il récupère ses esprits pour l’aider à se relever. Le “Nico” n’hésita pas à en rajouter une couche lorsque Ethan salua la performance des deux combattants.

C’était un beau combat.

A d’autres, il est loin d’être à niveau.

Est-ce que t’es capable de faire au moins ça ?

Evidemment

Alors prouve-le.

Sur ses mots, Kate s’avança et monta sur le ring. Elle ôta sa veste et la laissa tomber le long de ce dernier, sans un regard pour le beau brun. S’il avait voulu l’éviter il avait ses raisons. A l’heure actuelle, elle était trop sur les nerfs pour vouloir discuter. La jeune femme n’avait pas l’intention d’enguirlander son petit ami, elle préférait donc calmer ses nerfs lors d’un petit combat plutôt qu’en paroles qu’elle regretterait très certainement. Son adversaire ne semblait pas avoir bougé d’un pouce, choqué par ce qu’elle était en train de faire. N’avait-il jamais affronté une fille ? Craignait-il de la frapper ou alors au contraire peut-être était-ce un gros macho qui avait peur de perdre face au sexe opposé ? Elle l’espérait pas pour lui parce que clairement, l’étudiante ne comptait pas lui faire de cadeaux. non pas qu’elle aimait se donner en spectacle ou montrer qu’elle savait faire. Mais elle avait un besoin furieux de se défouler alors s’il pouvait être un minimum à la hauteur, ça serait mieux.

Tu as peur de perdre peut-être ?

Marmonnant dans la barbe qu’il n’avait pas, il finit par se mettre en mouvement alors que la brune resserra sa queue de cheval haute et s’étira rapidement. Dans ces combats, tout était permis, y compris les coups au visage. Elle n’avait pas de protège-dents comme le patron lui avait précisé demander mais elle s’en moquait bien. L’étudiante ne reviendrait probablement pas se battre ici et elle savait protéger son visage. Les autres règles, elle les respecterait sans soucis. Ne sachant par contre pas comment était donné le coup d’envoi, l’énervement obscurcissant son jugement, Nico ouvrit le bal. Au moins, il n’avait pas peur de la frapper, il avait un minimum de respect pour son adversaire. Aussi elle encaissa un coup de poing suivi de près par un coup de genou dans le ventre. Le souffle court, la riposte devait être immédiate. Déjà pour lui montrer qu’elle savait se débrouiller mais surtout pour qu’il ne se repose pas sur ses lauriers, de peur que le combat ne devienne ennuyeux. Lorsque l’on se battait, la défaite pouvait se dessiner à chaque seconde, tout comme la victoire. Aucun instant ne pouvait être perdu au bénéfice de de son adversaire. Après tout, dehors, en une seconde, c’était la vie qu’on pouvait perdre. Alors Kate en profite, se redresse en frappant le menton. Puis la brunette enchaîna avec un coup de pied un peu bas, juste au-dessus de ses parties, histoire de lui faire comprendre qu’il n’a pas que son visage à protéger en tant que membre de la gente masculine. S’il se débrouillait, son adversaire était loin d’être de très haut niveau. Fallon n’en aurait fait qu’une bouchée. Au moins, la belle n’était pas déçue, le combat se présentait comme passionnant, lui donnant encore plus la rage de vaincre, de survivre.

Il me reste 4 (8-4) Points de Baston avant de tourner de l’œil.
J’ai encore 0 Bonus de Marave à cramer.

Il reste 2 (6-4) Points de Baston à Nico avant de tourner de l'oeil

De même que Henry, je ferai avancer le combat par tranche de deux jets de dés à chaque fois. Compte-tenu du contexte, Nico (l'adversaire) sera considéré comme un A&P avec 6 points de baston et lancera des dés A&P+

Le membre 'Kate Ward' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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#1 'H&V Combat Rapproché' :


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#2 'A&P+Combat Rapproché' :

Mon combat venait de finir. Pour changer une défaite. Moralement ça n'allait pas faire du bien. J'enchainais beaucoup trop de défaites en ce moment, enfin ce n'était pas tant les défaites que le sentiment affreux qu'elles laissaient dans ma bouche, celles d'impuissance, de ne pas parvenir à m'améliorer. Celle-là était pire encore que les autres parce que Kate allait m'en vouloir, qu'elle allait me remonter les bretelles, que je n'aurai pas dû perdre, que je n'étais pas prêt à l'accompagner pour l'assister, que je n'étais pas au niveau de ses attentes, que je n'étais pas encore capable de me défendre. Elle aurait raison de A à Z mais je n'avais pas envie de l'entendre, je n'avais pas besoin qu'elle enfonce encore le clou en faisant remarquer que j'étais un bon à rien, je le savais déjà. Devant la salle, devant Mike je gardais un sourire de bon perdant, en fait je me moquais d'avoir perdu même si je sentais que ça m'emmerdait au fond de moi, mais je ne voulais surtout pas faire voir que je m'en voulais vis à vis de la belle brune qui venait d'entrer sur le ring. Je ne voulais pas faire voir le bourdon qui s'était emparé de moi ces derniers temps et qui avait du mal à relâcher son emprise sur mon corps. Je crois que quelques jours de vacances me feraient beaucoup de biens, nous en avions parlé avec ma petite amie et je crois qu'il était grand temps que nous mettions cela réalisation pour que je puisse me requinquer. Ca ne changerait rien, je serai toujours le dernier des crétins, incapable de tenir tête à ma petite amie, incapable de me battre comme je le devrai. J'aimerai tellement pouvoir changer les choses un petit peu, devenir plus fort. Ca viendrait avec l'entrainement bien sûr mais pour l'instant c'était surtout très frustrant d'avoir le sentiment de ne rien réussir quoi que j'essaye.

Je bois une gorgée de bière pour cacher la détresse qui s'empare de moi un bref instant, une peur stupide de ne jamais pouvoir être à la hauteur, de ne jamais parvenir à égaler qui que ce soit au combat. Mon cœur bat étrangement dans ma poitrine à cette pensée, celle de toujours être inutile à ma petite amie. Qu'est-ce que ça donnerait si elle sortait avec un petit ami à sa hauteur, hein ? SI elle sortait avec l'inspecteur Hart par exemple ? Vous parlez d'une brochette de tueurs ces deux-là. Le policier et elle en sorties nocturnes pour lutter contre le crime ça serait un duo de chocs, ça serait un duo parfaitement logique. Ca serait comme un gâteau avec magnifique glaçage. Kate et moi qui sortions la nuit combattre le crime ça serait comme un gâteau ultra-sec sur lequel s'étouffer. A nouveau cette pensée que nous n'avons rien à faire ensemble, que nous venons de deux mondes bien trop différents pour que ça soit logique. Je soupire et Mike me tape sur l'épaule en me disant de ne pas m'en faire, que Nico est un crétin et que si ma copine sait se battre autant qu'elle est belle, ça va être plié en trente secondes chrono. J'aimerai qu'il ait raison, que je m'inquiète pour ma petite amie mais je sais que Nico va prendre une dérouillée, je ne m'en inquiète pas vraiment, je m'inquiète de ce qui va se passer après ce combat, quand Kate va décider qu'elle et moi avons une discussion à avoir l'un avec l'autre. Mike me dit que je vais m'améliorer, que je dois me laisser le temps, de ne pas vouloir brûler les étapes, putain il a discuté avec ma petite amie ou quoi ? J'ai pas envie de brûler les étapes, j'ai envie d'avoir le sentiment de réussir quelque chose ! Sauf que ces derniers temps je ne réussis rien et c'est ça qui est frustrant.

« Ouais … S'entrainer, il n'y a que ça de vrai. »

Le combat va s'engager, merde Nico n'a même pas attendu que quelqu'un donne le top du combat, quel enfoiré celui-là. Instinctivement ma main s'est resserrée sur ma bière, Kate encaisse deux coups, c'est quoi le truc ? Me faire voir ce que ça fait quand sa petite amie prend des bourre-pifs pour que je ne recommence plus ? Elle ne tarde pas à répliquer et si Kate semble toujours vouloir en découdre, Nico semble beaucoup moins fier debout sur ses jambes. Mike me fait remarquer que le combat a l'air mal barré pour lui et je hausse les épaules.

« Il a déjà perdu. Il est juste trop con pour le voir. »

Je saute sur mes jambes encore un peu cotonneuses, une petite tape sur l'épaule de Mike, je termine ma bière d'une traite et mets la bouteille dans une poubelle alors que le combat va probablement se clore dans le ring.

« Tu pars ?
- Ouais, j'ai pas envie de mélanger défaite et soupe à la grimace quand elle en aura fini avec Nico.
- Tu veux que je la …
- … Non surtout pas. »

Il hoche la tête et moi j'attrape ma veste que je passe sur mes épaules, je prends mon sac de sport et je marche vers ma voiture, collant le sac dans le coffre. Je m'adosse contre la voiture, de toute façon Kate sait très bien où j'habite si elle voulait me retrouver. Un soupir entre mes lèvres … est-ce que je pourrai un jour, juste un jour, réussir un petit truc, juste un tout petit truc ? Nico avait parfaitement raison, n'en déplaise à Kate. Je suis loin d'être au niveau.

Si Kate était montée sur le ring, ça n’était pas pour faire son intéressante, ça n’était pas pour se montrer, c’était pour détendre ses nerfs et parce qu’elle n’aimait pas la façon de se comporter de ce garçon. C’était un mec qui pensait avec ses biceps ou son troisième membre de toute évidence, et non avec son cerveau. Elle en avait bien trop connu par le passé pour se laisser piétiner par un homme de cette trempe, même aussi stupide que lui. La brune ne pensait toutefois pas que son acte pourrait vexer son petit ami. Alors qu’elle avait encaissé les deux premiers coups, les amortissant comme elle pouvait alors qu’elle ne pensait pas que le duel avait commencé, l’étudiante ne se laissa pas démonter, enchaînant à son tour son adversaire qui semblait bien plus déstabilisé par le fait qu’elle avait encaissé les coups et riposté que par les coups que la jeune femme lui avait porté. Cela semblait être pas si mal parti que ça et pourtant, elle craignait la réaction d’Henry face à sa présence ici. Elle se demandait pourquoi il faisait tant de secrets. Etait-ce un manque de confiance ? Est-ce qu’il avait peur qu’elle le prenne mal ? Elle-même s’entraînait avec sa mère et Lily en plus de lui, elle ne risquait pourtant pas de lui reprocher de mettre plus de chances de son côté pour progresser.

C’est à ce moment-là que la jeune femme aperçut l’écrivain se lever et sortir de la salle, la déconcentrant de la même manière que la voir ici l’avait déconcentré. Elle prit un méchant coup de pied en haut du buste, à la limite du cou. Heureusement qu’il n’avait pas pu lever la jambe plus haut car le coup de la cravate l’aurait bien plus handicapé. Projetée au sol, Nico fut trop sûr de lui, pensant qu’elle ne pourrait réagir assez vite tant il avait dû lui faire mal. Mais la douleur avait été son quotidien pendant plus de deux ans et Kate la connaissait que trop bien. Se redresser pour faire tomber à son tour son adversaire ne fut donc pas un problème. Prenant appui de sa main droite, la jeune femme lui balança un vilain coup de pied dans le flanc gauche, l’envoyant violemment au tapis, sa tête heurtant le sol du ring un peu fort le sonnant un instant. Elle se releva et s’approcha de lui méfiante, pensant peut-être qu’il voudrait poursuivre mais cela ne fût pas le cas. Elle lui tendit la main et aida le brun à se relever, lui demandant au passage si ça allait le faire. Bizarrement, son adversaire s’était déridé, lui glissant même un compliment comme quoi Henry avait de la chance d’avoir une aussi bonne prof à la maison. La brunette esquissa un sourire ne pouvant s’empêcher d’ajouter un commentaire à voix basse :

Je ne suis pas sûre que cela soit bien important ...

