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 [Livre I - Terminé] When England meets Ireland
Christopher Hart
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MessageSujet: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptySam 26 Mai - 15:43

When England meets Ireland


Christopher ϟ EnglandEva ϟ Ireland
[Livre I - Terminé] When England meets Ireland 95699110[Livre I - Terminé] When England meets Ireland Eva0110


5 janvier 2050, commissariat central de l’EPD

Enfoncé paresseusement dans le siège de son bureau, dos rond et bras lâchement posés sur le clavier d’ordinateur, le lieutenant Hart tapait son rapport avec l’énergie d’un gastéropode. Ses yeux mi-clos, fixés sur l’écran lorsque les paupières résistaient à l’effet écrasant de la pesanteur, reflétaient un formulaire aux (trop) nombreuses cases blanches, lesquelles se noircissaient signe après signe entre deux bâillements.
Sur le plan de travail, un gobelet de café (maxi taille pour maxi coup de fouet) presque vide se tenait à l’écart, prostré dans une position de honte. La reine des boissons au sein de l’EPD, plus chargée en caféine que les produits du commerce, échouait lamentablement à honorer sa réputation d’énergisante suprême.
Le café lyophilisé « spécial police » n’avait pourtant aucune raison valable d’éprouver un tel sentiment de culpabilité : aucun stimulant n’était assez puissant pour motiver Christopher à accomplir ses ennuyeuses besognes administratives. L’officier de terrain était autant à sa place derrière un bureau qu’un léopard dans une cage.

Un espoir naquit dans l’esprit ensommeillé de Christopher lorsqu’une notification apparut dans le coin supérieur droit de l’écran. La petite icône clignotante pouvait signifier bien des choses : les vœux tardifs d’un haut fonctionnaire pour ses chers policiers d’Europolis (avec en pièce jointe le message subliminal : faites votre boulot, mais ne vous avisez pas de me coller une prune), une circulaire relevant d’un décibel le seuil du tapage nocturne (les paroles du dernier groupe de K-pop à la mode peuvent résonner dans tout l’immeuble tant que le sonomètre est d’accord), un rapport de mise à jour incompréhensible du service informatique (ajout des émoticônes « menottes » dans la version 2050R2 135.1547 d’EurOS), l’invitation à un pot de départ (Bébert déménage du placard à la maison de retraite), ou plus rarement le Saint Graal du flic occupé à remplir de la paperasse  : une convocation de toute urgence.

Le message était affublé du tag « Priorité : normale », mais Christopher y réagit avec la même promptitude qu’un appel du chef de la police à se présenter immédiatement à son bureau.
Il se dressa d’un bond, comme un diable sortant de sa boîte, enfila sa veste en étirant ses membres engourdis et prit une longue inspiration.

L’analyse de la moto et du casque dans l’affaire du cambriolage aux docks de Coal District était terminée. Christopher avait la possibilité de réceptionner et consulter les documents sur son poste de travail, mais l’occasion de se dégourdir les jambes était trop belle pour l’ignorer.
En outre, le lieutenant expérimenté savait que les conclusions de ces rapports d’analyses scientifiques ne comportaient jamais les intuitions et incertitudes de l’auteur. Celles-là mêmes qui débouchaient parfois sur des pistes intéressantes, voire déterminantes. Il fallait un contact humain, les questions d’un enquêteur chevronné pour extraire toute la sève des données brutes.
Christopher ne portait aucun grief envers les manipulateurs de pipettes et spectromètres de masse pour ce manque d’audace. Formatés dans un moule de précision et d’exactitude, ils ne pouvaient se livrer totalement dans le fonctionnement actuel des institutions judiciaires. La moindre erreur ou interprétation inexacte menaçait ces esprits brillants de sanction, tandis qu’obéir scrupuleusement aux conventions menait doucement aux échelons supérieurs.

Christopher traversa le dédale de couloirs et d’escaliers qui parcourait le centre tentaculaire de l’EPD comme un réseau de veines et de vaisseaux sanguins. Les muscles de ses jambes avalaient les marches avec voracité, plus rapides que les ascenseurs qu’empruntait le personnel pressé et impotent. Une dernière série de longues enjambées le conduisit en un temps record jusqu’au département chimie de la police technique et scientifique.
À peine essoufflé, il aborda avec un sourire aimable les savants et techniciens en transit dans les longs corridors afin de localiser ce Walsh. La plupart haussaient les épaules en bredouillant leur ignorance, le nez plongé dans des documents inintelligibles ou une réflexion abstraite. Certains lui grognèrent un « Par là » en pointant une vague direction du doigt.

Le nom de ce criminologue était inconnu du lieutenant, pourtant muté à Europolis en 2040. Natif d’Angleterre, Walsh lui évoquait le nom que ses compatriotes donnèrent aux Irlandais (les «Welshmen») après les invasions normandes du XIIe siècle. Si le scientifique était bien originaire de l’île d’émeraude, l’initiale de son prénom inaugurait peut-être un Evan, un Ethan, ou un Eoghan plus traditionnel.
Christopher pariait sur Ethan, prénom devenu populaire au cours des dernières décennies.

Au terme d’un jeu de piste typique de l’EPD, le policier parvint à l’antre d’E. Walsh.

La porte était déjà ouverte, révélant une pièce aux volumes généreux où s’entassaient pêle-mêle dossiers et appareillage de pointe. Bureau aux allures de laboratoire ou labo aménagé en salle de travail polyvalente, l’endroit hybride empruntait aux uns et aux autres sans favoritisme.
Une femme s’affairait à l’intérieur, une cascade de longs fils d’or chutant derrière ses épaules. Sans doute l’assistante de l’illustre criminologue bardé de diplômes.
Christopher donna quelques coups sur le battant pour signaler sa présence, se raclant poliment la gorge avant de prendre l’initiative de la parole.
L’assistante pivota sur elle-même d’un geste fluide, substituant à la blonde chevelure un visage laiteux aux traits réguliers. Ses pommettes légèrement saillantes lui donnaient un petit air facétieux, contrastant avec la sévérité du grand front arrondi où siégeait un cerveau bien construit. Ses grands yeux en alerte dénotaient une curiosité pétillante, prompte à saisir les plus infimes détails.

— Bonjour, dit l’Anglais. Excusez-moi, je cherche…

Après la découverte de ce visage inconnu, les yeux du policier s’étaient attardés mécaniquement sur la poitrine de la jeune femme. Non, pas sur la zone que les hommes ont la fâcheuse habitude de regarder avec plus ou moins d’insistance, mais sur un point très précis situé en haut en gauche, à quelques centimètres sous la clavicule.

Le nom E. WALSH s’inscrivait en larges caractères d’imprimerie sur la bande nominative fixée à sa veste.

Les sourcils du policier se soulevèrent tandis que sa bouche resta entrouverte un bref instant. Une mouche habile aurait pu s’y engouffrer sans risque.
Une fois encore, Christopher pouvait remballer son intuition de flic et ses déductions basées sur des statistiques. Malchance notoire ou profonde incompétence, les premières idées du lieutenant étaient rarement lumineuses (les deuxièmes non plus).
Non seulement l’assistante gagnait une promotion substantielle, mais Walsh portait assurément un autre prénom qu’Ethan, Evan ou Eoghan. Christopher ne se hasarda pas à émettre un nouveau pronostic (bien que son esprit lui soufflait Emma).

— C’est vous que je cherchais, se rattrapa Christopher. Je suis le lieutenant Hart, chargé de l’enquête sur la moto et le casque que vous avez analysés. Auriez-vous du temps à m’accorder, afin de m’expliquer en détail ce que vous avez découvert ?
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptyDim 3 Juin - 15:39

When England meets Ireland

When England meets Ireland

Christopher & Eva



Commissariat central de l’EPD, 5 janvier 2050

Depuis une bonne heure, les doigts d’Eva tapotent avec fluidité sur le clavier de l’ordinateur. Elle rédige avec la précision qui la caractérise, les rapports des analyses qu’elle a bouclées au cours de la journée. Aucun crime ou accident n’étant à déplorer sur ces douze dernières heures, elle n’a pas été appelée sur le terrain. Elle a donc pu se plonger sans interruption dans les analyses pour les enquêtes en cours. Enfin du temps pour avancer un max ! Elle n’empêche pas un sourire de flotter sur ses lèvres. Les éloquents résultats la mettent en joie, et c’est à chaque fois avec la satisfaction du devoir bien accompli qu’elle dépose les documents sur le serveur de la Centrale.
Et voilà basta !, s’écrie-t-elle à l’unisson avec le dernier clic.
Les bras déployés en l’air, elle se recule dans son siège pour s’adosser contre le dossier. Un large sourire étire sa bouche, alors qu’elle savoure son exploit.

*À cette minute, mesdames, messieurs, levez-vous et applaudissez ! Je suis à jour*

Sur les enquêtes qu’elle impute aux têtes d’affiche, du moins. Dans un coin de la pièce traîne encore des bacs de scellés en attente de ses attentions. Comme il s’agit d’enquêtes triviales – selon ses propres critères –, elle a décidé qu’elles ne méritent pas la magie de ses doigts de fées. Comptez donc sur elle pour faire place nette à la première occasion, ouste chez les collègues – débutants ou anciens – pour qui les affaires sans envergure sont des respirations salutaires.

Un rapide coup d’œil à l’horloge murale l’informe que son service a touché à sa fin il y a quelques heures auparavant. Inutile de louer sa dévotion au travail, jouer les prolongations, c’est la norme dans un département en sous-effectif. Et avouons-le, Eva squatte bien souvent pour vaquer à des travaux tout personnel. Et pourquoi se gênerait-elle ? Si on lui met à portée de mains des équipements spécialisés et des substances coûteuses, n’est-ce pas pour qu’elle s’en serve à sa guise ?

Tiens tiens…, marmonne-t-elle en voyant soudain apparaître un nouvel email.
Elle s’agrippe aux dessous du bureau pour se redresser et se projeter vers l’écran. Intriguée par le nom du destinataire, sa main s’empare de la souris et va ouvrir le message. À la lecture des quelques lignes, un sourire franchement amusé détend ses traits. C’est un policier qui lui a écrit. Le Sergeant Joshua Mason d’après la signature. Il vient de prendre connaissance des analyses et souhaite avoir des précisions. Autour d’un café, propose-t-il. Vu l’heure, c’est clairement une Kilkenny qui tente l’Irlandaise. Quelque chose dans la formulation, trop ouverte, lui fait sentir un faux prétexte. Faisant tournicoter la sourie autour du nom de l’émetteur, elle sonde sa mémoire pour mettre un visage au prénommé Joshua Mason. Il n’a pas précisé l’enquête dont il est responsable, ce qui l’aurait aiguillé sur la scène de crime de leur rencontre, – si ce sont là les circonstances de leur rencontre. Rien n’est moins sûr. De la tête aux pieds emballée de sa combinaison informe, on ne peut pas dire qu’elle fasse sensation. En revanche, elle gagne une certaine popularité dans le pub où se rassemblent les policiers à la fin de leur service. Elle sourit, piquée dans une curiosité grandissante pour l’énigmatique Josh… Elle se met debout. C’est décidé, il faut qu’elle sorte prendre l’air, croquer une morce et roupiller longuement! Et pour l’une de ces activités – sinon toutes –, pourquoi ne pas être accompagnée mhm ?