Elle le salua d’un signe de la tête et descendit à l’arrière du ring où elle avait déposé sa veste. L’adversaire de son petit ami lui adressa un sourire qu’elle lui retourna, à moitié convaincante et convaincue. Cette soirée avait été pourri jusqu’au bout et de toute évidence, elle n’allait pas aller en s’améliorant. Le beau brun était parti, la laissant seule derrière. Peut-être avait-il été vexé de la voir ici ou qu’elle monte sur le ring ? De toute évidence, Kate n’arrivait à rien avec l’écrivain. Elle ne semblait pas le comprendre ni trouver les mots pour l’aider et le soutenir dans ces jours difficiles qu’il était en train de passer. Et si la jeune femme était d’une grande patience, elle n’en était pas moins blessée, meurtrie par son propre échec et son inutilité dans le soutien au garçon. Enfilant sa veste, l’étudiante salua le propriétaire de la salle avant de sortir en m’étant ses écouteurs dans ses oreilles, choisissant une musique particulièrement déprimante qu’elle écoutait en boucle depuis quelques temps. Elle se sentait impuissante face à cette situation et ça la rongeait sans cesse. Alors que la brune s’apprêtait à marcher en direction de chez elle, ne se sentant pas en état d’imposer sa présence au jeune homme, son regard émeraude croisa les yeux noisettes du chauffeur; adossé à sa voiture et la fixant. Son coeur accéléra stupidement dans sa poitrine. Il n’était pas parti, il était là. Seulement au vue de son regard, elle n’était pas certaine qu’aller le voir soit le choix le plus judicieux qu’elle devrait faire. Plusieurs secondes s’écoulèrent, cela parut presque être une éternité avant que la belle se décide à se rapprocher d’Henry, d’un pas un peu hésitant. Elle avait la sensation d’avoir mal agi, comme une enfant après avoir fait une bêtise qui savait parfaitement que ses parents allaient l’enguirlander. L’étudiante préféra s’arrêter à une distance convenable, de peur de le brusquer ou d’un quelconque rejet de ta part.

C’est moi que tu attendais … ?

Kate hésitait presque à baisser le regard tant elle avait du mal avec cette atmosphère étouffante qui semblait régner. Le froid saisissant de la nuit se rappela bien vite à elle qui avait enfilé sa veste avant de sortir de la salle alors qu’elle avait à peine fini son combat. Ses poils étaient déjà en train de se hérisser alors que la brune sentait qu’elle allait avoir froid. Peut-être que partir en courant après avoir aperçu le jeune homme aurait été un choix plus raisonnable.

Il me reste 2 (4-2) Points de Baston avant de tourner de l’œil.
J’ai encore 0 Bonus de Marave à cramer.

Il reste 0 (2-2) Points de Baston à Nico avant de tourner de l'oeil.

Le membre 'Kate Ward' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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#1 'H&V Combat Rapproché' :


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#2 'A&P+Combat Rapproché' :

Malgré moi, je n'avais pas remis mes écouteurs. Je savais déjà comment le combat dans le ring allait finir, enfin je l'espérais. Si Kate se faisait botter les fesses par Nico ça serait humiliant. Pas pour la jeune femme mais pour moi parce que Nico est un crétin qui a besoin d'apprendre à respecter les autres. Il sait sans doute bien mieux se battre que moi mais son absence quasi-totale d'humilité faisait de lui un crétin de première et je détesterai qu'il arrive à mettre à mal ma petite amie. Quoi que le plus désagréable avait été de constater qu'il lui offrait un bien meilleur combat que je n'en étais capable. Même ce gros crétin prétentieux était un meilleur adversaire pour Kate que je ne l'étais moi. Mon estomac se tord à cette pensée et le sentiment d'inutilité que j'avais constamment ces derniers temps me reprends, m'envahit à nouveau, s'emparant de chaque parcelle de mon cerveau. A croire que je n'arrivais à rien faire correctement, pas même m'entrainer, pas même affronter ma petite amie. J'étais sans aucun doute plus intelligent que Nico, plus appliqué que lui mais je n'étais pas capable de faire le quart de ce qu'il faisait en affrontant Kate. Mes mains se serrent en poings durs à cette pensée. Kate et moi n'avons rien à faire ensemble. Nous nous portons un amour stupide qui nous a rapproché et nous pousse à toujours vouloir nous retrouver. Elle avait sans cesse voulu m'éloigner et j'étais revenu vers elle en venant toujours contrer ses arguments selon lesquels nous venions de deux mondes trop différents mais je crois qu'il était temps que je commence à voir les choses correctement. Nous venons de deux mondes bien trop différents, nous venons de deux mondes qui n'ont rien en commun l'un avec l'autre et je n'appartiens pas au sien. Même avec mes efforts je n'arrivais pas à y entrer, je n'arrivais même pas à effleurer la poignet pour franchir la porte. Je n'arrivais de toute évidence même pas à trouver la foutue porte.

Du bruit à l'intérieur, pas celui de la victoire de Kate, putain je suis vraiment tellement nul que ça ? Que même Nico réussisse à avoir le sentiment d'avoir pu la battre ? Sans surprise ça ne dure pas plus de quelques secondes avant qu'un souffle s'entende, avant qu'un bruit d'une personne tombant sur le ring résonne. Aucune surprise à voir Kate sortir du bâtiment sur ses deux pieds. Ca devrait me faire sourire, je devrai être heureux qu'elle ait botté le cul du prétentieux petit con qu'elle avait voulu affronter mais c'est loin d'être le cas. Mon visage ne s'est pas déridé. Peut-être que ce petit brun de femme qui faisait battre mon cœur avait eu raison dès le début, que nous ne sommes pas fait pour être ensemble, que nos mondes sont trop différents pour que cette relation, notre relation, ne soit saine un jour. Elle avait besoin de pouvoir évoluer, s'améliorer, s'entrainer, pas d'un boulet qui allait la tirer vers le bas comme je le faisais avec un brio remarquable.

« Oui. »

Un seul mot pour répondre à sa question, de toute façon c'était une question fermée qui ne nécessitait pas d'autre réponse. Contournant la voiture j'ouvre la porte passager pour qu'elle s'installe. Elle pourrait refuser évidemment mais c'est pratiquement un ordre que je lui donne par mon geste. Elle s'installe et je referme délicatement la porte avant de m'asseoir de l'autre côté. Près de la porte de la salle je vois Nico et Mike en train de fumer, le premier fait un geste plus ou moins obscène pour m'indiquer quoi faire de ma soirée avec Kate, l'autre lève le pouce pour m'indiquer le résultat du combat que je connaissais déjà. Je m'assois dans la voiture et je commence à rouler, sans direction réelle, je roule, tout simplement, ça m'a toujours aidé à réfléchir et à penser, à organiser mes pensées ou, en tout cas, à les exprimer.

« Je sais déjà tout ce que tu vas me reprocher. J'aurai dû te parler de ma décision de participer à ce genre d'entrainements. J'aurai pu gagner mon combat si je me battais vraiment avec la peur au ventre. Je n'aurai pas dû me laisser déconcentrer par ta présence. Oui je vais bien, ne t'en fais pas, j'ai déjà connu pire comme KO. J'hésite trop à frapper vraiment à fond mes adversaires. »

Avant qu'elle ne me serve des commentaires très justes qui allaient certainement ressembler à ce que je venais de dire, je préférais le faire. Je n'avais pas envie d'entendre ce genre de trucs sortir de sa bouche pour être honnête. En fait je crois que pour la première fois depuis que nous sommes ensembles j'aimerai l'entendre me ressortir son argument choc. Nous venons de deux mondes trop différents et le mien n'est pas fait pour les gens comme toi parce qu'elle avait raison. Depuis le début. Elle avait vu ce que moi j'avais été bien incapable de voir.

« Tu avais raison depuis le début. Nous venons de deux mondes beaucoup trop différents l'un et l'autre pour que ça marche toi et moi. Je suis désolé d'avoir mis autant de temps à m'en rendre compte. »

Je soupire, à mon intonation il est évident que chaque mot me déchire le cœur en lambeau, on dirait cette scène dans les Langoliers où le personnage hyper-nerveux déchire lentement des feuilles de papier pour se soulager. Sauf que là chaque déchirement est plus douloureux que le précédent.

« Je n'ai pas réussir à voir ce que tu avais compris dès le début. Ce n'est pas pour moi que tu avais peur mais pour toi. Tu savais que je serai un boulet pour toi, que je te tirerai en arrière, incapable de te permettre de progresser ou de t'aider d'une quelconque façon dans tes activités. »

Mes mains tremblent doucement sur le volant, par change la direction assistée n'est pas très sensible sur cette vieille voiture et cela ne se sent pas dans ma conduite. Je n'ai pas tourné la tête vers elle une seule fois. Pas même arrêté à ce feu qui vient de virer au rouge.

« Je suis juste un doux rêveur amoureux mais même Nico ou Mike seraient plus légitimes que moi à tes côtés pour te permettre de continuer ta vie nocturne et de t'y accompagner. Je ne veux pas être un boulet pour toi. Et je le suis actuellement. »

Je ne le disais pas mais tout mon raisonnement semblait amener à une seule conclusion possible, celle d'une rupture. Serait-ce finalement si illogique que ça ? Je lui étais inutile et ses derniers temps plus encore à me déprimer parce que je n'étais pas à la hauteur de ses attentes. Je n'étais pas à la hauteur du centième de ses attentes. Nous n'avions rien à faire ensemble. Elle avait raison depuis le début.

Kate était loin d’imaginer ce qu’il pouvait se passer dans la tête du beau brun. Hésitante, elle sentait qu’une fois de plus quelque chose n’allait pas et si la soirée avait été sans grand apport pour elle jusqu’à présent, la suite n’allait clairement pas lui plaire. La jeune femme n’aimait pas l’atmosphère qui régnait. C’était presque à contrecoeur qu’elle s’était rapprochée de son petit ami. Son “Oui” semblait froid, contrarié. Il n’avait aucunement envie de la voir de toute évidence et elle s’était imposée à lui ce soir, bien qu’involontairement. Le beau brun contourne sa voiture et alla ouvrir la portière passager. Elle ne put s’empêcher d’avoir une hésitation. Son regard, sa manière d’être, ne semblaient pas franchement laisser la place au refus. Henry avait-il si mal pris qu’elle soit là ce soir ? Pensait-il peut-être qu’elle l’avait suivi délibérément ? Trop de choses se bousculaient dans sa tête et c’est plus par réflexe que l’étudiante décida de grimper dans la voiture qu’autre chose. C’est en silence qu’il fit démarrer la voiture, roulant absolument pas en direction du loft, ni de chez elle d’ailleurs. Elle lui jeta un petit coup d’oeil et se rendit compte du sérieux dont il était en train de faire preuve. Alors elle préféra regarder par la fenêtre passager, craignat le pire quand à la suite de cette soirée. Et le pire, c’est que ce qui allait arriver serait bien au-delà de ce qu’elle avait été capable d’imaginer.