Avec un rouge à lèvres éclatant, elle ravive les contours d’une bouche sensuelle. Elle n’a pas répondu au mail. Préférant surprendre et recueillir les réactions, ça sera un rendez-vous à l’improviste ou rien ! Se libérera-t-il séance tenante pour elle ? Suspens ! Et ce n’est pas lui déplaire, qu’importe le résultat.

*Ça là, ça là, ça ici, et ça zou dans le tiroir !*

Fschhhfschuiii. Avec empressement, la chimiste s’affaire à remettre un minimum d’ordre dans les appareillages dont elle s’est servie. C’est une habitude plus qu’une nécessité. Depuis le début de la semaine, elle occupe ce labo-bureau seule ; son collègue de bureau s’est absenté pour une durée indéterminée. Rien de grave, juste un petit craquage de nerfs… avec toutefois arrachage des derniers poils sur le caillou, sanglots et bégaiements incohérents. Attention aux rumeurs de couloir ! Bien que présente au moment des faits, Eva n’a aucune part de responsabilité là-dedans… ou si petite. Tout au plus fut-elle la goutte d’eau qui fit déborder un vase trop plein. En effet, son confrère traversait depuis un bon moment une mauvaise passe dans sa vie conjugale. À la longue, avec les horaires à rallonge et les images macabres qui hantent, ça limite leur disponibilité et leur entrain dans les activités familiales. Le jour de la crise, il est revenu six pieds sous terre d’une audience où le ténor du camp adverse a tiré à boulets rouges sur les approximations du rapport d’expertise. Passer à la moulinette l’expert fait partie des manœuvres auquel les requins en robe sont passés maîtres. On a beau s’y préparer, une fois à la barre, on se sent à chaque fois mis au supplice. Eva en sait quelque chose, ce n’était donc pas faute de compatir, mais avec son manque de tact habituel, elle a merdé dans le timing. Au lieu de d’abord tendre les bras et offrir une écoute réconfortante, elle crut opportun de proposer ses services de relecture annotée pour de futurs rapports d’expertise. Ça a été trop, le pauvre type s’est effondré et mon Dieu que ce fut moche à voir!

Avec désormais le risque écarté d’un cafteur en puissance, la chimiste goûte une tranquillité d’esprit… qui dépouille toute l’excitation de trafiquer en secret ! C’est son drame, elle a besoin d’éprouver de l’intensité dans ce qu’elle fait, sinon ça l’ennuie tout simplement. Elle ferme les yeux, après que s’annonce un visiteur importun. Ça, c’est son autre drame, elle s’est rendue indispensable. On la réclame sans cesse ! M’enfin, elle y encourage en laissant sa porte entrouverte. Elle pivote pour faire face au nouveau venu qui, s’il ne semble pas savoir qui il recherche, en revanche, sait où poser les yeux. Naturellement, elle sourit. Si la Nature l’a dotée de somptueuses formes, c’est pour qu’on les admire.

*Voilà une entrée en matière prometteuse*, remarque-t-elle, alors que le barbu réalise que c’est elle qu’il cherchait.

Elle n’est pas telle qu’il l’a imaginée, mais pour autant, il ne paraît pas mécontent. Tout au plus, surpris.
Lieutenant Hart, répète-t-elle en appuyant légèrement sur le nom, non pour mémoriser car, ce nom s’est déjà logé dans un recoin de son esprit.
De même que l’homme, puisqu'elle l’a déjà aperçu quelquefois. Comme souvent, la réputation précède. On lui a raconté l’histoire de la fiancée véreuse.
Vous démentez votre réputation, dit-elle tout de go. Ou m'aurait-on menti?
Avec une grâce rieuse, elle marche vers une armoire à portes battantes, tandis que ses doigts déboutonnent sa blouse.
J’ai entendu dire que vous ne sortiez pas de votre grotte. Sinon pour allumer un cierge dans la maison de Dieu.
Elle ouvre l’armoire et troque sa blouse avec un manteau. D’un mouvement de tête qu’on croirait emprunter à un pub de shampooing, elle dégage sa chevelure que le vêtement aplatissait.
Et vous voilà, devant moi, me confessant que je suis celle que vous cherchiez. C’est trop d’honneur, Lieutenant Hart !
Elle se penche en avant en se baissant légèrement pour attraper son sac à main avant de refermer le vestiaire.
Mais désolée, je ne peux pas être votre Lumière. Et je le regrette, croyez-le bien, mais j’ai terminé mon office pour aujourd'hui. Vous pouvez retenter votre chance avec Dr Hickman à côté. Bye !
Entre atterrir au pieu avec le mystérieux Josh et blablater avec le pieux Hart, il n'y a pas à tergiverser… alors pourquoi bon sang, fait-elle marche arrière pour repasser sa tête dans l'embrasure de la porte ?!
Si vous avez le temps de m'emmener sur le pont du saut de l'Ange à la chevelure flamboyante, je peux prendre le temps de vous donner des détails, lui propose-t-elle un marché d’une voix à peine moins espiègle qu’auparavant.
C’est au dépôt de la police qu’elle avait passé au peigne fin la moto accidentée. De l'accident, elle n'a vu que des photos, et il faut croire que ça la chiffonne toujours de n’avoir pas pu s’imprégner de l’environnement.

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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptyLun 4 Juin - 17:48

When England meets Ireland


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[Livre I - Terminé] When England meets Ireland 95699110[Livre I - Terminé] When England meets Ireland Eva0110


5 janvier 2050, commissariat central de l’EPD

Nom de dieu, mais d’où est-ce qu’elle sort ? s’interroge Christopher.
Visiblement pas de l’usine à nerds où sont fabriqués en série les visages coincés qui travaillent à la Police Technique et Scientifique, comme si leur régime d’équations mathématiques et formules chimiques bloquait le transit intestinal.

La dernière fois que le lieutenant s’est adressé à l’une de ces têtes de constipé, il a eu droit à un certain Nickman, Trickman ou autre nom du même acabit. Épaules voutées, grosses lunettes aux verres épais, cheveux gras comme son postérieur débordant de chaque côté d’une chaise qui peinait à rouler sous le poids éléphantesque. Son assistante, une jeune brune aimable comme une porte de prison, affichait le visage hargneux de ceux qui en veulent à la terre entière (Christopher ne lui en voulait pas, passer ses journées avec Nickman-Trickman avait de quoi saper le moral des plus coriaces). Reste qu’en voyant le scientifique se récurer les narines, Christopher avait perdu l’envie de lui tirer les vers du nez. Et le sourire colgate qu’il avait lancé à gueule-de-je-vais-te-bouffer-tout-cru n’avait reçu pour écho qu’un retroussement de babines.

Avec le ravissant sourire (le mystérieux pouvoir des fossettes) que lui adresse Walsh, la bonne humeur de Christopher lui revient comme à un joueur du loto ayant coché cinq bons numéros. D’autant qu’avec les volumes généreux bombant le haut de la blouse, sa lecture de la bande nominative fixée au niveau de la poitrine aurait pu être mal interprétée. (L’idée que son regard a été interprété de manière incorrecte ET accueilli avec un sourire ne traverse même pas l’esprit du policier.)

— Hart sans le « e », précise Christopher quand elle répète son nom, une erreur que font souvent les gens d’Europolis.

Le policier reconnait vite l’accent irlandais, avec ses voyelles plus douces et des consonnes plus dures que son anglais londonien. Une manière de parler qui va bien à cette femme au teint pâle, mais visiblement haute en couleur.
Sa réputation de cul béni est parvenue jusqu’aux oreilles de cette inconnue qu’il ne connait ni d’Eve ni d’Adam. Une réputation déformée-amplifiée-répétée comme des ragots de couvent. Christopher aurait pu s’en offusquer si ces paroles n’étaient pas sorties d’une bouche aussi rieuse (toujours cette magie des fossettes).
En outre, le mauvais chrétien ne décèle aucune méchanceté chez cette femme énergique et boute-en-train, animée d’un humour provocateur qui force le sourire (peut-être pas celui de ses collègues constipés). Christopher a toujours été sensible à ces qualités, beaucoup trop rares dans son quotidien ponctué d’horreur et de drame.
Son inconscient fait d’ailleurs le rapprochement avec Lauren, à qui Walsh ressemble à bien des égards – jusqu’à ses fins cheveux d’or qui suivent avec une grâce surnaturelle chaque mouvement de tête.

— Ce doit être l’effet blanc immaculé de votre blouse, rétorque-t-il avec un sourire amusé, vous ressemblez presque à une nonne sans son couvre-chef. Ou à une jeune mariée, version liaison covalente double avec le professeur Lavoisier. Si en plus vous pouvez m’éclairer sur cette affaire…

Le regard fixé sur son interlocutrice tandis que celle-ci change de tenue et ramasse son sac, Christopher savoure la grâce dans les gestes, l’harmonie dans les formes. Toute lubricité est absente de son regard encore endeuillé, mais l’esthète prend le dessus sur le policier et s’émerveille durant quelques instants.

Car les belles histoires ne durent jamais. Même les dernières productions Disney rompent avec l’optimiste surréaliste d’antan. Montre en main, la rencontre magique de l’Anglais et de l’Irlandaise aura duré une minute plus ou moins trente secondes (la précision des montres n’est plus ce qu’elle était).

Mademoiselle – ou plus certainement madame, ce genre de femme attire les hommes comme le miel attire les abeilles – E. Walsh (influencé par les paroles religieuses, Chris penche désormais pour Evangelina) lui claque la porte du vestiaire au nez. Pire, elle le renvoie au Dr Hickman (le même Nickman-Trickman dont il a gardé un souvenir impérissable, à l’exception de son nom).

Elle quitte la pièce à la vitesse d’un ouragan, laissant un Christopher pris de court, médusé. Son visage fermé reflète la déception qui l’étreint, mais aussi sa détermination farouche. Le respect et les bonnes manières poussent le Britannique à ne pas abuser de Walsh. À commencer par le temps libre de cette jeune femme, qu’il imagine rempli d’activités ordinaires et joyeuses – tout le contraire de lui.

Mais les belles histoires ont aussi pour caractéristique d’offrir une chute surprenante, un renversement inattendu de dernière minute.

Alors que le lieutenant s’imagine déjà retourner à son bureau et rédiger ses fichus rapports (le supplice du formulaire est un moindre mal que l’ogre Hickman en plein récurage), le visage facétieux de Walsh réapparaît comme par magie.

— Avec grand plaisir, répond-il sans se faire prier. Mon temps est précieux, mais le crime n’attend pas. C’est très généreux de m’accorder cette faveur.