L’écrivain commença par anticiper ses reproches qui n’allaient pas arriver. Evidemment que la jeune femme était curieuse de savoir pourquoi il ne lui avait rien dit de ses entraînements dans cette salle, diurne comme nocturne. Mais il avait le droit d’avoir sa vie de son côté aussi en soit. Elle ne pouvait pas lui reprocher ce genre de choses. Elle était bien incapable de contredire également le beau brun. Le débrief de son propre combat était probablement ce qu’elle en aurait fait si cela avait été nécessaire. Mais Kate ne comptait pas lui faire ce genre de leçons sans qu’il ne lui demande. Pensait-il que lui faire des reproches et appuyer là où ça faisait mal lui faisaient plaisir ? A vrai dire, la seule chose qu’elle avait eu envie de lui dire, surtout après l’avoir vu sortir de la salle pendant qu’elle était sur le ring, c’était qu’elle était désolée de s’être immiscée dans une partie de sa vie qu’il ne semblait pas vouloir partager avec elle bien que cela soit totalement involontaire. Après tout, la brune n’était pas présente dans cette salle de sport pour lui mais pour Nina qui avait besoin d’être rassurée par rapport à son grand frère Stan.

Seulement, les dires de l’écrivain la laissèrent sans voix. Elle avait l’impression de se faire reprocher ses entraînements alors que le garçon lui avait expressément demandé. Qu’est-ce qui était en train de se passer au juste ? Où est-ce que Henry comptait en venir avec cette manière d’agir ? Puis les mots tombèrent et elle fut incapable de les comprendre sur le moment. Jusqu’à ce qu’elle reconnaisse ses propres mots, sa façon de penser il n’y avait pas si longtemps que ça, avant qu’il ne la fasse changer d’avis. La jeune femme était choquée, blessée. Ses mots étaient cruels, probablement encore plus aujourd’hui que lorsqu’ils avaient franchi sa propre bouche. Ce moment était en train de lui laisser un goût amer dans la bouche. Elle était écoeurée, sentant la nausée la prendre aux tripes. Lui aussi ça semble lui faire mal de dire ça, tout comme elle à l’époque. Alors pourquoi revenait-il sur une telle chose ? Pourquoi maintenant ? Ca lui faisait tellement mal au creux de la poitrine, tel un déchirement violent et brûlant. Puis le garçon reprit et ses mots la blessèrent d’autant plus. Jamais l’étudiante n’avait pensé cela de lui, jamais elle ne l’avait vu comme un fardeau. La seule chose qu’elle avait vu, c’était qu’elle allait lui empoisonner la vie, le mettre en danger. Et clairement, le beau brun ne méritait pas ça. Mais aujourd’hui, c’était elle qui ne méritait pas de souffrir ainsi, pas pour une telle raison après tout ce qu’ils avaient déjà traversé ensemble. Les larmes lui montèrent aux yeux, les retenant tant bien que mal. Elle maudissait clairement cet arrêt au feu rouge qui semblait faire durer et intensifier sa souffrance plus que cela n’était nécessaire. Il ne voulait plus d’elle et ne semblait pas savoir comment le justifier autrement qu’en disant que c’était sa faute. Peut-être pensait-il que cela serait moins douloureux, tout comme elle l’avait fait en imaginant cet autre homme qu’il n’y avait jamais eu. Ce feu rouge semblait durer une éternité et Kate était sur le point de saisir sa chance quand il passa au vert, laissant la voiture avancer de nouveau.

Je … Je voulais déjà m’excuser pour ce soir. J’étais venue voir Stan sur la demande d’une des élèves de Lily. Je ne pensais pas te croiser là.

La jeune femme tentait de digérer la nouvelle comme elle pouvait mais elle en était incapable. Elle s’exprimait dans un murmure empli de regrets, de tristesse, de souffrance … Puis un nouveau feu se présenta à eux et Henry fut forcé de s’arrêter au rouge. C’était sa chance et elle allait la saisir. Se tournant vers lui, les yeux embués, elle ne savait même pas si elle allait croiser les prunelles noisettes du beau brun.

Ne retourne plus jamais mes paroles contre moi si c’est pour te dédouaner, te cacher derrière des fausses excuses. Tu n’as jamais été un fardeau à mes yeux. Je te l’ai déjà dit, j’ai toujours eu peur de te perdre par ma faute, à cause des risques que je te fais porter. Maintenant, si tu ne veux plus de moi, t’as le droit de l’assumer et de me le dire au lieu d’inventer des excuses bidons comme je l’ai fait, alors que tu me l’avais reproché.

La brune se détacha et ouvrit la porte à la volée, sortant rapidement du véhicule. Juste avant de fermer la portière, elle ajouta :

Si tu changes d’avis, tu sais où me trouver.

Sa voix était brisée, son coeur et son âme également. Elle lui avait dit qu’il était celui le plus apte à la blesser, physiquement et mentalement. Elle s’était accrochée au jeune homme plus que de raisons et aujourd’hui, elle s’en mordait clairement les doigts. Claquant la porte, Kate se mit en marche dans l’obscurité. Elle avait besoin de marcher, de laisser les larmes couler. Elle finirait bien par retrouver le chemin de leur appartement, espérant que sa mère ne l’y attendrait pas. Incapable de s’imposer à lui, elle remit sa musique en marche, tombant sur une vieille musique bien trop appropriée pour l’occasion, faisant couler ses larmes plus vite qu’elle ne l’aurait voulu.

Les mots que j'employais étaient les siens mais le but n'était pas de la blesser ou de lui faire du mal, le but était de lui faire comprendre que j'avais compris à présent ce qu'elle voulait me dire, ce qu'elle m'avait expliquée plein de fois sans que je comprenne. Bien sûr que je m'en demandais trop, ça faisait deux semaines qu'elle m'entrainait, forcément je ne progressais que très peu, seulement j'en voulais plus, je voulais progresser rapidement, j'avais espéré progresser beaucoup plus vite. Je voulais apprendre vite, apprendre bien, pour elle, pour être à la hauteur des attentes que j'estimais qu'elle pouvait avoir de moi. Seulement ces derniers temps, rien ne semblait vouloir me réussir, rien ne marchait dans ma vie et si ce soir me faire battre ne m'aurait normalement pas dérangé, c'était gênant en la présence de Kate. Qu'elle me batte je le comprenais, ça ne me dérangeait finalement pas, ce qui me dérangeait le plus c'était mon incapacité à la toucher ou parer ses attaques, c'était le ridicule de ma faiblesse face à sa supériorité écrasante. Alors qu'elle me voit perdre encore et encore contre elle ce n'était pas douloureux. C'était logique. Mais qu'elle me voit perdre contre un autre c'était vraiment humiliant, parce que c'était comme si je trahissais ses entrainements, comme si je n'appliquais pas ce qu'elle m'avait appris, comme si je ne voulais pas m'améliorer et que je faisais exprès de ne pas progresser. Voilà pourquoi j'avais besoin de lui dire ce que j'avais sur le cœur, le ressentiment détestable que j'avais envers moi-même parce que cette petite brune aux yeux de jade je l'aime à un point débile. Au point de vouloir la quitter parce que je l'aime. Qui a dit que l'amour était logique ? L'amour c'est crétin, c'est aveugle et les mots ont a peine fini de quitter ma bouche que je regrette chacun d'entre eux, que je veux pouvoir revenir dans le temps et effacer ce que je venais de dire. Pourquoi mon pouvoir ne me permettait pas de faire ça ? Ca serait tellement plus intéressant que de voir l'avenir quelques secondes à l'avance pour se faire démolir la poire. Je n'ai aucune impatience à entendre la réponse de Kate parce que je redoute le pire, que je crains et redoute ce qu'elle allait dire, ce qu'elle allait faire. Une bonne gifle me ferait sans doute du bien.

Ca commence par des excuses et une explication sur la raison de sa présence. Qui a dit que le hasard ne faisait pas bien les choses finalement ? Elle était venue pour voir un autre et elle m'avait vue moi me faire exploser par un adversaire, trop chouette, j'avais de quoi être fier du résultat. Sa voix est légèrement tremblante, je profite d'un arrêt au feu rouge pour tourner la tête vers elle mais sans oser scruter son visage, honteux de ce que j'avais dit et terrorisé de sa réaction. Les mots que prononce alors la belle brune me transpercent de part en part, chacun d'eux semblant plus douloureux et intense que le précédent. La portière claque et je sursaute, le feu passe au vert … tant pis pour le feu. Warning allumé, voiture fermée, clef dans la poche, je ne tarde pas à rattraper Kate, je ne la touche pas, je me plante devant elle. Elle sursaute à son tour et … Et c'est là que je devrai avoir des paroles pleines de sens parce que je ne veux pas la quitter, parce que je ne veux pas la perdre. Le regard larmoyant qu'elle me montre ne fait que rencontrer le mien, rencontrer ma propre détresse. Comment lui faire comprendre que je ne sais pas où j'en suis, que je suis complètement perdu et que si j'en veux à quelqu'un c'est à moi, pas à elle. Qu'est-ce qu'elle pourrait se reprocher si je suis un mauvais apprenti. D'une main je déloge, sans la toucher, une oreillette puis la seconde. Je cherche encore des mots mais rien ne me vient. Alors tant pis. J'emprunte les mots d'un autre. Les larmes qui m'échappent, je les chasse d'un geste maladroit de la main.

« Je ne vais plus pleurer, je ne vais plus parler. Je me cacherai là, à te regarder danser et sourire. Et à t'écouter chanter et puis rire. »

Je ne chante pas, je parle, d'une voix misérable, détruite par la peur atroce de la perdre. Si Jacques Brel avait rendu cette chanson magnifique par sa voix et son intonation, je n'avais que les tremblements violents de ma voix pour lui faire comprendre que je l'aime.

« Laisse-moi devenir l'ombre de ton ombre. L'ombre de ta main. L'ombre de ton chien mais … »

Quelques larmes s'échappent à nouveau et c'est un soupir, presque un souffle de désespoir et d'amour qui clôt ces quelques paroles.

« … ne me quitte pas. »

Mes jambes se dérobent sous moi, terrassés par la peur de la perdre et toutes les émotions négatives que j'accumulais sur mes épaules depuis quelques semaines. J'attrape une de ses mains dans les miennes, je tremble comme une feuille.

« Je ne veux pas te quitter. Je ne veux pas que tu me quittes. Mais ces derniers temps je me sens tellement … impuissant. J'ai l'impression d'être tout le temps faible, de ne rien t'apporter, de ne rien pouvoir te donner de plus que des baisers. J'aimerai être … plus. Ou mieux. Ou les deux. »

Les larmes roulent sur mes jouent et je n'essaye plus vraiment de les arrêter. J'étais à genoux devant elle, tenant sa main mais même ainsi on était loin de l'image que j'avais de moi-même face à elle. Je serai tellement plus bas encore.