Une manière de se donner le beau rôle sans masquer son enthousiasme. Progresser dans son enquête est sa motivation première, mais partir en balade avec la sémillante Walsh le réjouit d’avance.
Loin d’être séduit, l’ex-fiancé cocufié par la pègre reste néanmoins sur ses gardes. L’air enjoué qui éclaire son visage n’est pas feint, mais son regard observateur détaille chaque petit geste de la criminologue. Sa longue expérience dans la police et son histoire personnelle lui ont enseigné que les apparences sont trompeuses. Pas rarement ni quelquefois, mais presque toujours. Et plus la devanture est agréable, plus la part d’ombre risque d’être répugnante.
Ses habitudes de flic reprennent donc le dessus tandis qu’il guide l’experte dans les méandres de l’EPD jusqu’à sa voiture personnelle.

— On entend rarement un accent irlandais aussi pur que le vôtre. Vous vivez à Europolis depuis longtemps ? Vous y avez de la famille, des amis ? Et le « E » sur votre badge est bien l’initiale de votre prénom ? (Cette fois, son intuition de policier lui souffle Esther comme prénom appropriée à une chimiste.)

Puisque Walsh connaît sa réputation, Chris ne s’inquiète pas de la mauvaise interprétation que pourraient avoir ses questions. Grâce à sa vie chaste et austère, le personnel de l’EPD ne voit guère « Monk » comme un dragueur en puissance et se méprend rarement sur ses intentions.

— En tout cas, on voit peu de visages aussi jeunes à un poste aussi élevé de la PTS. Votre CV a dû impressionner le DRH. Et vous possédez assurément une excellente mémoire, pour m’exposer les résultats de vos analyses en détail sans avoir le dossier sous les yeux.

Les paroles sont flatteuses, le ton est aimable, le sourire charmant, toutefois le lieutenant cherche à acculer son interlocutrice dans les cordes comme le ferait Stubborn lors d’un combat. Promotion canapé ? Réelles compétences ? Un mélange des deux ? Rien de tout ça ?
Heureusement pour Christopher, il est plus doué pour interpréter le langage du corps et les intonations dans la voix qu’émettre des hypothèses justes.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptyDim 10 Juin - 16:49


Lorsque le policier anticipe la confusion orthographique sur son patronyme, Eva rehausse en coin son sourire. À l’oreille seule, sans doute se serait-elle méprise, mais le nom est inscrit dans des documents qu’elle a eus sous les yeux ; ses associations ne sont pas liées à l’organe vital.
Comme on désigne, en langue française, la corde qui étranglait les criminels menés à la potence, remarque-t-elle à la suite de son interlocuteur. Un nom qui vous a prédestiné, semble-t-il.
À bien des égards, mais elle lui épargnera une allusion aux cornes du cerf. Ils ne se connaissent pas assez pour pousser la taquinerie sur un sujet sinon sensible, du moins privé. L’espace d’une seconde, l’esprit de la blonde s’absente pour se revoir feuilletant un ouvrage au milieu d’autres éparpillés autour d’elle. Sa mère était – l’est-elle toujours? Là où elle se trouve... – enseignante de littérature étrangère, avec une passion pour les œuvres relatant l’histoire médiévale. Avec le dérangeant sentiment que la fiancée de Hart ne sera pas le seul fantôme à rôder autour d’eux si la conversation devient plus personnelle, Eva les embarque sur un terrain moins miné, à savoir les on-dit qui circulent quant au mode de vie ascétique du surnommé « Monk ».

Tournant le dos à son interlocuteur alors qu’elle revêt son manteau, un rire enfantin, léger et cristallin s'échappa de ses lèvres. Amusée – à sa grande surprise – par les farfelus rapprochements d’un homme qu’on lui a décrit triste comme une tombe sous un jour de pluie. Elle prend son sac. Gagnerait-il à être mieux connu ? Il semble moins mortellement ennuyeux que les racontars ne le laissaient entendre. À la volée, elle referme la porte du vestiaire. Le souffle qui cajole son visage, ravive alors le désir du souffle diablotin d’un homme à son oreille, sur son cou... Non, ce soir, le beau regard du prêcheur ne la déviera pas de ses projets pour la convertir à l’abstinence. Comme plan B, elle le renvoie à son confrère Hickman dont on croirait les fesses boulonnées à son siège tant il ne le quitte jamais. Remarquez qu’au vu du poids que doivent soutenir ses jambes, la position assise est presque une prescription médicale. Le pas plein d’allant, elle franchit le seuil de la porte pour viser un flirt avec le sergent Mason… avant de rondement rebrousser chemin et lancer une proposition au lieutenant.

*Je te jure des fois, je suis pire addict !*, se reproche-t-elle sa curiosité inépuisable pour les criminels qui mettent en échec les autorités.

Tandis que Hart accède à sa requête, elle lui lance un regard plus intense. Il paraît foncièrement investi dans sa mission d’assurer la sécurité et la protection des citoyens. Un flic intègre, pur et dur ? C’est trop tôt pour formuler une opinion éclairée, elle se réserve cela pour plus tard... et si affinités. Elle se recule dans le couloir alors qu’il l’y rejoint. Ce dernier dégage dans son attitude une réactivité qui plaît à la chimiste.
Je ne fais qu’apporter ma pierre à la collaboration entre les services, donne-t-elle à croire à une faveur qu’elle ne réclamera en retour.
Pensez-vous, ça serait mal la connaître ! Évidemment qu’elle compte invoquer auprès du lieutenant l’échange de bons procédés à la première occasion profitable. D’ailleurs le sourire qui accompagne ses paroles laisse planer peu de doute sur son altruisme intéressé.

À la Scientifique, les âmes qui vivent se confinent dans les salles à autopsier ou à analyser, conférant aux couloirs une atmosphère aseptisée à la limite du lugubre. Ça ne dérange pas Eva, bien accompagnée par un compagnon enclin à bavarder. Elle sourit à la remarque sur son accent perçu comme pur à l’oreille de l’Anglais, pourtant, il est moins prononcé qu’au naturel.
Je dois l’estomper pour être comprise, mais je ne cherche pas à le faire disparaître, j’y tiens ! C’est un peu de mon île que je garde avec moi. Pour mon accent pur, vous devriez m’entendre après une bière.
Un appel du pied ? Certainement, mais elle envoie ce genre de signe à tout va sans pour autant attendre une concrétisation.
Laissez-moi réfléchir... Elle lève la tête en l’air, ça fait quoi ? Un, deux.. ah juste deux mois ? Deux mois que j’ai posé ma valise ici. Et intégré la grande famille de l'EPD.
Sa vie sociale n’est pas encore développée, mais son travail ne lui donne pas vraiment loisir de connaître du monde en dehors du cercle des collègues.
Je connaissais un peu Europolis, j’y avais fait des sauts quelquefois durant mes études. Principalement, pour des visites à son petit-ami de l’époque. Uniquement mon frère, en quelque sorte. Il est souvent déployé à l’étranger. Et vous ? Vous êtes ici depuis la création de la Capital ?
Ils arrivent du côté des couloirs plus en effervescence à cause des allers-venus des policiers en partance ou au retour de patrouille.
C’est en effet l’initiale de mon prénom. Voyons à quel point vous êtes fin limier, Lieutenant Hart, le défie-t-elle avec un éclat d’audace dans les yeux. Ecoutez bien l’indice : mon prénom se dérive de la tenue qui me sied le mieux.
À peine vantarde la nana ! Mais si Hart souhaite apprécier de ses propres yeux, cela n’embarrassera pas Eva de lui dévoiler la preuve. À bien considérer, elle n’a peut-être rien perdu au change en laissant tomber le rencard avec le sergent Mason. En tout cas, elle s’amuse de l’exquise ambigüité qui s’est installée dans leur conversation.

Elle ne saurait dire si c’est un réel intérêt pour sa personne ou si ce n’est que par déformation professionnelle,  – et à vrai dire, les motivations du policier lui importent peu – mais les informations qu’il collecte, il ne les obtiendra pas sans également entrer dans son jeu à elle.
Ai-je besoin de présenter un CV quand tout est dit en me voyant ?, demande-t-elle sur le ton de la plaisanterie, assumant toutefois les opportunités que son joli minois lui ouvre.
D’autant qu’elle sait ce qu’elle vaut et où elle veut aller. Malgré sa jeune carrière, elle se moque de faire ses preuves et cette confiance lui donne un culot qui supplée aux années d’expérience.
Vous allez pouvoir juger par vous-même, mon CV, vous l’avez animé sous les yeux, et en action.

Ils marchent vers la voiture du policier, dans laquelle la jeune femme s’installe promptement afin de ne pas être plus longtemps à la merci du froid de cette soirée d'hiver.
Vous étiez le premier à prendre en chasse la motarde. Si votre mémoire rivalise avec la mienne, pourrions-nous refaire toute la course poursuite jusqu’au pont ?, demande-t-elle en tirant sur la ceinture de sécurité, qu’elle ne semble pas arriver à boucler.
Dans un geste de renoncement qui révèle un manque surprenant de persévérance, elle relâche la ceinture qui remballe à sa place initiale et tourne la tête vers le conducteur.
Pouvez-vous, Lieutenant Hart, m’attacher?, sollicite-t-elle de l'aide, d’une voix qui n’est pas exempte de sous-entendre une invitation friponne...

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Christopher Hart
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptyLun 11 Juin - 19:48

When England meets Ireland


Christopher ϟ EnglandEva ϟ Ireland
[Livre I - Terminé] When England meets Ireland 95699110[Livre I - Terminé] When England meets Ireland Eva0110


5 janvier 2050, commissariat central de l’EPD

Christopher est doublement décontenancé par la répartie de la scientifique sur son nom de famille.
Que ce soit à Londres ou à Europolis – deux mégapoles cosmopolites avec une importante communauté française, jamais on ne lui a parlé de cette analogie. Il s’attendait à rencontrer une tête remplie de savoirs scientifiques, mais les connaissances de la criminologue s’étendent aussi à l’histoire… du crime.
Par ailleurs, Walsh appuie cet étalage de culture avec un délectable humour noir dont les Anglais raffolent – Christopher en particulier.
Avec une ferveur pas très catholique, il remercie les ennuyeux rapports de police de l’avoir motivé à venir jusqu’ici.

— Vous m’impressionnez, lâche-t-il spontanément. Vous avez manifestement plus d’une corde à votre arc. J’ai connu pas mal de mangeurs de grenouilles (version britishement correcte de « fromages qui puent »), mais aucun amateur d’histoire parmi eux, on dirait. (Chris se frotte la barbe, faussement songeur.) Je comprends mieux pourquoi Paul craignait toujours que je lui enfile sa laisse. (Il réalise que sa remarque peut mener à diverses interprétations, dont certaines à base de tenues olé olé en cuir et de cravaches en crin de cheval.) C’était le bulldog d’une voisine, précise-t-il avant d’essuyer une remarque égrillarde.

Le policier rejoint Walsh dans le couloir avec un réel enthousiasme, accueillant avec un sourire satisfait la remarque sur la coopération entre les services. Peu importe le sourire malicieux qui trahit d’autres intentions, le lieutenant approuve.
Après tout, une collaboration saine fonctionne toujours dans les deux sens.
Encore faut-il qu’elle démontre ses capacités. Les connaissances en histoire de France, c’est bien pour nourrir la conversation ; les compétences en chimie légale, voilà ce qui intéresse réellement le policier.

— Ah ! Si tout le monde voyait les choses comme vous, nous pourrions bâtir des pyramides qui rendraient les pharaons verts de jalousie ! À condition d’utiliser des pierres de qualité, bien entendu.

Le message est clair. Madame ou mademoiselle Walsh use de sa langue avec un talent et une élégance indubitables, mais ces préliminaires appellent une démonstration plus édifiante.

En attendant, la scientifique répond aux questions du policier avec une loquacité exemplaire. Elle incarne à bien des égards la suspecte idéale, celle qu’on ne rechigne pas à interroger toute la nuit.
Christopher joue de son côté l’oreille attentive, le confident à qui on dévoile volontiers ses secrets. Il opine du chef au fur et à mesure afin de manifester son intérêt et l’encourager à poursuivre.

— Vous avez bien raison. Votre accent fait partie de… (non, pas votre charme) vous et j’aime entendre l’incroyable richesse de nos langues et dialectes. Quelque part, cette diversité montre la réussite du projet européen, notre capacité à vivre ensemble.

Naturellement, le londonien préfère son accent propret et raffiné (snobinard, diraient les oreilles de mauvais goût) au dialecte grossier, quasi vulgaire des Irlandais. Leur manie de couper les « g » final des mots en « ing », quelle horreur ! Heureusement, c’est cette fâcheuse habitude que Walsh s’emploie à gommer afin d’être comprise.
Christopher n’a donc aucune envie d’entendre la version brute. Il note cependant qu’elle s’adonne à une autre coutume non moins fâcheuse de ses compatriotes, la plus connue d’entre toutes : la consommation – généralement excessive – de bière.

Le lieutenant enregistre mentalement le parcours de la scientifique, relève qu’elle vit seule – pour le moment. Ce qu’il entend le réjouit au plus haut point : deux mois chez la police scientifique d’Europolis est un délai très court pour une hypothétique corruption. Walsh semble trop babillarde pour garder secrètes des informations confidentielles, mais ses analyses ne devraient guère souffrir d’un manque de probité. Un frère militaire est de surcroît une bonne caution d’intégrité.
En principe, du moins. Car Lauren provenait d’une famille de militaires, son frère a servi tout au long des conflits mondiaux, pourtant son nom figurait parmi une ribambelle de flics ripoux et autres fonctionnaires corrompus.

— Et votre intégration se passe bien ? J’imagine qu’une personne comme vous ne doit avoir aucun mal à se trouver des amis.
Pour ma part, je vis à Europolis depuis dix ans. J’étais déjà lieutenant de police à Londres avant de travailler ici.


Une ombre recouvre soudain le visage de Christopher.
Venir à Europolis figure parmi les plus grosses erreurs de sa vie. Mais à l’époque, il n’avait aucun moyen de le savoir.
Tout ce qu’il souhaite à cette jeune femme, c’est qu’elle ne connaisse jamais les mêmes déboires et désillusions que lui. La capitale exerce un pouvoir morbide sur ses habitants, broyant et souillant les âmes comme un génie du mal. Combien de temps y résistera-t-elle ?

Cette ombre fugace quitte le visage du policier dès que Walsh énonce une curieuse devinette sur son prénom. Ses yeux s’écarquillent tandis qu’une veine gonfle sur sa tempe, comme s’il a cessé de respirer.
Contrairement à son intuition exécrable qui déroute les experts en probabilité et statistiques, l’esprit de déduction du lieutenant fait le plus souvent honneur à sa profession. À cause de son mode de vie ascétique, les relations et les sujets salaces font néanmoins partie des exceptions.
Dans le cas présent, il devine rapidement la solution de l’énigme, doute aussitôt.
Subit-il l’influence des savoureux jeux de mots sur la religion de tout à l’heure ? À moins que son esprit paresseux récupère le prénom Evangelina qui lui avait traversé l’esprit ?
Plus important : Walsh est-elle culottée à ce point ? (Ou du genre à troquer volontiers la culotte pour une feuille de vigne.) Et que signifie ce regard de défi ? Le mélange de force et d’audace qui danse furieusement dans ses yeux noisette le stimule autant qu’il le déstabilise. L’Irlandaise combine un esprit vif et brillant à une délicieuse effronterie, sans jamais tomber dans la crasse vulgarité qui répugne l’homme élevé dans le protestantisme.

Christopher hoche la tête, le regard plongé dans les yeux vifs de son interlocutrice. Non, il ne s’agit pas seulement d’un banal test d’intelligence. D’ailleurs, si la scientifique est aussi observatrice que son esprit est affuté, elle sait depuis la première seconde qu’il tient la bonne réponse.
Après quelques secondes interminables, Christopher répond sur un ton faussement sérieux qu’un sourire joueur contredit :

— Mary ? Maria ? Le blanc immaculé de votre blouse m’a tellement ébloui que je vous verrais bien en tenue de mariée, ou de vierge Marie. Je suis néanmoins disposé à croire que d’autres tenues mettent davantage en valeur vos atouts. En tant que policier, vous comprendrez que je me base sur ce que mes yeux voient, pas sur le fruit de mon imagination.

Christopher mettrait sa tête sur le billot (ou dans une hart !) qu’Eva (s’il a bien deviné) est aussi vierge que sa voisine du dessous (à l’étage inférieur, pas dessous lui), une célibataire dont les bruyants ébats passionnés semblent l’unique constante de sa vie affective.
Envoûté par cette sirène effrontée, le cocufié se laisse peu à peu entraîner sur un terrain où il ne s’aventure plus depuis longtemps. Plaisanter sur des sujets égrillards ne fait plus partie de ses habitudes, en particulier au travail.

Christopher ne peut s’empêcher de pouffer quand l’Irlandaise répond à ses questions masquées avec le même aplomb teinté d’insolence.
Aucune moquerie ne transparait dans la réaction spontanée du lieutenant, juste un franc amusement face à cette débauche d’assurance farouche.

— Les faits, mademoiselle Walsh, les faits… Dans la méthode scientifique que vous maîtrisez mieux que moi, l’observation est seulement la première étape de l’OHERIC, n’est-ce pas ? Et d’aucuns commenteraient que vous êtes blonde. (Les yeux du policier s’attardent sur la magnifique cascade dorée qui jaillit de son crâne.) J’ai néanmoins formulé une hypothèse sur les lignes avantageuses de… votre CV, il me tarde à présent de passer à la phase expérimentale.

La scientifique répond du tac au tac qu’il va pouvoir juger par lui-même, « en action ». Son CV, comme elle a l’intelligence de préciser. À force de paroles ambivalentes, on ne sait plus trop sur quel pied danser.
Christopher ne demande rien d’autre qu’une démonstration. S’il lui ouvre la port… s’il a voulu lui ouvrir la portière de sa voiture par galanterie, précédée dans son geste par l’élan de cette personne énergique, c’est en premier lieu pour son enquête.
Qui en douterait ?

Le véhicule bleu métallisé est à l’image de son propriétaire : une ligne classique, des contours élégants ; une carrosserie robuste qui dissimule une motorisation puissante ; un habitacle propre et fonctionnel, sans fioritures. Un œil averti remarquera l’usure du siège conducteur, en contraste avec l’état presque neuf des autres places assises.
Seule lacune dans cette voiture à l’état exemplaire : une odeur âcre de sang et de sueur, à peine perceptible, qui imprègne le tissu des housses.

Alors que le lieutenant allume l’ordinateur de bord, la criminologue le prend à nouveau de cours en demandant à parcourir tout l’itinéraire de la poursuite.
Christopher tourne la tête en direction de sa passagère, clignant rapidement des yeux. En dix ans de métier à Europolis, aucun membre de la PTS ne lui a jamais formulé ce genre de requête. Il n’en voit d’ailleurs pas l’intérêt.
Avant qu’il songe à demander des explications, la polissonne laisse négligemment glisser la ceinture de sécurité et quémande son assistance virile.

Je rêve, ou cette femme me fait vraiment de l’œil ?
Jusqu’à présent, Christopher prenait toutes les paroles d’Eva à la rigolade sans songer une seconde au moindre contact physique.
Soit Walsh appartient à une catégorie spéciale de nymphomanes, soit la scientifique a inhalé un cocktail chimique (accidentellement ou volontairement) qui stimule son appétit, soit cette femme qu’il vient tout juste de rencontrer a le béguin pour lui et se montre entreprenante (une attitude conforme à l’impétuosité irlandaise).

Après un moment d’hésitation, Christopher se penche vers la jeune femme, avance le bras et… tourne le régulateur de ventilation d’un cran vers la gauche – léger apport d’air frais.

— Vous êtes une personne intelligente, dit-il avec une bouche provocatrice. Je suis sûr que vous viendrez à bout de ce problème. La dernière personne à s’assoir ici était un gamin de dix ans, et il a réussi à boucler sa ceinture du premier coup.

Un mensonge. Un tout petit mensonge. Pour une bonne cause (la sienne). Pas de quoi risquer la damnation éternelle.
Pour la première fois depuis le début de leur rencontre (il n’a pas vu le temps passer), Christopher se sent mal à l’aise. Le traumatisme de Lauren et un cortège de peurs profondément ancrées ressurgissent avec la puissance d’un tsunami. Il doit maintenir Walsh à distance (pas facile, dans l’intimité de sa voiture) et se contrôler pour éviter un raz-de-marée dévastateur.

— Cramponnez-vous, lance-t-il en guise d’avertissement.

Le lieutenant démarre en trombe, manœuvre avec dextérité dans le parking souterrain qu’il connaît par cœur. Dès le premier virage qui laisse les hauts bâtiments de l’EPD hors de leur champ de vision, Christopher ouvre un petit comportement situé entre les sièges avant, en extrait un gyrophare qu’il place sans arrêter de conduite sur le toit du véhicule.
L’ordinateur de bord affiche aussitôt la charge de l’appareil (100 %), le niveau de fixation magnétique (réglé au maximum) et les options disponibles. Le lieutenant presse la commande ROTATIVE LIGHTS puis POLICE SIREN en ajustant le volume à un quart. Assez pour alerter les véhicules alentour tout en permettant aux passagers de s’entendre sans besoin de crier.

— J’étais dans un véhicule de patrouille, mais ça fera plus réaliste, justifie-t-il. Et si on reste au milieu de la circulation, nous allons y passer la nuit.