« Je sais que c'est déraisonnable, que je ne peux pas espérer m'améliorer en deux semaines mais j'ai l'impression de ne pas progresser, que je ne serai jamais capable de te protéger si un jour tu en as besoin, d'être incapable de me protéger pour éviter que tu ne te mettes en danger par ma faute. Je suis désolé. »

Je tiens toujours sa main dans les miennes, je tremble toujours autant. J'aimerai tellement être plus fort, plus à même d'être autre chose que le petit ami qui l'attend chez lui en espérant que rien ne lui arrive.

« Désolé d'être aussi faible. Aussi pathétique. Et de ne pas être mieux que le crétin pas foutu de se défendre qui t'attend en tremblant quand tu sors. »

Est-ce que cela lui suffirait à comprendre ? Je l'espérais parce que malheureusement je ne trouvais rien de plus à rajouter. Ni rien de mieux. Inutile … une fois de plus.

Ses pas s’enchaînaient les uns à la suite des autres de manière robotique, machinalement. Les paroles de cette chanson, elle aurait pu les dire au beau brun, elles étaient tellement vraies. Il avait ce pouvoir sur elle et il le savait et pourtant, après ses nombreuses mises en garde, c’était lui qui semblait ne plus vouloir de la jeune femme. Ses mots n’avaient semblé être que des excuses, comme si la vérité était plus douloureuse encore à dire, à lui avouer. Elle avait à présent cette sensation de vide en elle. Elle avait mal. Chaque pas sur le sol semblait faire résonner cette douleur en elle liée à cette absence, à son absence. Alors qu’il n’était que quelques mètres en arrière, Henry lui paraissait déjà très loin, beaucoup trop loin. Comme si avec ce qu’il venait de dire, le jeune homme s’était mis totalement hors d’atteinte. En même temps, elle avait toujours été persuadée qu’elle ne le méritait pas, qu’en entrant dans sa vie, elle n’avait fait que l’exposer au danger. Mais se dire que tout ce qu’ils venaient de traverser étaient finis, que la brune n’allait plus jamais le revoir était une vérité des plus détestables et cruelles. Elle ressentait un poing dans la poitrine, comme si son coeur avait été lacéré à plusieurs reprises avec une lame qui répandait du venin très très douloureux, cherchant à lui couper la respiration et l’envie de vivre.

Seulement si elle pensait que tout était fini, qu’elle n’avait plus aucun moyen de rester auprès de celui qui lui avait fait connaître l’amour, Kate était en train de se tromper lourdement. Obligée de se stopper net, le garçon venait de la rattraper et de s’interposer. Impossible pour elle de dissimuler les larmes qui avaient envahi ses yeux et qui s’écoulaient par moment sur ses joues. Mais le regard qu’elle croisa chez son petit ami, enfin ex petit ami, était rempli de détresse lui aussi. A quoi jouait-il ? Déjà qu’avoir cette douloureuse pensée en le regardant par rapport au fait qu’ils ne semblaient plus ensemble lui faisait mal, lui donnait envie de vomir. Monsieur avait en plus décidé de ne pas la laisser repartir aussi facilement ? C’était à n’y rien comprendre. Il lui ôta d’abord ses écouteurs des oreilles, tout en conservant une distance de sécurité, évitant au maximum de la toucher. Lui aussi est sur les nerfs, lui aussi semble ne plus en pouvoir de cette situation. Alors qu’il venait d’y mettre un terme, en quelque sorte, Henry l’avait rattrapé. A quoi rimait son comportement ?

Lorsqu’il se mit à parler, le coeur de la brune se brisa d’autant plus. Pourquoi lui faisait-il ça ? Il semblait à bout, triste, blessé. Le jeune homme ne semblait pas du tout prendre plaisir à cette situation tortueuse pour tous les deux. Seulement les mots qu’il prononça n’avaient pas de sens aux yeux de l’étudiante. De quoi parlait-il au juste ? Elle ne connaissait pas cette chanson et ne risquait donc pas de comprendre avant qu’il ne lui demande de ne pas le quitter. Ses yeux s’écarquillèrent immédiatement, surprise, choquée même par la demande du beau brun. Il venait de la rejeter, de lui faire comprendre qu’ils ne devaient plus être ensemble et maintenant, le chauffeur lui demandait de rester auprès de lui. Son coeur se serra une fois de plus, à chaque fois c’était de plus en plus douloureux. Elle ne comprenait plus où Henry voulait en venir ne pouvant que constater ses difficultés, ses larmes et sa chute à genoux. Il venait de lui faire mal, de lui demander de partir. Et maintenant, lui prenant la main, il semblait vouloir la supplier de rester. Les larmes de la belle continuèrent de couler sur ses joues alors que ce seul contact entre eux, sa main au creux des siennes, lui donnait autant de frissons que l’envie de hurler. Pourquoi tremblait-il ainsi ? Qu’est-ce qui se passait dans sa tête ? Il reprit la parole et ses premiers mots lui firent l’effet d’une claque. Ce n’était pas la fin de leur histoire qu’il voulait alors c’était quoi ? Pourquoi ne lui expliquait-il pas simplement ? C’est alors ce qu’il fit. Et plus les phrases s’enchaînaient, plus Kate était prise d’une fureur et d’un amour qui s’intensifiaient l’un autant que l’autre. Certains mots lui passaient au-dessus tandis que d’autres la transperçaient de part en part. Finalement, lorsqu’il eut terminé, les yeux de la belle semblaient à court de larmes pour continuer à pleurer. Elle essuya rapidement ses joues d’un revers de la main, celle qui était disponible, avant de s’agenouiller face à lui et de le gifler. La jeune femme s’était retenue précédemment, là elle n’avait pas pu, ayant l’impression qu’elle allait lui remettre les idées en place par ce geste. Puis elle se jeta dans ses bras, le serrant contre elle le plus fort possible, comme si sa vie en dépendait, comme si la moindre faiblesse de sa part le ferait partir.

Je .. Je ne veux plus … que tu … me rejettes comme tu viens de le faire ...

C’était douloureux et c’était encore là, même si finalement, cela ne semblait pas être ce que voulait le garçon. La brune n’arrivait pas encore à digérer ce qu’il venait de lui dire, comment il lui avait laissé entendre que c’était fini.

Je ne veux plus … t’entendre dire … que je serais mieux avec un autre … Jamais ...

Sa respiration était irrégulière, son coeur battait à cent à l’heure. Entre le duel et cet affrontement verbal, l’étudiante était vidée de son énergie. Elle avait cru l’avoir perdu alors qu’en fait, une fois de plus, Henry ne faisait que s’en vouloir à lui-même, sans lui demander son avis sur ce qui la concernait. La tête toujours enfouie dans son cou, elle continuait de murmurer à son oreille :

Parce que lorsque tu es venu me trouver chez moi, avec ma mère absente, je n’étais pas faible, misérable, stupide ou encore inutile ? Y a des moments comme ça où rien ne va. Mais je sais que tu vas te relever mon chéri, il faut juste que tu sois patient.

Non je ne voulais pas la quitter, bien sûr que je ne voulais pas la quitter, quel intérêt aurai-je à faire cela ? Je l'aime cette fille. Seulement voilà, il existe un principe dans cet univers, celui de l'apoptose. Si ce principe n'existait pas, je crois qu'il aurait pu être inventé seulement pour ma propre façon de fonctionner. L'apoptose ou mort cellulaire programmée est un processus d'auto-destruction qu'une cellule peut utiliser. Par exemple une cellule moins importante qui va choisir de s'autodétruire pour laisser place à une autre plus utile au développement d'un corps humain. Je me contentais de l'appliquer à l'échelle de ma vie depuis de nombreuses années, c'est sans doute pour ça que je n'aurai jamais osé demander la main de Sarah sans qu'elle m'y contraigne. C'est aussi pour ça que je pensais que je devais m'éloigner de Kate. Que je devais mettre de la distance entre elle et moi, pour son bien, pour qu'elle puisse trouver un homme qui saurait être fort et vaillant, un homme qui pourrait veiller sur elle comme elle le mérite. Seulement je n'étais pas que auto-destructeur, j'étais aussi faible et stupide. Quand la porte avait claqué derrière Kate j'aurai dû la laisser partir, ne surtout pas la rattraper, ainsi se serait terminée notre histoire, elle aurait repris le cours de sa vie et un jour au cours de ses sorties nocturnes elle aurait rencontré un autre héros. Ce dernier aurait conquis son cœur, il lui aurait peut-être sauvée la vie … non l'inverse, elle lui a sauvé la vie et elle s'est éprise de lui comme lui d'elle. Ils formeraient un couple héroïque, chacun capable de se défendre, capable de se défendre mutuellement et ils vivraient heureux dans une vie équilibrée à leur façon. J'avais l'impression à l'heure actuelle que la balance entre Kate et moi était déséquilibrée, que j'étais un poids infini et qu'elle était tellement plus haut que moi. C'était le cas à n'en pas douter et ça faisait mal de le voir, de le sentir, c'était douloureux de m'en rendre compte.

Voilà pourquoi je me retrouvais à genoux devant elle. Parce que je suis tout ce que je lui dis. Je suis faible, je suis pathétique, un crétin inutile qui ne sait faire qu'une chose : avoir peur. Avoir peur qu'elle ne parte. Avoir peur de ne pas savoir se défendre. Avoir peur que quelque chose ne lui arrive. Avoir peur dès qu'elle sort. Avoir peur d'avoir peur. Hahaha qui était le connard dans Harry Potter qui disait que c'est une force d'avoir peur de la peur elle-même ? Qu'il aille sucer des pieux en argent sous un clair de pleine lune. Avoir peur de la peur elle-même c'est seulement de la folie, on a même un nom pour ça : la paranoïa. A genoux devant elle, tremblant comme une feuille, j'ai réussi à devenir exactement ce que j'avais dit que je serai un peu plus tôt. Un moins que rien, l'ombre d'une ombre, juste une loque vivante qui attendait un jugement et qui était présente sans jamais être vraiment là. Je n'étais pas digne d'être avec elle, je n'étais même pas digne de la gifle qui venait de me faire tourner la tête. Je ne l'avais pas volée, je ne pouvais pas dire le contraire. A peine la gifle passée, Kate se jette à mon cou. Surpris pas ce geste, je reste figé, sans bouger, je devrai la serre mais je n'arrive pas, je préfère pleurer comme un crétin en l'entendant me dire des mots réconfortants. J'écoute, sans un mot, sans un geste, je me rends soudainement compte que mes mains ont relâché la sienne, que mes mains pendouillent inutilement dans le vide, effleurant le sol parfois dans un léger mouvement de balancier. Je secoue la tête quand elle termine, c'est un mouvement léger, mon corps entier me donner le sentiment de peser trop lourd pour que je puisse le bouger.

« Misérable peut-être mais ce n'était pas ta faute. Stupide seulement dans ta façon de réagir. Mais tu n'as jamais été inutile, tu cherchais à retrouver Fallon, tu voulais la revoir et tu t'en donnais les moyens. Faible certainement pas, tu n'es jamais faible, c'est en toi d'avoir cette force pour surmonter des montagnes. Même abattue par sa disparition tu aurais traversé un volcan en fusion pour la retrouver. »

Je soupire, ma tête se baisse, se posant du coup sur son épaule, un geste tendre et involontaire de ma part, ma joue caressant un peu la sienne en passant.