Joignant l’acte à la parole, le policier sort de la file principale et bascule dans le couloir réservé aux véhicules d’urgence – ambulances, pompiers, forces de l’ordre.
Naturellement, il n’a aucun droit d’emprunter cette voie strictement réglementée pour emmener une collègue sur une scène de crime. Surtout à titre officieux.
Mais quelque chose lui dit que la scientifique ne s’en formalisera pas, bien au contraire.

— Je nous emmène aux docks de Coal District, c’est dans un entrepôt de matériel high-tech que le cambriolage a eu lieu. Le central m’a contacté peu après le déclenchement de l’alarme. La suspecte a mis le feu à une poubelle en espérant créer une diversion, mais j’ai préféré faire appel aux pompiers et prendre la motarde en chasse. Aucune vie n’était menacée.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptyDim 1 Juil - 19:53


Enrubanné d’une charmante spontanéité, le policier la complimente. Ça la change des scientifiques ampoulés et blasés qui ont soi-disant tout vu, tout lu et tout entendu. Prétendument songeur, il frotte son menton, sitôt, elle s’interroge : garde-t-il une légère barbe pour faire ressortir un côté séducteur ? Il mentionne un certain Paul à qui il passe la laisse… Elle remonte le regard de plusieurs crans, jusqu’à hauteur de ses yeux clairs. Il clarifie ses propos. Elle sourit, amusée. Aucune pratique scabreuse pour Monk, malgré qu’il ait besoin d’un coup de fouet. Histoire de dissiper cette aura tragique qui l’emmure dans ses instants d’inconscience. Si elle se souvient correctement de ce qu’on lui a narré, le monde s’est écroulé pour lui il y a plus de trois ans. C’est long pour tenir encore rancune à une défunte... et à la fois, court pour se remettre de la trahison d’un être aimé, si on peut  s’en remettre un jour.

Après avoir pris congé d’un bon pas, elle rebrousse chemin. Droguée à l’excitation intellectuelle causée par les mystères à résoudre dans la traque d’un coupable, elle se laisse tenter par la perspective de creuser l’affaire de la fugitive à moto. Elle a réagi sous le coup d’une impulsion, mais ne le regrette pas une minute alors qu’ils traversent les entrailles du commissariat. Avec son peps naturel, elle dégaine volontiers des sourires, qui tantôt taquinent et tantôt défient. Mais ceux qu’elle adresse à Hart, se teintent d’une curiosité piquée. Force est de constater que le portrait qu’on lui a dépeint ne lui rend pas justice. Est-ce par malveillance ou par méconnaissance ? On l’a décrit irascible, lent et assommant. Elle le découvre plein d’allant, d’esprit et d’humour. Plus la conversation va bon train, plus elle se sent embobinée par lui. Par petites touches, taquinant ainsi son impatience de le voir mener un abordage plus audacieux.
Vous nous entraînez sur un drôle de terrain, le prévient-elle avec un sourire étrange qui flotte sur ses lèvres. Figurez-vous, pour la réussite du vivre ensemble, je mise sur la souplesse des langues, donne-t-elle son opinion sans se départir de son sourire dansant.
C’est tout elle, nullement froid aux yeux lorsqu’il s’agit de jouer des perches qu’on lui tend – sciemment ou non.
C’est pour moi une ouverture à l’autre, d’entremêler nos langues. Vous êtes jeune encore, j’espère que vous n’êtes pas rebuté par cette pratique, ajoute-t-elle une couche.
À renfort d’allusions plus osées, elle n’est pas non plus en reste sur les messages à faire passer. Hart lui plaît bien ! Si pour certains, il est naturel de freiner les quatre fers, comme si l’attirance vient trop vite et qu’ils redoutent un piège, pour Eva, c’est l’envie d’éprouver l’ivresse – aussi éphémère soit-elle – qui allume ses prunelles. Elle pourrait se déclarer sans autant badiner, si elle pensait déclencher un amusement plus grand que celui de tenter par des sous-entendus.

Il l’interroge sur son installation à Europolis, notamment son intégration. Durant ces deux premiers mois, son travail prenant lui a laissé peu de répit pour sociabiliser, explorer, et encore moins prendre du bon temps ! Sans parler que les quelques jours de congé pour les fêtes de fin d’année, elle les a passées dans sa ville natale.
C’est plaisant ce que vous imaginez d’une personne comme moi, je n’ai plus qu’à être d’accord, botte-t-elle en touche.
Avec son contact facile, elle fait des rencontres et se lie tout aussi aisément. Or au final, la plupart de ses relations – tant amicales qu’amoureuses – ne décollent pas de la superficialité des premières rencontres. À cause d’un manque d’implication de sa part, lui reproche-t-on. Peut-être qu’il y a de ça, n’empêche que les autres y mettent-ils assez du leur pour la décider à s’attacher ?

Il confirme, ce qu’elle a deviné à la musicalité de sa prononciation : il est Anglais. Plus précisément, de Londres où il était déjà gradé lieutenant. Comme elle ne lui donne pas plus de 40 ans – plutôt autour de 35 ans –, le constat est simple : Hart n’a pas tardé à s’illustrer pour gravir les échelons. Étrange qu’il n’ait pas continué sur sa belle lancée, non ? Est-ce parce qu’homme de terrain, il goûte peu de devoir gagner une promotion par habiletés politiques, comme c’est requis plus on monte haut dans la hiérarchie ?
Nous sommes deux exilés d'une île, note-t-elle sans faire part de ses interrogations, les jugeant sur des sujets trop personnels. En quelques mois, les scènes de crime m’ont permis de visiter bon nombre de coins. Dix ans. Vous avez dû fouler la ville entière ! Vous feriez un bon guide.
Le loupé de l’appel du pied pour le verre se rappelle à son souvenir. Aussi interprète-t-elle l’air absent de Hart comme annonciateur d’un autre vent dans la face.
Que les foudres du Tout-Puissant ne s’abattent pas sur moi ! Je n’ai pas dit ça, pour invoquer le précepte d’assister son prochain. Je n’oserai solliciter du temps sur vos congés sacrés, encore moins pour vous détourner de vos obligations paroissiales, prend-elle les devants avec un zeste de dérision.

*Petite joueuse!*, et ça ne lui ressemble pas un tel manque de prise de risque.

Il lui prend donc l’envie de revenir en force dans le jeu. C’est avec un élan conquérant qu’elle rebondit à l’interrogation sur l’initiale inscrite sur son badge par une devinette tendancieuse.

*Sa tête !*, réprime-t-elle un éclat de rire, non pas moqueur, mais jubilatoire.

Elle est aux anges de lire sur les traits du policier le trouble confus dans lequel sa devinette le plonge momentanément. Pendant un temps, la seule évocation de son prénom le fera vaciller, et lui faire de l'effet lui plaît ! Le silence aguicheur qui s’est installé entre eux se voit rompu par le policier dont le sourire joueur le révèle plus réceptif que ses paroles ne donnent à penser.
Je ne parie pas sur Sherlock pour votre prénom. J’avais l’impression de vous avoir mise à nu, mon âme de pécheresse, joue-t-elle aussi le jeu de dupes. Mes parents ont été plus perspicaces que vous. Il leur a suffi d’entendre mes cris infatigables pour arrêter leur choix sur Eva, révèle-t-elle le prénom qu’il doit avoir deviné.
Qu’on ne s’y trompe pas, à cause des origines irlandaises d’Eva. Ses parents n’ont pas hérité avec leur confession catholique de la ferveur religieux de leurs ancêtres. L’inspiration pour son prénom n’est pas liée à la figure biblique, mais à une héroïne de roman qu’adorait sa mère.
Je comprends, et je salue votre rigueur professionnelle. Vous me rappelez à l’ordre ! La scientifique que je suis, ne peut se permettre d’avancer des choses sans démonstration et preuve à l’appui. Je m’amenderai, si nous sommes amenés à nous retrouver dans une proximité où le toucher pourra convaincre vos yeux ébahis.
Accompagnant un sourire autant enjôleur qu’amusé, elle hausse un sourcil, lui signifiant que la balle se trouve dans son camp.

La conversation – ou le flirt du côté d’Eva – se poursuit. Après la taquinerie sur sa couleur de cheveux, le rire clair de la jeune femme rend grâce à la répartie ciselée et irrésistible du policier.
Touché !, s’avoue-t-elle vaincue en français, et néanmoins avec un sourire enchanté.

Ils arrivent à la voiture. Très à l’aise avec cet homme qu’il y a peu, elle ne connaissait que par des ouïs dires, Eva s’y engouffre. Bien entretenu, se fait-elle machinalement la remarque. Posant son sac à ses pieds, elle note qu’il n’y a pas présence de salissure incrustée sur le tapis impeccable. Depuis que la voiture a été nettoyée, personne n’a occupé la place du passager avant. Bien sûr, il se peut que le nettoyage de fond en comble ait eu lieu la veille. Du genre maniaque de la propreté, Monk ? Elle tire sur la ceinture de sécurité, appréciant sa résistance. Un sourire éclos sur sa bouche. Pour confirmer son hypothèse, elle lâche la ceinture et constate la fluidité du mécanisme d’enroulement. D’après ses nombreuses expériences d’examen d’un véhicule, elle est inclinée à conclure que le siège passager n’est pas régulièrement pris d’assaut. Elle le prend alors au mot : fini le round d’observation, place donc à l’expérimentation ! Elle demande de l’aider pour boucler sa ceinture, avec un air ingénu qui ne le trompe pas. Il n’est pas tombé de la dernière pluie. Il sent bien qu’elle a un truc derrière la tête. En même temps, elle ne cherche pas à cacher son désir d'un rapprochement. Quelques secondes s’égrènent, puis…

*Plus fort !*, aurait-elle réclamé à haute voix une ventilation plus puissante, mais elle se contente de se remettre à respirer.

Et c’est déjà beaucoup. Prise en traître, elle n’a pas vu venir la bouffé de chaleur. C’était fulgurant, comme une décharge qui nous secoue au contact d’un corps chargé en électricité statique, mais en plus agréable. Pourtant, ils ne sont ni touchés ni même frôlés ! Tout est resté très convenable, ce qui rend d’autant plus ridicule l'escalade de son émotion. Elle ne s’explique pas trop ce qui s’est passé. En tout cas, elle était suspendue au mouvement du beau brun, le souffle retenu, anticipant… on ne sait trop quoi !

*La nana en manque*, se moque-t-elle d’elle-même, alors que sa main va chercher la ceinture.

La chance insolente des enfants. Il n’y a pas grand mérite, glisse-t-elle distraitement, tout absorbée à boucler sa ceinture qui ma foi lui donne réellement du fil à retordre tant ses gestes sont gauches.
La voiture démarre. Le regard dans le vague, elle se demande si le gosse en question ne serait pas celui de la voisine qu’Hart a évoqué plus tôt. La vieille dame avec son gros chien qu’elle s’était imaginé se transforme en plantureuse jeune mère célibataire. De celles dont la fibre maternelle enjôle les hommes qui veulent se poser…

*Je suis aux fraises !*, essaie-t-elle de ne pas s’appesantir sur ce qu’elle ressent, tandis que le bruit de la sirène s’assourdit à mesure que la vitre remonte.