« Moi je me contente de déprimer, de broyer du noir et de me dire que de toute façon je n'arriverai à rien. Et … c'est le cas. Je m'entraine tous les jours, je suis tes conseils, j'applique ce que tu m'apprends mais rien ne change. Je suis toujours le même crétin, le même loser incapable de se défendre. Je … Je ne sais même plus ce que je veux … Si j'ai encore envie d'essayer d'apprendre si c'est pour avoir toujours ce sentiment que ça ne sert à rien. Pas surtout si toi tu pourrais être en train de t'entrainer et t'améliorer au lieu de perdre ton temps avec … Ouais … On va laisser tomber et le temps que tu me consacrais tu vas le consacrer à t'entrainer toi. Parce que tu pourras progresser contrairement à moi. »

Moi en deux semaines je n'avais pas l'impression d'avoir évolué un tant soit peu. J'avais le sentiment d'en être toujours exactement au même point, c'était frustrant et la frustration en ce moment ne faisait pas bon ménage avec le chaos qui régnait dans ma tête.

« Je ne peux pas me permettre d'être patient, pas quand ta vie peut être en danger n'importe quand. Tu dis que c'est juste un moment où rien ne va mais c'est parce que tu me vois ainsi pour la première fois … Ca fait deux ans que je vivais ainsi, jusqu'à toi. Et je me rends compte que je commets à nouveau toutes les erreurs que j'avais commis avec Sarah. Je n'étais pas capable de la protéger elle. Je ne suis pas capable de te protéger toi. Je … C'est … C'est même pas injuste. C'est juste que je suis … pathétique. Faible. Inutile. »

Malgré le réconfort, malgré tout, je me sentais plus mal encore, je m'effondrais de plus en plus sur Kate, mon corps semblant incapable de supporter encore son propre poids. Comme si soudainement tout le poids de la noirceur, des doutes et des craintes que je cumulais et laissais grandir en moi s'abattait sur mon corps et l'écrasait.

Une main glisse finalement vers ma poche intérieure. Faible comme l'objet que je frôle du bout des doigts dans ma poche. Pas très discrètement dans ce geste, sans m'en rendre compte mes doigts farfouillent dans ma poche et finalement je parviens à extraire ce que je cherchais. Je me recule un peu, juste le torse, au prix d'un effort stupidement épuisant, je pose mon front contre le sien.

« Kate je … Je veux pas faire les mêmes erreurs. »

Je ne sais pas ce qui me prend.

« Est-ce que tu veux m'épouser ? »

C'est … débile. Ridicule. Impensable. Impossible. Même moi je n'y crois pas. Je suis juste trop perdu, incapable de réfléchir logiquement, d'aligner trois pensées cohérentes. Alors je balance ça, comme si je parlais de la pluie et du beau temps, de ce qu'on fera demain ou éventuellement d'essayer de lui trouver une voiture. Je balance cette bombe, sans prévenir, sans logique, je n'aurai jamais fait ça dans mon état normal. Ca fait trois mois qu'on est ensemble. Ce n'est pas vraiment moi qui agit … Ou peut-être que si. Un autre moi. Débile et paniqué.

La bague semble en dangereuse posture entre mes doigts tant ils tremblent, juste sous les yeux de Kate.

Si son geste était totalement déplacé, il avait été également totalement imprévisible et involontaire, enfin en partie. Ses nerfs étaient à bout, c’était pour cela que la jeune femme avait réagi ainsi. Il venait de la faire souffrir inutilement et elle ne pouvait pas dire qu’elle avait apprécié le comportement du beau brun. Elle ne l’appréciait toujours pas d’ailleurs. Se rendait-il compte qu’il ne cessait de se dénigrer, de se ramener plus bas que terre face à une personne qui avait été roulé dans la boue depuis son plus jeune âge ? L’étudiante avait beau le serrer de toute ses forces, lui ne semblait pas du tout vouloir s’accrocher à elle. S’en était décevant, humiliant et triste de le voir réagir ainsi. Mais surtout, elle était toujours aussi impuissante face à la détresse d’Henry. Fallait-il qu’elle le laisse dans son coin pendant un temps pour qu’il puisse remonter la pente ? Qu’il n’y ait pas de réelles évolutions chez le garçon du jour au lendemain était parfaitement normal au vue de son état, de ce qu’il était en train de traverser. Ce dernier lui cherchait des excuses par rapport au moment où c’était elle qui s’effondrait, laissant entendre qu’elle ne s’était pas retrouvée au fond du gouffre, qu’elle avait toujours été forte. Plus le temps passait et plus la brune se rendait compte que son petit ami la mettait sur un piédestal, complètement à tort. Seulement, elle s’était bien rendue compte avec le temps que le contredire, surtout dans l’état dans lequel il était, ne servait à rien du tout. Elle soupira toutefois mais décida de laisser couler. Elle espérait sincèrement que le jeune homme finisse par se reprendre.

Sa tête se baissa alors, venant coller sa joue contre la sienne. Il n’y avait rien de tendre dans ce geste. Ses mains étaient toujours ballantes, il semblait se moquer d’être proche d’elle. A croire que l’écrivain agissait par dépit plus que par envie. Chaque mot qu'il choisissait de prononcer semblait être pour se faire du mal, encore plus de mal. Comme si ce qu'il s'était passé dernièrement n'était pas suffisant pour le faire souffrir et qu'il en fallait plus. Le beau brun était en train de s'enfermer dans une spirale infernale dont elle ne savait comment le sortir. Si la jeune femme lui rentrait dedans, ça le faisait réagir une soirée, une journée entière tout au plus. Si elle le consolait, il en était de même. Il ne lui restait pas beaucoup d'options. Celle de le laisser seul un temps face à ses problèmes semblait être son dernier recours. Le fait qu'il décide d'abandonner les entraînements aussi vite déçu clairement la belle. Mais elle ne pouvait pas le forcer, pas dans cet état là.

On peut mettre les entraînements en pause oui. Si tu préfères faire ainsi.

La brune n'avait pas utilisé le terme “pause” par hasard. Il aurait bien le temps de réfléchir à totalement arrêter ou non les entraînements lorsque l’écrivain serait réellement en état de le faire. Ca n’était de toute évidence pas le cas actuellement vu le nombre de fois où ses nerfs lâchaient. Puis il lui parla de sa vie à elle qui était en danger et là, elle ne comprit pas. C’était elle qui m’était sa vie en danger, c’était son choix, le jeune homme n’y était pour rien. Et si elle s’inquiétait des répercussions de sa vie sur la sienne, il n’avait pas à en faire de même. Après tout, il ne faisait rien pour la mettre en danger. Il semblait ne plus pouvoir tenir debout tant son poids était en train de reposer de plus en plus sur elle. Et alors qu’elle réfléchissait à le laisser rentrer seul pour qu’il respire à nouveau, la jeune femme ne s’attendait très certainement pas à ce qu’il s’apprêtait à lui dire. Si Henry avait peur de reproduire les mêmes erreurs, c’était clairement humain. Pour autant, il n’aurait jamais pu sauver sa défunte fiancée, sauf s’il avait eu une vision du passé et qu’il l’avait empêché ce soir là de sortir de chez elle. De la même manière, au vue des risques que l’étudiante prenait au quotidien, il ne pourrait jamais la protéger de tout. C’était impossible de toute manière, même pour une personne normale. La question qui sortit de la bouche du beau brun la laissa sans voix un instant. Il ne pouvait pas être sérieux, il était simplement perdu. Voilà où était la bague de Sarah finalement. Cela faisait un moment que Kate avait remarqué qu’il ne la portait plus autour du cou. Elle plaça sa main au-dessus de la boîte et poussa les doigts de son petit ami à se refermer dessus.

Un jour peut-être mais pas aujourd’hui Henry. Cette bague c’est ton souvenir de Sarah, elle est à toi. Elle serait d’ailleurs bien déçue de te voir ainsi.

Elle l’aida alors à se relever, venant déposer un baiser au coin de ses lèvres. Il avait besoin de se reposer et elle de réfléchir. Aussi, le couple rejoignit la voiture laissée en plan. L’écrivain refusa de passer la soirée ensemble. Il préférait la ramener chez elle. Si elle ne voulait pas négocier avec lui, la jeune femme n’était pas forcément d’accord pour autant avec son petit ami. Sûrement avait-il mal pris son refus ponctuel. En même temps, elle ne savait pas du tout s’il avait vraiment cru à cette demande. En tout cas, elle ne devait plus y penser. Elle ne put s’empêcher de dire durant le trajet en voiture, tel un murmure :

Il va falloir que tu arrives à te reprendre à un moment donné Henry.

Le beau brun n’était pas dans son état normal et c’est aussi pour cela qu’une fois déposée chez elle, alors qu’elle s’apprêtait à rentrer, elle fit demi-tour, se mettant en marche pour le loft. Elle était bien trop inquiète à son sujet pour le laisser seul ce soir. Après ce qu’il lui avait dit, quelle autre bêtise était-il capable de faire ? C’est ainsi qu’au bout d’un bon quart d’heure, l’étudiante était sur le pas de la porte et décida d’utiliser sa clé pour rentrer, des fois qu’il se soit simplement couché et déjà endormi. Mais cela n’était absolument pas le cas ...

La gifle avait-elle réussi à me remettre les idées en place ? J'en doutais très sincèrement, je ne pense pas qu'un tel geste suffirait, Kate allait devoir frapper bien plus fort pour faire redémarrer mon cerveau en mode sans échec. Là, pour l'instant, mon cerveau échouait à aligner ses pensées et travailler correctement, ça faisait quelque temps. En fait j'avais cumulé beaucoup de choses, la libération de Ben Hollander avait été le coup de grâce, le déclencheur soudain de mon état pathétique et lamentable, celui que ma petite amie subissait depuis plusieurs jours déjà. J'étais dans cet état étrange où tout semble échouer dans ma vie, chaque fois que je fais quelque chose j'ai le sentiment de ne pas réussir et pire encore que jamais je n'y arriverai. Chaque jour je m'entraine durement, je m'impose un rythme élevé et je répète plusieurs heures ce que Kate m'apprend et pourtant je me prends une autre défaite dans la gueule. Et devant elle. Sa présence n'avait rien changé, j'aurai perdu de toute façon mais le fait qu'elle ait vu … C'était comme si j'avais voulu lui lancer en plein visage que nos entrainements ne servaient à rien, or ce n'était pas le cas. Je ne progresserai qu'en m'entrainant encore et encore. Seulement j'étais dépité d'avoir l'impression de ne pas avancer, d'avoir l'impression de faire du sur place. A quoi bon passer deux heures tous les jours à me faire mal physiquement, à aller au-delà de la douleur et jusqu'à l'épuisement si ce n'était pour aucun résultat ? Et si je n'arrivais à rien parce que ce n'était pas ce que je devais faire ? Ce que je devais être ? Si je n'étais pas fait pour être avec elle et que c'était la façon comique que l'univers avait de me le dire ? Je n'ai jamais cru à ces choses-là, aux forces supérieures, aux entités absolues, aux Dieux, à la Divine Providence ou au Hasard. J'ai toujours cru qu'il y avait ce que je pouvais faire et ce que je pouvais apprendre à faire. Sauf que ce n'était peut-être pas le cas. Que je n'étais peut-être tout simplement pas capable d'apprendre à me battre. Pourtant quand Kate parle d'arrêter les entrainements un moment, alors que c'était pratiquement ce que j'avais demandé et carrément ce que j'avais dit, je le prends comme un signe de sa part. Elle constate mon impuissance en combat et s'est bien rendue compte de l'inutilité de nos entrainements. Je hoche la tête.

« Je préférerai progresser mais c'est mieux ainsi. Tu t'entraineras avec des gens de ton niveau, à ta hauteur à la place. »

Moi peut-être qu'un jour il y aura un miracle quelconque. Ce n'était pas en ne m'entrainant pas que j'allais progresser, je crois que c'était assez évident pour que je le sache même dans cette phase sombre de mes pensées. Toutefois je préférais arrêter les entrainements même s'ils me faisaient du bien et que j'avais l'impression de progresser à la fin de chacun. Si Kate acceptait si facilement que nous arrêtions c'était qu'elle devait avoir compris que ça ne servait à rien, que j'étais incapable de progresser. Alors si je n'étais jamais à sa hauteur en combat, que je ne serai jamais à la hauteur de ses attentes dans nos entrainements et définitivement jamais à la hauteur de ses espérances dans ma progression, je pouvais éviter de faire des bourdes en tant que petit copain. Ne pas répéter les erreurs que j'avais commise avec Sarah. Je ne pouvais pas changer grand chose pour protéger Kate, sans doute pas avant un avenir très lointain, mais je pouvais ne pas la faire poireauter des années en attendant une demande qu'elle allait devoir me forcer à faire.

Ce n'est ni l'endroit, ni le moment et mon cerveau le sait, je le sais, je le sens en moi, je connais déjà sa réponse parce que je l'aime, qu'elle m'aime mais que cette demande est prématurée, stupide et certainement la forme la plus évidente de mon besoin d'elle pour m'aider à sortir du trou dans lequel je m'enfonçais seul. Sans surprise elle referme la boite entre mes doigts en m'expliquant que ce n'est pas encore le moment, que cette bague est un souvenir de Sarah, qu'elle est ma propriété, mon précieux trésor. Sa dernière phrase est la plus douloureuse, elle fait monter en moi une envie violente mais ma main n'a pas la force de lui rendre la gifle qu'elle m'avait donnée. De quel droit parlait-elle pour Sarah ? Je n'ai même pas le cœur à répliquer, blessé par cette douloureuse parole encore un peu plus.


J'entends les clefs tourner dans la serrure comme les mots de Kate, les deux dernières phrases qu'elle avait prononcé avant que je ne la ramène chez elle, tournaient encore et encore dans ma tête. En rentrant j'avais pensé aller dormir mais ce n'était pas le cas. J'avais attrapé une bouteille de vin, la première qui venait, le bouchon avait rapidement été enlevé et je m'étais assis en tailleur devant le feu. En moins de quatre minutes la bouteille était vide, c'était du blanc, du mauvais blanc, un truc qu'on utilise pour cuisiner, m'en fou, 14,2° c'était tout ce que je voulais. J'avais rajouté des bûches dans le cheminée, ça faisait un quart d'heure que je rajoutais bûche sur bûche, tirage ouvert au maximum, les flammes étaient grandes et dégageaient un maximum de chaleur. Il faisait une chaleur tropicale dans le loft, surtout si près des flammes. Ca donnait chaud et soif. Je contentais ma soif en buvant les alcools qui tombaient sous ma main, opération fond de bouteille.

Quand Kate ouvre la porte, elle me découvre avec un air souriant sur le visage, le sourire du mec heureux et léger, apaisé par l'alcool. Deux bouteilles de vin trainaient non loin, dans ma main une bouteille d'un whisky quelconque à peine entamée mais dont je bois une généreuse, très généreuse rasade. Je suis en boxer, assis en tailleur devant le feu, j'avais trop chaud sinon. Dans mon autre main fermée la bague. Juste la bague. A côté de moi, du côté où il n'y avait pas les bouteilles vides, un carton. Dans le feu des papiers qui brûlent, des photos principalement mais aussi des lettres. Le feu est intense, le conduit métallique est rouge sous l'intensité de la chaleur dégagée.

« T'avais carrément raison ! Enfin pourquoi ça m'étonne encore, t'as toujours raison. Il faut que je me reprenne, que je prenne un nouveau départ. Alors on … enfin je surtout … va faire table rase du passé. Alors ce soir, opération Tabula Radada … ou un truc du genre. On nettoie le vide ! »

De mes doigts j'attrape une poignée de photos et de lettres qui finissent au feu, dans ma main qui s'est agitée, je sens la bague que j'observe un instant … Avant qu'elle ne prenne à son tour le chemin des flammes.

Alors que la brune parlait de mettre les entraînements en suspens, juste durant un temps, Henry semblait décidé à tout arrêter. C’était à n’y rien comprendre. Les événements récents avaient totalement changé la façon d’être du jeune homme. Elle avait peine à reconnaître celui qu’elle aimait parfois tant il était dur et avec elle et avec lui-même. Il ne cessait de rester bloqué sur des choses qui n’en valaient pas la peine ou pour lesquelles il ne pourrait de toute manière rien faire. C’était triste de la voir ainsi, ça la faisait souffrir mais la belle essayait de tenir le cap comme elle pouvait. Ce qu’il lui répondit la fit tiquer. Il voulait progresser et en avait les moyens. Mais tant qu’il serait dans cette nappe de brouillard noire, il y aurait des soucis presque à chaque entraînement et cela ne l’aiderait pas à aller mieux. Les entraînements avec des gens à sa hauteur commençaient avec lui , contrairement à ce qu’il croyait. Seulement la jeune femme eut la sensation que si elle lui disait, elle allait une fois de plus l’énerver ou le titiller sur un point qui ne lui convenait pas. La force d’un entraînement résidait surtout dans la multitude d’adversaires que l’on pouvait affronter. C’était pour cela que Lily avait l’habitude de faire changer de partenaires régulièrement dans ses cours. C’est pour ça aussi que l’étudiante ne se comptait pas des entraînements avec sa mère.

Tu as largement les capacités de progresser. Mais je n’ai pas l’impression que tu es la tête à t’entraîner actuellement ...

Ce qui suivit lui prouva qu’il n’allait vraiment pas bien, qu’il n’était pas apte à réfléchir. Cela confirma aussi  à Kate qu’elle avait d’autres choses à se soucier concernant l’écrivain que ses entraînements à l’heure actuelle. A quel moment avait-il pu penser une seconde que lui demandait sa main maintenant, avec la bague de son ex-fiancée, alors qu’il n’était presque pas apte à décider seul comme il allait s’habiller, était une bonne idée ? Attrapant les mains tremblantes de son petit ami, la brune lui fit gentiment refermer les doigts sur la boite qu’il tenait tant bien que mal. Et si elle n’aimait pas faire ce genre de choses, elle parla au nom de Sarah, pour essayer de le faire réagir, sans imaginer une seconde le fléau qu’elle allait déclencher par la suite.


Après qu’il l’ait déposé chez elle, la jeune femme ne se sentit pas de l’abandonner ainsi. Il ne lui fallut pas plus d’une minute pour se décider et se mettre en chemin pour le rejoindre au loft. Evidemment, elle était loin de se douter de ce qu’elle trouverait une fois qu’elle aurait déverrouillé la porte d’entrée. Le beau brun était en boxer au milieu du salon devant une cheminée qui créait une chaleur quasi tropicale dans son appartement. Son regard se posa rapidement sur les bouteilles vides. Elle avait dû le laisser au maximum une vingtaine de minutes seul. Kate ne fit pas tout de suite attention au carton. Trop préoccupée à observer son petit ami pour voir s’il ne s’était rien fait de mal mais cela ne semblait pas le cas. S’avançant tranquillement, ôtant rapidement sa veste et son sweat pour finir en débardeur tant la chaleur était trop élevée, elle aperçut alors des résidus de choses qui brûlaient dans la cheminée. C’est alors que Henry se mit à lui parler d’une manière étrange, désagréable, irritante. De quoi parlait-il ? L’étudiante ne lui avait jamais demandé de faire de table rase du passé ? C’est là que ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle le fit prendre une poignée de photos et les jeter, avec entrain, dans la cheminée dans les flammes débordaient. Après les papiers, ce fut la bague, que le jeune homme balança dans la cheminée pour rejoindre les documents qui commençaient à brûler.

Déjà la brune s’était mise en mouvement, allant remplir dans la cuisine un saut d’eau tant qu’elle put, sans qu’il ne soit trop lourd à jeter et sans que cela ne lui prenne trop de temps non plus. Putain .. Combien de photos de Sarah avait-il déjà brûlé avant qu’elle n’arrive ? Pourquoi avait-elle accepté d’être déposée chez elle ? Sa petite amie s’en voulait clairement. Arrivant avec le seau devant la cheminée, elle ne laissa pas le temps à l’ivrogne de réagir qu’elle balança toute l’eau sur la cheminée avant de se ruer dedans pour récupérer ce qu’il restait des photos ainsi que la bague qu’elle récupéra au prix de brûlures conséquentes. Elle était tellement chaude que Kate l’échappa  sur le sol, l’envoyant rouler sous le canapé, tant le petit anneau avait marqué sa main droite. Elle avait mal c’était un fait, physiquement mais surtout psychologiquement. Les photos étaient à présent à ses pieds, elle les avait écrasé pour tenter de sauver ce qu’il en restait et la bague de fiançailles de Sarah était sous le canapé. Elle aurait bien le temps de la lui récupérer après. C’est sa main la plus blessée qui partit d’un seul coup. Ses nerfs étaient en train de craquer mais de toute évidence pas autant que le garçon lui-même. Si la jeune femme mesurait le timbre de sa voix pour ne pas exploser les tympans de l’écrivain, les vibrations dans le ton de sa voix ne laisseraient aucune hésitation à son interlocuteur quand à la fureur qui était en train de s’emparer d’elle. Elle n’était pas du genre à s’énerver mais là, Henry était allé beaucoup trop loin. Son regard émeraude était en train de le transpercer. Se rendait-il compte du mal qu'il se faisait en plus à agir ainsi ?

Je ne t’ai jamais dit d’oublier Sarah et encore moins d’effacer toutes les traces de son passage, tous les souvenirs que tu as d’elle. Je ne comprends même pas pourquoi tu ne portes plus sa bague autour du cou. Ce qui est arrivé est dramatique. Mais ça Henry, tu le sais et tu sais aussi que tu ne pourras jamais rien y changer. Si je pouvais te ramener Sarah, je te jure que je le ferais. Mais c’est impossible et tu le sais. Tout ce que tu fais là c’est te faire du mal encore et encore. Hollander est un enfoiré, je suis probablement une connasse et tu aurais très certainement gagné ton combat si je ne t’avais pas déconcentré. Ces vérités ne changeront pas quoi que tu décides. Alors tu peux continuer à te morfondre comme tu le fais depuis plusieurs jours. Mais arrête ce genre de conneries tout de suite parce que je serais là pour t’arrêter à chaque fois sinon, jusqu’à ce que tu cesses et que tu te décides à recommencer à aller de l'avant.

Sur ces mots, elle baissa la vitre avant d’attraper la bouteille encore pleine de sa main gauche et de se diriger vers la cuisine pour faire couler de l’eau froide sur ses mains, surtout la droite. Kate but un gorgée du whisky que son petit ami avait entamé. Il était dégueulasse mais bon tant pis, ça l’aiderait un peu à supporter la douleur. Ses mains n’avaient pas été épargné, particulièrement la droite qui avait dû aller chercher bien loin la bague. Ses poignets et ses bras aussi avaient morflé. Heureusement que l’évier de la cuisine était assez profond pour qu’elle puisse passer tout cela sous l’eau froide.