C’est ça, Lieutenant, évitons de nous attarder plus que nécessaire. Nous avons mieux à faire ailleurs, abonde-t-elle d’un ton neutre, bras croisés et la tête orientée du côté de sa propre vitre.
Finissons-en au plus vite, faudrait pas faire attendre la jolie voisine hein ! Posément, il informe de la destination, puis il relate les premiers faits. La mauvaise humeur d’Eva s'évapore aussi vite qu’elle s’est insinuée. L’ego en prend un coup, mais tout de même c’est idiot de sa part d’en vouloir à un homme au seul motif qu’il ne craque pas pour elle !

Mobilisée dans l’affaire qui les a réunis en premier lieu, elle tourne naturellement sa tête vers le conducteur.
La chance n’a pas joué en sa faveur. Vous patrouilliez à ce moment-là dans les parages. Mais c’est sacrément risqué, de mener seule un cambriolage dans un entrepôt sécurisé. Une fois l’alarme déclenchée, elle avait quoi, dix minutes devant elle ?
À Europolis, les criminels n’ont pas peur !
Remarquez qu’elle est aussi imprudente question capillaire. Elle ne fait pas du bien à ses cheveux avec le cocktail chimique qu’elle utilise pour les colorer en roux. J’ai pincé un cheveu dans le casque. Ne vous réjouissez pas trop, il ne m’a pas livré de patrimoine génétique. En revanche, j’ai découvert sa couleur de base. Ce n’est pas un camouflage dicté par une nécessité esthétique qui la pousse à se teindre. Ses cheveux sont naturellement blonds, et je vous parle d’un blond, beau et lumineux, qui affole la gent masculine.

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Christopher Hart
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptyVen 6 Juil - 3:52

When England meets Ireland


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5 janvier 2050, commissariat central de l’EPD

Christopher ne s’est plus livré à pareil jeu oratoire depuis… depuis qu’elle n’est plus là. Pourquoi et comment s’est-il laissé entraîner, l’effet de surprise y est sans doute pour beaucoup. Le talent de sa partenaire de jeu également – l’Anglais n’a tout simplement jamais rencontré pareille combinaison d’éloquence, d’intelligence et d’humour. Le corps aux formes voluptueuses appuie les réparties coquines, le visage aux traits malicieux se pare d’une rare expressivité pour souligner chaque émotion, feinte ou réelle.
Si l’esprit affûté de Walsh n’avait pas trouvé le chemin des laboratoires, nul doute que cette femme enjouée et enjôleuse aurait pu suivre une brillante carrière de comédienne.


Leurs subtils sous-entendus du début se muent progressivement, sans crier gare, en métaphores de plus en plus osées.
Christopher, animé de son panache d’antan, continue ainsi de surenchérir sur les pratiques « linguistiques » de la belle Irlandaise aux mots audacieux.
Le policier bourru s’est momentanément évanoui, laissant place à l’homme folâtre jusqu’alors enfoui sous une chape de chagrin et de tristesse.

— Ce sont là de belles et douces pratiques auxquelles même les plus âgés d’entre nous auraient tort de se soustraire. Quand j’entends la voix envoûtante qui sort de votre bouche rieuse, quand j’observe le sourire enjôleur qui creuse vos joues empourprées, je suis enclin à penser que ces offrandes à la bonne humeur dissimulent une langue joyeuse et souple, sûrement pas une langue de bois.
Pour ma part, on m’a appris tout petit à la tourner sept fois avant de parler. J’avais donc un bon entraînement avant de me confronter aux autres langues, si je puis dire ! Depuis lors, la vie m’a également enseigné à la tenir. Je considère que notre langue, notre accent, notre histoire, tout ce qui fait de nous un être unique est précieux et se mérite.


Un air de défi au coin de l’œil, Christopher toise la savante avec la posture altière de ceux qui naissent dans la soie, grandissent et vieillissent avec assez d’or et d’argent pour s’affranchir de tout contact avec les petites gens. Jouer et user de grandiloquence ne l’empêche pas de lâcher une vérité à laquelle il croit.
En effet, selon le trentenaire, une personne qui se donne facilement n’a qu’une faible appréciation de sa propre valeur. Ou alors elle est sacrément en manque.

Christopher ignore où se situe Eva, mais elle donne l’impression, peut-être trompeuse, de tenir sa personne en haute estime.
Pour ajouter au mystère, l’Irlandaise reste vague sur son intégration et sa vie privée. Quoi de plus naturel entre deux adultes qui se connaissent depuis quelques minutes ?
Respectueux, le policier n’insiste pas. En son for intérieur, il imagine aisément une foultitude d’hommes et de femmes déjà conquis entrer en compétition pour ravir le cœur enjoué de l’Irlandaise, goûter à ses lèvres intrépides et plus si affinités.


Eva mentionne ensuite leur « exil » respectif.
Christopher avait demandé sa mutation pour Europolis avec tant d’espoirs ! Il ne se considérait d’ailleurs pas comme un exilé : il avait quitté Londres de son plein gré, sans famille ou ami proche pour le retenir.
Un passé chagrin dont l’évocation ternirait leur échange aussi singulier qu’agréable. Il n’en fait donc aucune mention.

— Europolis est si vaste et dynamique qu’elle échappe toujours à notre connaissance. Le temps d’en faire le tour, votre point de départ a déjà changé en profondeur.

En évoquant les scènes de crime et les obligations paroissiales, l’Irlandaise a touché sans le savoir sur une corde sensible.
Des images moroses, dangereuses, fleurissent dans l’esprit trouble du policier usé ; son instinct protecteur le pousse à intervenir comme s’il voyait une malheureuse plébéienne jetée en pâture dans l’arène du Colisée, au milieu des lions affamés et d’autres animaux sauvages.
Christopher ne veut surtout pas que la nouvelle arrivante se fourre dans des situations dangereuses. Ce qui risque fort d’arriver, à en juger par l’énergie pétillante et l’audace débordante dont elle fait preuve.
C’est avec un demi-sourire assombri d’un voile d’inquiétude qu’il répond à la demande insidieuse de la jeune citoyenne.

— Mes obligations paroissiales se limitent à jouer de l’orgue pour la chorale et encadrer des enfants chaque premier dimanche du mois. Vous pourrez compter sur moi le reste du temps, et bien sûr m’appeler à tout moment si vous vous sentez menacée. Comme vous avez dû l’observer en rejoignant vos scènes de crime, certaines parties de la ville sont dangereuses pour les jeunes femmes seules. Votre charme et votre répartie n’y sont pas un avantage, bien au contraire. Même un policier aguerri comme moi ne s’aventure pas dans les secteurs à risque sans précautions maximales.

Policier aguerri, un euphémisme pour décrire le chien de combat, brutal et hargneux, qui sommeille derrière le visage amène du gentleman anglais.
L’Irlandaise plaisanterait-elle de la sorte avec lui, si elle connaissait l’existence de Stubborn ? L’ironie veut que le combattant clandestin porte un masque, là où le policier se montre à visage découvert.
Pourtant, lequel des deux exprime le mieux la rage immuable, inextinguible, qui bouillonne dans ses entrailles ? Que reste-t-il de la douceur dont il faisait preuve dans sa vie de couple ? A-t-elle disparu avec le corps de sa fiancée, engloutie dans les eaux abyssales d’une mer souillée par l’égoïsme des hommes  ?


Après cet interlude sérieux et un engagement qui ne manqueront pas, à coup sûr, de valoir à Christopher plus de tracas qu’il ne saurait l’imaginer, leur petit jeu reprend de plus belle avec le prénom biblique de l’Irlandaise.
Comme tout un chacun, Christopher a en tête les célèbres gravures d’une femme voluptueuse avec une feuille de vigne savamment placée pour seul vêtement. Une tenue affriolante qu’Eva prend soin de décrire en évoquant sa mise à nu.

— Eva ? Il ouvre grand les yeux et hausse les sourcils, mais son imitation de la surprise ne serait récompensée d’aucune acclamation dans le plus pittoresque des théâtres londoniens.

Une petite moue boudeuse pour marquer le coup, puis l’Anglais abonde dans le sens de son espiègle camarade de jeu entre deux rires amusés.

— Quel piètre détective je ferais ! Certainement pas à la mesure d’un Sherlock Holmes. Heureusement, des collègues plus intelligentes que moi sont là pour m’assister dans mon travail.

Le regard appuyé que lance Christopher est sans équivoque.
En effet, si les compétences d’Eva en criminalistique restent encore à démontrer, leur échange donne d’ores et déjà la mesure de son esprit vif et de son intelligence pétillante. Des qualités que l’Anglais apprécie davantage que tous les atouts physiques d’Eva réunis – pourtant fort appréciées de son œil esthète.

Évidemment, l’association des termes mise à nu, pécheresse et cris infatigables génère en lui l’effet voulu. Ou non voulu : à ce stade de la conversation, les paroles lancées autant que les interprétations se parent sans y réfléchir d’un revêtement égrillard.
Le fils de protestante rejette aussitôt cette image qui a peu à voir avec le mythe de la Genèse, sinon le passage censuré où la première femme à la fertilité sans égal peuple la terre avec l’indispensable concours du bienheureux Adam.
Mu par une crainte inconsciente de révéler cette pensée embarrassante – hérétique aux yeux de certains –, le chaste Christopher poursuit son discours en fixant le morne couloir du bâtiment.
À son grand dam, il reverra mentalement la scène sitôt qu’il entendra parler d’Eva Walsh.

— En tout cas, Eva est un joli prénom. Il aurait plu à ma mère. On l’associe davantage à la vigne qu’au houblon, pourtant je trouve qu’il vous va bien : direct et élégant à la fois. Le mien dérive aussi d’une figure emblématique de la Bible, un nom deux fois plus long que le vôtre suivi de plusieurs phonèmes. On devine la fâcheuse tendance à compliquer inutilement les choses.

Las ! Christopher traîne ce lourd et pénible défaut comme le Christ courbait l’échine sous l’objet accablant de sa cruelle crucifixion. Incapable de se libérer seul d’un tel fardeau, il a toujours eu besoin d’une présence forte et positive pour taire ses ruminations et apaiser ses tourments.
D’ordinaire, cette attitude trop sérieuse l’empêche de s’amuser avec la légèreté dont il fait preuve avec la délicieuse Eva. Malheureusement, cette virée dans l’excès opposé le rend aveugle au flirt auquel Eva se livre avec une joie goulue.
Ainsi, comme un idiot, Christopher saisit la perche tendue sans réaliser les signaux positifs qu’il envoie à sa collègue en pleine manœuvre de séduction. Rires et sourires – tous francs et spontanés – se succèdent, les iris d’un bleu limpide fixent les lèvres demandeuses avec un enthousiasme croissant.

— Je suis ravi que nous nous accordions si bien sur l’importance des preuves concrètes. Pour votre gouverne, sachez qu’à l’examen d’officier, mes doigts agiles ont obtenu la note maximale à l’exercice de fouille corporelle. Par ailleurs, après quinze ans d’ateliers de secourisme, j’ajouterai en toute humilité que le massage cardiaque et le bouche-à-bouche n’ont plus aucun secret pour moi.

Christopher s’en va dans une nouvelle rigolade, amusé de sa réplique. Un peu plus et le policier vanterait ses prouesses au corps à corps. Mais une barrière inconsciente l’empêche de verser dans l’explicite, un domaine strictement réservé à l’intime.


Ce jeu – ce qui était pour lui un jeu – cesse après ce qui restera dans les annales policières comme « le coup de la ceinture de sécurité ».
L’attitude du policier change du tout au tout. Celle d’Eva également.
À présent fermé comme une huître, Christopher est le principal objet de son amertume et s’en veut de l’embarrassant malentendu qui s’est installé entre eux.

Parler travail permet heureusement de réinstaurer le dialogue sans allusion à leur conversation salace. Certains choix de mots restent néanmoins hasardeux :

— En effet, cette voleuse a joui de… malchance cette nuit-là. Malgré les moyens à notre disposition et le cœur que nous mettons à l’ouvrage, le hasard d’une rencontre opportune est souvent un facteur essentiel dans l’arrestation des malfaiteurs.
Cet entrepôt se trouve par ailleurs en zone dominée. Comprenez par là : un secteur où un puissant gang organisé dicte sa loi à force de corruption, d’intimidation et de meurtre. Il est très dangereux pour une personne étrangère de s’y aventurer. Des policiers et des journalistes se font régulièrement agresser et nous devons redoubler de vigilance lors des patrouilles, de jour comme de nuit.
J’en déduis que notre cambrioleuse travaille certainement en solo et qu’elle n’habite pas le quartier. Agir vite et seule était le meilleur moyen d’assurer ses arrières, de glisser entre les doigts du gang local et des forces de police. Je pense qu’il ne s’agit pas d’une débutante et qu’elle avait savamment planifié ce rendez-vous nocturne.


La scientifique lui délivre ensuite – enfin – la première information concrète sur ce dossier. Les données investissent aussitôt le réseau neuronal de l’enquêteur, formé et habitué à tisser des liens entre plusieurs éléments disparates.

— Ne vous inquiétez pas, je sais que seul le bulbe des éléments pileux est réellement exploitable, et vous n’avez sans doute retrouvé que la tige du cheveu. Vérifier la présence de colorants était une riche idée. Cela ne prouve rien, mais conforte ma théorie selon laquelle notre voleuse n’est pas une débutante. On peut même supposer que cette femme est déjà connue des services de police.

La description de la couleur naturelle évoque immédiatement au policier la magnifique chevelure qui orne le crâne d’Eva tel un diadème cousu de fils d’or.

— Un blond comparable au vôtre, en somme ?

Christopher questionne sans sous-entendu. Il ne joue plus, il travaille.

— C’est ici, dit-il lorsqu’ils arrivent enfin à l’entrepôt vandalisé. Entre le camion de pompiers et sa lance à incendie, le remue-ménage des policiers et propriétaires, et pour finir la pluie qui a nettoyé derrière, la scène n’est plus exploitable. Vous voulez voir quelque chose en particulier, ou nous partons retracer l’itinéraire de la poursuite ?

Des traces d’incendie noircissent toujours le côté du hangar. La fenêtre forcée, quant à elle, a déjà été remplacée par un modèle plus résilient.
Quelques traces de pneus sont encore visibles sur le sol, aux endroits où l’accélération fulgurante des deux véhicules avait marqué le départ d’une course-poursuite endiablée.

Christopher semble sur le qui-vive, regardant partout autour d’eux. Il a stoppé la sirène un kilomètre plus tôt, sans réduire sa vitesse excessive pour autant.
Chaque minute passée sur les lieux est un risque supplémentaire de voir débouler des membres de gang soucieux de marquer leur territoire.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptyVen 13 Juil - 12:58


Pour le plus grand amusement d’Eva, l’homme à ses côtés n’a pas peur de jouer avec les mots ni sur les mots. Il surenchérit de plus belle, et avec la manière, au risque que leur jeu s’emballe. Ce que la jeune femme en soif d’accélération ne redoute pas du tout, au contraire, le souhaite-t-elle plus que tout ! Sous le couvert de propos sur les pratiques linguistiques qui favorisent le vivre ensemble, les deux collègues tutoient un sujet plus intime sans ressentir la gêne qui aurait été bien naturelle chez deux étrangers. Inclinant légèrement la tête sur le côté, Eva semble adresser un signe d’assentiment à l’éloquent Anglais qui la toise de sa belle hauteur. Elle le rejoint, en raison de toutes les nuances du désir dont on jouit dans l’attente et l’anticipation des voluptés.
Et comme pour toute pratique que l’on veut encourager, soulignons le plaisir à s’y adonner.
Qu’on l’imagine collectionneuse des coups d’un soir, elle se moquera bien de détromper. Tout d’abord, elle se fiche de ce que les autres pensent d’elle. Ensuite, vous le devinez, en jouer l’amuse ! C’est pour cela que sa réponse élude davantage qu’elle n’éclaircit sur la vie sentimentale qu’elle mène. Il faut aussi dire que Hart est des plus habiles à la tenir en haleine dans une sorte d’entre-deux dans lequel elle est fort en peine de jurer si c’est du tout cuit avec lui ou s’ils ne décolleront pas du jeu. Évidemment, cette incertitude excite son goût pour l’aventure, de même que son envie de ne pas lui faciliter la tâche. Si dans son travail, son approche des choses est prudente et précise, dans ses rencontres, elle aborde les hommes de manière désinvolte et décomplexée. Ça passe, ça casse, qu'importe la fin de l’histoire quand on l’a pleinement vécue. Entreprenante, elle pousse plus avant les audaces aussi loin que ses élans passionnels l’emportent. Elle n’est pas le genre de personne à vouloir se marier à tout prix, à l’autre extrême, elle n’est pas non plus une femme « à la détente facile ». Non parce qu’elle est à cheval sur de grands principes, mais les expériences passées lui ont enseigné combien les ébats sont plus intenses lorsque tout ne repose pas sur la seule attirance physique.

Eva promène son regard sur le visage franc et plaisant du policier dont les lèvres ébauchent péniblement un sourire pour atténuer le caractère sombre de son opinion sur les zones à la criminalité galopante.

*Je suis plus coriace que j’en ai l’air*, lui aurait-elle fait la remarque, parce qu’elle ne s’estime pas sans défense.

Mais la simple mortelle est également consciente de n’avoir pas un gabarit pour allonger une raclée à un malabar, armé de surcroît. Au bout du compte, elle ressent la peur face au danger. Elle connaît l’irrévocable de la mort. Vous ne la verrez pas courir au-devant. Or, lorsque le péril vient à elle, il est vrai qu’elle tient difficilement la bride de son sang impétueux.
Modestie, ou fausse modestie ?, interroge-t-elle, avec un sourire léger, l’appréciation que Monk se donne quant à son rôle dans sa paroisse. Vous ne me ferez pas croire que vous êtes étranger au zèle des paroissiennes à fréquenter les cultes de votre Église, badine-t-elle. Je remercie la noblesse de votre cœur de me faire profiter de votre sens du devoir, mais à combien de veuves, d’orphelins et d’autres opprimés, avant moi, avez-vous déjà offert vos services ? Si je ne veux pas que mon dernier interlocuteur soit une boîte vocale saturée, il serait plus avisé de tenter ma chance au centre d’appels d’urgence.
Avec sa gaieté un rien provoc’, elle semble écarter qu’il vole à son secours, en vérité elle n’est pas désireuse de faire appel à la voix du devoir de sa fonction mais à sa fougue d’homme ! Cependant, on ne peut douter qu’elle ait pris les paroles du policier comme une autorisation à aller soutirer son numéro personnel, et non celui plus communicable de la ligne directe de son poste de travail.

Il prononce son prénom, dans une surprise surjouée. Dans un geste empreint d’un certain trouble, elle se passe une main dans ses cheveux, qui sitôt retombent sur une épaule. C’est tellement agréable d’entendre votre prénom de la bouche d’un homme qui vous plait! Puis elle laisse passer sur ses lèvres un sourire. Il n’est peut-être pas à la mesure de l’esprit de déduction hors du commun d’un personnage de fiction, mais avec son esprit à revendre, il exerce certainement sur elle l’attrait du génie.

*Dérivé d’une figure emblématique de la Bible… deux fois plus long… suivi de plusieurs phonèmes… ça donne donc… ?!*

Subitement, son regard le quitte pour se porter sur le couloir devant d’eux. Il vient de lui poser une colle ! Comme dans la police, il est communément admis d’employer le nom ou le grade, elle n’a jamais entendu son prénom et n’y a prêté aucune attention sur les documents qui lui sont passés sous ses yeux. En plus, avec ses connaissances limitées des récits bibliques, elle n’a pas vraiment un début de piste... Joséphin ? Davidson ? Elle esquisse une moue dubitative. Il n’y rien de bien probant qui lui vient à l’esprit !
Vous allez réussir l’exploit de me faire regretter d’avoir boudé les bancs d'église. J’avoue, en cet instant, une feuille vierge expose mon ignorance. Mais ne me dites rien, je mets un point d’honneur à découvrir votre prénom par mes propres moyens !
Elle fera des recherches aussitôt rentrée. Ça ne sera pas difficile de trouver une liste des personnages de la Bible. D’après ce qu’Hart donne à voir du milieu où il a été élevé, elle pourra éliminer les variantes qui n’ont pas une consonance anglophone ou qui sont trop originales.
La prochaine fois que nous nous verrons, j’aurai la solution.. Vous m’accorderez bien trois propositions, et une bière si je tombe juste ?, marchande-t-elle sa marge d’erreur ainsi que sa récompense, armée d’un sourire à qui il serait cruel de refuser quoi que ce soit.

Rythmées par son rire, les épaules de la blonde tressautent de plaisir. Un jour ou l’autre, il devra prouver lesdites habiletés, obligé ! On ne se vante pas devant Eva sans risque d’être mis à l’épreuve.
Votre tour !, le prend-elle en faute avant de préciser avec une œillade franchement mutine : De faire tourner ivre mon imagination.

Ils arrivent à la voiture dans laquelle chacun s'installe. Encouragée à la curiosité, Eva quête un avant-goût de la sensation que lui procurera la pression de leur corps l’un contre l’autre, et lance une invitation au rapprochement… qui tombe à l’eau, mais pas à plat ! Pour elle du moins, les rouages du temps se sont suspendus durant un instant d'excitation anticipatrice des plaisirs à venir. Sauf que rapidement, elle s’est pris un vent !