L'alcool allège les esprits mais fait également faire des erreurs, comme celle que je faisais en ce moment. Où était-ce vraiment une erreur en fin de compte ? Il fallait que j'aille de l'avant, Kate voulait que je me reprenne, il fallait donc repartir et pour se faire, le mieux était encore de faire table rase de ce passé qui me faisait souffrir, qui m'empêchait d'avancer et de voir le monde comme je devrai le voir. Alors assis devant ce feu de cheminé, simplement vêtu d'un boxer tandis qu'une chaleur tropicale envahissait les lieux, je jette des photos et des lettres dans le feu. Des lettres que j'avais écrites et que Sarah avait toujours gardé, des lettres que Sarah m'avait parfois écrites, bien plus rarement toutefois, et des photos de nous deux, les dernières qui avaient survécu de mon ménage de printemps le jour de la visite de Hollander. Je voulais faire disparaître tout ce qui ne concernait pas Kate, me libérer du poids de la présence de Sarah dans ma vie. Ca ne serait pas nécessairement si évident que de brûler des objets nous ayant appartenu mais je considérais cela comme un départ, un nouveau départ, comme un petit pas vers quelque chose qui serait une sorte de renouveau. Un peu à la façon d'un phénix qui renait de ses cendres. Sauf que je n'entendais pas m'immoler personnellement. Du moins à l'heure actuelle ce n'était pas au programme. Quoi qu'avec la fournaise qui servait de feu, il était aisé d'imaginer que je puisse cuire à l'étouffé dans l'appartement si la température devait encore grimper de quelques degrés.

Quand Kate arrive dans l'appartement, je lui expose mes idées, mon plan, mon trait de génie, celui de nettoyer par le vide, de purifier par le feu, bref de faire un bon gros reset en mode sans échec. Ce n'était pas ce que ma petite amie m'avait dit de faire cela va de soi mais c'était ce dont j'avais l'impression d'avoir besoin. Si cette idée m'était venue avec l'alcool, je m'étais d'abord dit que c'est une mauvaise idée et puis je me suis souvenu que j'ai bu, donc que je ne dois pas m'écouter donc que c'était une bonne idée. Ca va vous avez réussi à suivre ? Parce que je doute que d'expliquer ça ainsi à ma petite amie ne m'apporte beaucoup de succès, elle risquait de ne pas apprécier une telle explication. Mais bon, je lui ai dit de quoi il retournait, ce que je voulais faire et tandis que je regarde le feu faire son œuvre sur la poignée de photos que j'avais lancé dedans, j'y rajoute la bague qui se trouvait dans le creux de ma main. Elle aussi me retenait en arrière, m'empêchait d'aller de l'avant et elle aussi faisait du mal à Kate. Comme toutes les choses que je faisais au quotidien, tout ce que je voulais réussir mais que j'échouais à faire. Je n'avais pas envie d'être juste le mec qui l'attend à la maison pour la rendre heureuse de petites surprises, je voulais partager sa vie, même celle de Venom. Cela promettait d'être plus délicat que prévu et à l'heure actuelle, ça semblait une montagne infranchissable.

Seulement, sans surprise, ma petite amie n'est pas d'accord avec mon plan qu'elle tente annihiler d'un seau d'eau, je suis plutôt fier de voir que mon feu des enfers résiste à l'eau que j'ai échoué, vous sentez le thème de l'échec revenir parque moi oui, à l'empêcher de lancer. Il reste des flammes, qui déjà commence à assécher le bois humide pour que puisse continuer de vivre le feu purificateur qui me libérera de mon passée. Du moins c'était le plan. Le plan en revanche n'incluait pas la présence de Kate ou ses mains s'élançant dans les flammes amoindries pour chercher ce que je faisais brûler. Une gifle sonore quoi que affaiblie par ses brûlures, la bague est tombée au sol, à roulé sous le canapé et les mots arrivent. Ils affluent. Et elle part, direction la cuisine avec ma bouteille de whisky. MA bouteille de whisky bon marché, dégueulasse mais avec quelques degrés !

Je la rejoins dans la cuisine, l'air un peu penaud du gamin qui sait qu'il a fait une connerie mais qui n'entend pas en démordre. L'alcool rend con les enfants, même si vous avez l'alcool joyeux comme c'est mon cas, ça rend con, très con. Ca empêche de voir que l'autre s'est fait vraiment mal pour vous protéger. Ca empêche de voir la raison même quand elle vient de vous être lancée en pleine face. L'alcool c'est mal. L'alcool c'est tabou, on en viendra tous à bout. C'est pour ça que je récupère la bouteille et que j'en bois une grosse, grosse lampée sur deux gorgées longues et sonores.

« T'es pas une connasse. T'es mon idiote. Mon amoureuse. Ma petite amie. Ma muse. Mon héroïne. Mon inspiration. Ma drogue. Mon oxygène. Ma lumière. Mon aimée. »

Si je n'étais pas saoul, et je ne l'étais pas encore totalement ça serait une super déclaration romantique à vous faire craquer n'importe quelle femme et la faire tomber amoureusement sur les rotules. Sauf que bon … Ma voix imprime quand même un peu l'alcool qui a commencé à envahir mon système. Heureusement que mes deux dernières années de vie m'avaient permis d'acquérir le bonus Résistance à l'alcool +10 et que j'étais stuffé "Jeune Buveur" ce qui augmentait mon score résistance à l'alcool de +7 encore. Quand même, il y avait de l'alcool dans mon système.

« C'est pas à toi de prendre la place de Sarah, c'est à moi. C'est moi qui n'ait pas su la protéger. Alors ouaip, comme tu dis, j'aurai rien pu faire et je le sais mais ça c'est pas juste ! Et c'est pas juste que l'autre connard soit sorti à peine deux ans plus tard. Et c'est pas juste qu'il soit toujours vivant. Qu'il ait une famille qui l'aime et que lui aime. Parce que la vie c'est pas juste et c'est tout pourri que ça soit comme ça. »

Gorgée d'alcool, merde elle est vide la bouteille, pas grave il lui reste quelques sœurs encore.

« Ton plus gros problème c'est que t'es pas foutue de voir quand les gens font quelque chose pour toi. Je porte plus la bague au cou parce que tu passes ton temps à te comparer à Sarah et que la bague ça te fait penser à elle. Je m'entraine pas pour me défendre, non mademoiselle, je m'entraine parce que j'espère pouvoir t'accompagner et te protéger quand il le faudra, et ouais, tu t'y attendais pas à celle-là, hein ? »

La bouteille claque de façon sonore quand je la pose involontairement trop fort sur le plan de travail.

« Et puis je vais te dire, il faut que j'aille de l'avant, que j'oublie le passé parce que tu sais quoi ? Je suis un gros con qui doute de lui, qui s'en demande beaucoup trop et voudrait pouvoir soulever des montagnes avant de réussir à soulever une moto, que j'ai peur constamment de pas être à la hauteur pour toi, que mon passé te fasse du mal. Mais toi t'es une idiote qui pense être tellement moins bien que Sarah, qui pense que si j'échoue c'est de sa faute et qui essaye de porter tout le poids du monde sur ses épaules. Bah t'sais quoi ? Sarah c'était une vraie chieuse. Et ouais. Elle râlait tout le temps, enfin pas tout le temps mais presque. Dès que je bougeais un truc dans le loft, PAF ! Elle râlait que c'est pas sa place et le remettait où il était. Je l’emmenais en voyage surprise ? PAF elle râlait que j'ai pas prévenu. On faisait shopping ensemble et je trouve son ensemble super ? PAF elle râlait que bien sûr que non, que je mentais parce que ça lui faisait de grosses fesses. Je disais que je m'en fous je les aime ses fesses ? PAF elle râlait que je suis un crétin. T'es pas parfaite, Sarah était pas parfaite et moi je suis la définition de l'imperfection. Mais je l'ai aimée elle et je t'aime toi sauf que je veux plus que tu te compares, que je veux aller totalement de l'avant pour toi et pour ça, faut que je nettoie par le vide. Que tu comprennes que tu es la seule et unique. »

Je m'approche d'elle, toujours les mains dans l'eau, et je dépose un petit baiser sur sa joue.

« Je t'aime Kate. Et j'en ai marre de te donner des raisons de penser que tu n'es pas la seule que j'aime. De te donner des raisons de penser que tu es moins bien que Sarah. Parce qu'elle était loin d'être parfaite comme je la décris sans cesse. »

Les mains et les bras sous l’eau froide, le ressenti du corps de Kate vacillait entre le trop chaud de l’appartement et la froideur de l’eau qui venait tenter d’arrêter les brûlures qu’elle venait de s’infliger. Même si le whisky qu’elle venait de boire était dégueulasse, elle sentait qu’elle aurait besoin de ça pour supporter la douleur qu’elle sentait monter. Seulement, ce n’était pas l’avis du beau brun qui vint récupérer sa bouteille pour la terminer, ne lui laissant pas une goutte de ce qui aurait pu être un pseudo anesthésiant pour elle. Il reprend la parole en commençant par lui dire qu’elle n’était pas une connasse avant de lui chercher à lui prouver en disant tout ce qu’elle pourrait être à ses yeux. La jeune femme n’osait même pas le regarder, faisant comme si elle se préoccupait de congeler ses bras plutôt que d’écouter ce qu’il avait à lui dire. Et pourtant, malgré le fait qu’il n’était pas dans son état normal, encore plus depuis qu’il s’était enivré plus que de raisons, ses mots la touchaient. A croire que l’homme qu’elle aimait ressortait d’autant plus lorsqu’il était ivre. Et pourtant, l’haleine alcoolisée qui arrivait à ses narines ne faisait pas rêver. C’est cette cruelle vérité et réalité qui lui faisait si mal. Elle avait l’impression de ramer de toutes ses forces pour l’aider à remonter la pente. Mais le courant semblait bel et bien trop fort tant elle perdait du terrain, qu’elle n’avançait pas du tout. La brune ne méritait pas les sentiments que l’écrivain avait pour elle, elle n’avait rien fait pour, elle semblait incapable de l’aider après toutes les fois où c’était lui qui l’avait sauvé de la noyade.

Le jeune homme reprit la parole, semblant vouloir lui faire des reproches. Parlait-il de prendre la place de Sarah dans son coeur ? Non, de toute évidence, il était en train de prendre la place de sa défunte fiancée dans sa tombe et si cela pouvait le rendre heureux, sa petite amie l’aurait fait avec plaisir. Seulement, ça ne la ramènerait pas, jamais, que ce soit elle ou lui qui souhaitait céder sa place d’ailleurs. Les mots s’enchaînèrent et bien vite il arriva à la conclusion que la vie était injuste car rien de tout ça, de tout ce qu’il vivait n’était juste. Et c’était à elle qu’il disait ça, à elle, l’ex-prostituée qui n’avait la chance de le connaître que parce qu’il avait perdu Sarah. Kate ne savait que trop bien que la vie était injuste et qu’on ne pouvait se reposer en se disant qu’on avait connu le pire, car il y avait toujours pire. Elle ne put s’empêcher de marmonner, toujours sur les nerfs :

Si tu crois m’apprendre que la vie est injuste ...

Et alors les reproches se remirent à pleuvoir, à croire que c’était elle qui merdait depuis le début quand Henry ne cessait de déconner, mais pas dans le bon sens … Ses paroles semblaient sans queue ni tête jusqu’à ce qu’il reparle de la bague de fiançaille qu’il ne portait plus à cause d’elle, parce qu’elle se comparait d’après lui trop à sa défunte fiancée. Et puis il enchaîna, parlant du fait de l’accompagner dehors lors de ses sorties sous le masque de Venom. Mais depuis quand souhaitait-il ce genre de choses ? Il venait un peu de la scotcher et c’est pourquoi alors qu’elle voulait parler, elle fut encore plus surprise, son sursaut en étant la preuve, lorsqu’il claqua la bouteille bien trop fort sur le plan de travail. Et il reprit, faisant pleuvoir les plaintes et les reproches pour son compte cette fois. Il ne lui apprit pas grand chose, son manque de confiance en lui et son manque de patience, la jeune femme s’en était déjà rendue compte. Peut-être avait-elle voulu trop prendre sur elle, peut-être qu’il avait raison. Mais ça c’était à la base pour le soulager lui, même si sa façon de faire était peut-être maladroite. Il n’avait pas le droit de lui reprocher ça. Le beau brun continuait d’insister sur le fait qu’elle se comparait trop à Sarah, enfonçant le couteau dans la plaie encore plus profondément. Et là, il se mit à faire un tas de reproches sur sa défunte fiancée, à croire que tout le monde allait y passer ce soir. Les mains et les bras de Kate tremblaient sous le froid tétanisant de l’eau, mais elle n’y faisait même plus attention, trop concentrée sur ce qu’il était en train de lui dire, se sentant piégée, obligée de l’écouter critiquer celle qu’il avait tant aimé. Se rendait-il compte du mal qu’il leur faisait à tous les deux en agissant de la sorte ? L’étudiante semblait comme tétanisée après ses aveux. Elle s’en voulait de l’avoir poussé à cette extrême, elle s’en voulait aussi de ne pouvoir changer cela. Parce que la vérité, c’est quand sans la mort de Sarah, elle ne serait pas là, elle ne l’aurait jamais connu même. La colère du début cédait petit à petit du terrain au chagrin, laissant les larmes monter dans ses yeux sans s’en échapper pour le moment. Le contact fugace des lèvres de son amant sur sa joue, elle le sent sans réellement réaliser, perdue dans ses pensées, ressassant tout ce qu’il venait de lui balancer à la figure. Se rendait-il compte que jamais il ne l’aimerait elle seule. Même si avec le temps, la brunette prendrait peut-être plus de place dans son coeur, si leur histoire va aussi loin. Mais Sarah resterait un pan entier de sa vie. Une larme s’échappa, glissant sur sa joue avant d’aller mourir sur son bras, lui rappelant que l’eau salé générée par ses yeux était plus chaude que celle du robinet. Ses doigts n’allaient pas tarder à virer au bleu mais elle n’y sentait plus, elle ne s’en préoccupait plus. Lorsqu’elle s’exprima, sa voix était brisée, parlant encore plus bas que d’habitude comme pour avouer une vérité honteuse, et c’était le cas.

Si elle n’était pas morte Henry, je ne t’aurais jamais connu ...

Prenant le temps de respirer, elle sentait que cela n’allait pas se terminer ainsi, pas si facilement. Entre l’alcool et son état de base, l’écrivain n’avait peut être même pas fini de vider son sac.

Je ne pourrais jamais me comparer à elle ne la connaissant pas. Et je savais déjà que le portrait que tu en faisais était trop proche de la perfection pour être réel Henry. Je ne pense pas être stupide ou naïve à ce point.

Elle se retint de dire “pas du tout”. Si Kate n’était pas le genre bête, malgré leurs dernières moqueries, elle n’était clairement pas naïve avec tout ce qu’elle avait vécu.

Tu n’as jamais réalisé que ton plus grand malheur était ce qui avait causé l’un de mes plus grands bonheurs ?

Sa voix était tremblante en disant ça. Elle peinait à avouer tout haut ce qui n’était qu’une simple vérité, qu’un simple fait. Et pourtant, c’était tellement évident. L’étudiante prit son courage à deux mains, tentant de chasser les larmes qui embuaient ses yeux et planta son regard émeraude sur le garçon. Ses mains et ses bras étaient de plus en plus glacés à mesure que l’eau froide continuait de s’écouler.

Si Sarah était encore là Henry, je ne t’aurais jamais connu ...

C’était aussi simple que ça. Si pour lui, cela n’aurait probablement pas changé grand chose, il était heureux et amoureux avec son ex-fiancée aussi après tout, pour elle cela avait changé beaucoup de choses. Des hommes en six ans, elle en avait croisé beaucoup, surtout avec son ancien métier de barmaid. Et pourtant, pas un ne l’avait intéressé, pas un ne s’était comporté comme le beau brun. Comment pouvait-elle souhaiter qu’il oublie Sarah quand c’était sa disparition qui l’avait mené à elle ? Au fond d’elle, la jeune femme se sentait redevable.

Non, c'est sûr ce n'est pas à elle que j'apprendrai que la vie est injuste, qu'elle est mal faite et donne à certains qui ne mériteraient pas, tout en prenant à d'autres qui mériteraient mieux. J'avais parlé sans réfléchir, du moins sans prendre le temps de la réflexion, l'alcool n'aide jamais personne à réfléchir même si ses effets sont divers et variés sur les gens. Je n'avais encore jamais vu Kate boire beaucoup, jusqu'à ce que l'alcool commence à dicter sa conduite, je serai curieux de savoir quel effet l'alcool peut avoir sur elle. Une femme dangereuse et de l'alcool, ça peut devenir particulièrement risqué. Ou pas ? Je n'étais pas sûr de vouloir savoir et ce soir je n'étais pas en état de réfléchir aussi loin, juste de me faire pincer l'esprit par la remarque piquante de la jeune femme. Elle a entièrement raison, si quelqu'un sait que la vie est injuste, c'est bien elle.

« Non, tu le sais déjà. Mieux que quiconque. »

Pour apprendre quelque chose sur les injustices de la vie à Kate, il fallait se lever de bonne heure et franchement, même moi je n'étais pas aussi matinal. Cependant je sais quels effets ont l'alcool sur moi, Sarah me l'avait fait remarquer plusieurs fois par le passé. L'alcool, outre me rendre affreusement léger faisait également voler en éclat tous mes filtres sociaux. Je parlais sans aucune retenue intellectuelle, je parlais avec mon cœur, je m'ouvrais totalement et entièrement sur ce que je ressentais, ce que j'aimais et ce que je n'aimais pas, une franchise des plus absolues que Kate ne tarde pas à entendre quand je lui parle de la bague, de Sarah et d'elle, de l'accompagner dans ses sorties. La soupe à la grimace quand je décide qu'il est grand temps d'en mettre un peu dans les dents à tout le monde. D'abord à moi parce que je suis loin d'être parfait et ce n'est pas rien de le dire, en serions-nous là si j'étais parfait finalement ? Puis ceux sont Kate et Sarah, les deux femmes que j'aimais qui en prennent pour leur grade, l'une après l'autre, chacune copieusement parce que je veux faire comprendre à Kate que Miss Parfaite ne l'était pas, ne l'a jamais été mais que c’était plus facile pour moi d'oblitérer tous ses mauvais côtés.

J'écoute les réponses de Kate tout en m'approchant d'elle et délicatement je passe mes mains sous les siennes, sans les serrer pour les sortir de l'eau glaciale lorsqu'elle termine. Je laisse ses mains reposer sur les miennes rendues un peu tremblantes, mais surtout chaudes, par l'alcool que j'avais ingurgité. Je n'en avais pas bu tant que ça en réalité, ça serait faux de dire que j'avais beaucoup trop bu. J'avais exagéré oui c'est un fait mais j'avais encore plus ou moins la tête sur les épaules, assez pour que mon cerveau soit ralenti et non en panne. Il me faut un peu plus de temps pour analyser ce qu'elle vient de dire, pour comprendre les larmes sur ses joues et la peine que je lui fais, elle avait raison mon idiote adorée, il faut que ça change, il faut que je change, il faut que je retourne à être le petit copain amoureux qu'elle aime côtoyer.

« Le malheur des uns fait le malheur … Le bonheur des autres fait mon … Non … Merde … Je l'aime pas cette phrase. »

J'aime tout simplement pas que Kate pense ainsi. J'essaye de réfléchir à la bonne tournure mais je suis en mode sans filtre.

« C'est pas toi qui l'as tuée. Personne a payé Hollander pour le faire non plus. Sarah est morte parce que c'est comme ça … Elle a eu un accident, un truc qui pourrait arriver n'importe quand. Je pourrai glisser en allant dans la salle de bains et m'éclater la tête sur le lavabo. Tu pourrais rater une marche dans l'escalier. »

Ceux sont des choses qui peuvent arriver, des choses horribles c'est vrai, perdre Kate serait le coup de grâce dans ma vie mais ça pouvait arriver.

« Seulement tu vois ce que tu fais ? Tu essayes de porter le poids d'un fardeau qui n'est pas le tien. »

Oulah, elle fait mal aux cheveux celle-là et je me la répète trois fois dans ma tête pour être sûr que je l'ai prononcé comme il fallait et oui ça semble cohérent.

« Je t'interdis de t'en vouloir que Sarah soit morte et que c'est pour ça que t'es à mes côtés. C'est pas une rencontre sportive où j'ai décidé de faire jouer Kate parce que Sarah s'est cassée la cheville. »

Je la regarde dans les yeux, un regard romantique ça serait top mais bon elle va devoir se contenter du regard un peu hébété et 'alcoolisé que j'arrive à lui lancer.

« Kate c'est pas le plan d'urgence, c'est pas le parachute de secours, c'est pas le filet de sécurité. Kate c'est ma petite amie, que j'aime autant que j'ai aimé Sarah. Et tu vois c'est pour ça que je veux sortir Sarah de ma vie, parce que sa présence te blesse, involontairement. C'est pour ça que je veux que tu vois, que tu comprennes que je me consacre à toi, seulement à toi et que si elle garde une place dans mon cœur, c'est toi qui le squatte désormais, c'est toi qui peut me faire mal à en pleurer tellement je t'aime. »

Je la regarde dans les yeux, regrettant presque l'alcool mais je ne dirai pas toutes ces choses-là sans l'alcool qui délie ma langue et fait tomber mes barrières de retenue.

« C'est pour ça que je veux savoir me battre et t'accompagner dans tes sorties. Parce qu'un accident je peux rien faire pour te l'éviter, que demain Hollander peut te renverser et je n'aurai que mes yeux pour pleurer. Mais si un connard tente de te poignarder pendant qu'un autre essaye de te fendre le crâne avec une pelle … Et ben je veux être capable de te défendre, de t'aider. Je veux être ton Robin pendant que tu seras Batman. Je veux être ton Kato pendant que tu seras Green Hornet. Je veux être ton Sam Gamgee pendant que tu seras Frodon. Je veux être ta Harley Quinn pendant que tu seras le Joker. »

Et ouais, et je l'affirmais. Sidekick and proud !