Eva fixe la route, les voitures, les panneaux… mais rien ne déloge de ses pensées que Hart l’a éconduite ! Alors quoi, s’est-elle montée la tête sans rime ni raison ?! Le doute s’insinue. Elle se repasse leur conversation. Tout n’était que jeu ? Elle ne l’aurait pas charmé… mais qu’est-ce qui débloque chez lui ?! La seule explication recevable serait qu’il ait déjà des vues sur une autre femme, à savoir la voisine pour qui il promène un chien et sert de chauffeur à l’enfant d’un autre. Le grand numéro : il ne ménage pas ses efforts ! Mais après tout, Hart mérite une vie de famille bien rangée après sa tragédie amoureuse…

*Attendez non, il ne mérite pas une idylle, j’ai fait chou blanc, qu’il aille se faire voir !*

L’Irlandaise n’est pas bonne joueuse, d’autant qu’elle a l’impression de s’être fait avoir à son propre jeu. À vouloir plus qu’il n’y a à prendre dans cette rencontre. Le fil des réflexions d’Eva s’interrompt soudainement, lorsque le policier expose les premiers faits. Parler de l’affaire la recentre sur un intérêt qui évacue son humeur chiffon.

*J’ai joué, ça n’a pas pris, tant pis !*, s'encourage-t-elle à relativiser.

Le policier lui expose un peu plus la situation du secteur en direction duquel ils roulent. Il a un choix de mots qui pique à nouveau la scientifique. Elle secoue rapidement la tête pour chasser des pensées absurdes de la parasiter. Elle parle alors des résultats sur l’analyse du cheveu retrouvé dans le casque. Elle acquiesce aux paroles du policier. Sans bulbe, elle n’a en effet pas pu réaliser une analyse ADN, cependant, la recherche de toxiques a été fructueuse.
Je vous ai indiqué dans le rapport le produit pour coloration sur le marché qui correspond. Avec description de sa composition chimique. Quand on sait l’agressivité et la toxicité de certains composés, je vous assure, ça ne donne pas envie de s’en tartiner ! Le produit vient d’une marque réputée, toutefois, largement répandue dans les commerces. La teinte de roux qu’elle a choisie est plutôt populaire. Un collègue de l’informatique m’a sorti les statistiques de vente dans les commerces d’Europolis, je vous les ai aussi jointes à mon rapport. La tenue de cette coloration est de longue durée. De plus, elle utilise tout le kit de la marque – shampoing, après-shampoing et un produit à l’huile d’argan – pour régénérer son cuivre chevelure et aviver la coloration. Ils sont aussi listés dans le rapport. Je ne suis pas en mesure de vous dire si elle achète les soins nutritifs dans leur contenant standard ou si elle s’est procuré des contenants professionnels à 500 ml, alors si je dois estimer la fréquence d’achat, je dirai que c’est entre 6 mois et un an et demi.
Tout cela n’avancera sans doute pas beaucoup l’enquête, mais la chimiste s’est passionnée pour les analyses et les recherches de correspondances.
Flatteur, avec ça. Ou bien élevé, rétorque-t-elle avec une légèreté émaillée d’ironie.
Elle a perçu le ton sérieux du policier, seulement, dans les moindres échanges, son tempérament malicieux l’incline à titiller.
Désolée, ma faute, je vous ai induit en erreur. J’aurais dû dire : qui affole toute la gent masculine.
Typique des gènes irlandais, le blond d’Eva est réchauffé de reflets dorés et cuivrés, qui elle l’a bien capté, laisse de marbre le lieutenant Hart.
Le blond de notre fugitive est aux reflets dorés pétillants. Comme les blés. Le mien a des reflets miel ambrés. Il y a dans le rapport une image qui vous donne une idée de sa chevelure. Vous verrez que ce n’est pas à moi que vous penserez.

Dans la pénombre d’un secteur faiblement éclairé, ils atteignent le lieu du délit.
Juste une minute, Lieutenant.
Le policier est tendu, vigilant au moindre mouvement. Après un cambriolage, le gang doit être sur les dents. Il n’y a rien à gagner à trop s’attarder. Dans un balayage minutieux, la criminaliste scrute la façade du bâtiment. Elle baisse sa vitre pour passer la tête au-dehors et observer les traces de pneu. Elle a vu de nombreuses photos des lieux, mais le réel donne la perspective qui lui manquait.
C’est bon, merci, nous pouvons repartir.
Elle se cale à nouveau dans son siège.
J’imagine que nous ne serions pas crédibles si nous devions prétendre être en repérage d’un coin pour un câlin crapuleux à l’abri des regards, remarque-t-elle… en bonne vilaine, qui n’a peut-être pas lâché l’affaire après tout !

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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptyMar 17 Juil - 19:45

When England meets Ireland


Christopher ϟ EnglandEva ϟ Ireland
[Livre I - Terminé] When England meets Ireland 95699110[Livre I - Terminé] When England meets Ireland Eva0110

L’évocation des plaisirs de la langue plonge immanquablement Christopher dans un passé lointain où lui-même s’y adonnait.
La langue – quel organe merveilleux ! Capable de murmurer les mots les plus doux, de s’entremêler avec ses semblables en un ballet euphorique, de glisser avec une douceur incomparable sur la peau frissonnante de l’être aimé, de caresser les endroits les plus sensibles pour attiser le feu brûlant du désir.
Le célibataire abstinent ne peut enchérir une nouvelle fois sans franchir la ligne rouge. Aussi garde-t-il le silence, vaincu par l’audace de son étonnante partenaire de jeu. Bon perdant dans cette joute verbale – linguale, l’Anglais capitule avec un sourire reconnaissant. Un regard brillant d’admiration fixe de manière fortuite l’espace entre les lèvres roses, comme s’il nourrissait le fol espoir de voir apparaître l’objet de leur conversation.


L’assistance qu’il propose spontanément à la nouvelle habitante d’Europolis ramène le policier à des territoires moins intimes. L’Irlandaise aux fossettes rieuses use d’humour et de métaphores pour décrire le comportement chevaleresque de l’homme prompt à rendre service ; elle n’a pourtant jamais été aussi proche de la vérité.
Intuition féminine ? Esprit génial de déduction ? Pratique occulte issue du folklore irlandais ? L’experte possède un don certain pour toucher les parties sensibles avec un doigté hors du commun.
Car le paroissien aux angéliques yeux bleus a déjà fait l’objet d’avances plus ou moins explicites. À plusieurs reprises. Y compris de femmes et d’hommes mariés.
Les sermons passionnés qui parlent d’amour de son prochain allument des feux dans les cœurs, déclenchent des pulsions pécheresses dans la zone du bas-ventre. L’humble joueur d’orgue, que tout le monde sait célibataire, secourable et serviable envers les habitants du quartier, en est parfois le premier exutoire (l’innocente victime, de son point de vue).

Son numéro secondaire est ainsi passé entre les mains de moult personnes aux motivations diverses, pour beaucoup extérieures à l’Église. La carte SIM qui y est associée comporte aujourd’hui une liste faramineuse de numéros bloqués, fruits d’abus et propositions parfois indécentes.
Le lieutenant dévoué offre aisément son aide aux personnes dans le besoin, mais il sanctionne les fausses demoiselles en détresse avec la même promptitude.

Ignorant les intentions réelles de la belle scientifique, Christopher énumère sans réserve les chiffres de son numéro de téléphone dédié à ses activités de bon samaritain. Le même que possèdent Lily Bradubry, Aika Arai, d’autres alliés ainsi que ses informateurs.

— Les membres de la paroisse forment une grande famille, poursuit-il avec une dérobade. Et au sein d’une famille, il est naturel de s’apporter soutien et réconfort. Quant à mes services, ils sont offerts à toutes personnes en attente d’une main secourable. Croyez-moi, je suis performant dans un grand nombre d’activités et possède une riche expérience.

Péché d’orgueil, le paroissien plus fidèle aux principes chrétiens qu’à un dieu insondable ? Le torse bombé et le clin d’œil facétieux appuient davantage la péché de la plaisanterie douteuse.

Comme pour sanctionner l’inconvenance de son attitude, le jeu auquel Christopher s’adonne de plein gré se retourne contre lui, menaçant de le hanter sur une longue période.
En effet, la charge audacieuse qu’Eva dirige sur son prénom évocateur stimule l’imagination à un niveau coupable. Une feuille vierge expose mon ignorance, lance-t-elle sans sourciller.
Christopher, lui, fait plus que sourciller. Ses joues s’empourprent sous le voile salutaire de sa barbe compacte. Ses oreilles exposées, en revanche, trahissent l’embarras écarlate de pensées salaces.
Et pour cause : l’habile scientifique a égrené avec une cruelle efficacité, couche après couche, tout ce qui restait de sa pudeur dans l’esprit de l’Anglais. La chaste feuille de vigne, dernier rempart avant le fruit défendu, vient subitement de disparaître sous la bourrasque d’un vent taquin.
Or, le pauvre Monk n’a pas toujours pratiqué l’abstinence. Si le pudique fils Hart n’a jamais été un coureur de jupons, à maintes reprises il a caressé de ses doigts fébriles, goûté avec envie et plongé fougueusement à l’intérieur de ce fruit qu’on lui offrait avec enthousiasme. Il en garde le souvenir d’expériences jouissives, sans équivalent, de la première à la dernière répétition.
C’est pourquoi la maîtrise de ces pensées invasives lui demande un prodigieux effort de volonté, ainsi que du temps.

Mais l’opportuniste Eva n’accorde aucun répit, pousse à raison son avantage.
Pris au dépourvu, Christopher accepte le défi de l’Irlandaise sans même se laisser corrompre par le sourire irrésistible qui le propose.

— B-bien, marché conclu ! Une bière pour mon prénom… blonde, j’imagine ? dit-il en contemplant la fascinante chevelure semblable à un champ de blé, dont la brise vespérale caresse les épis dorés d’une main doucereuse avant le repos nocturne. Car je ne doute pas de votre capacité à atteindre les pans intimes de mon humble existence.

Mais que dit-il ? Le lieutenant de police réalise qu’il ne vient pas de passer un marché, mais d’offrir une bière à une collègue.
Heureusement, il n’a précisé ni quand ni comment. De même qu’il ne s’est pas engagé à en boire, lui qui évite les boissons alcoolisées comme du poison.
Avec un peu de chance, Eva aura bientôt oublié cette entente. Les collègues qui proposent des bières à cette femme éblouissante doivent se bousculer au portillon et Christopher n’a aucune intention de faire la queue.

Soucieux de s’épargner un nouvel impair, l’Anglais calme le jeu lorsque la fougueuse criminaliste l’invite à enivrer son imagination. Après un souffle :

— Montrons-nous logique : d’abord la bière, ensuite l’ivresse.


Coup de chaud suivi d’un coup de froid.


À présent, les deux collègues discutent travail comme deux professionnels, bien que certains choix de mots feraient hausser maintes paires de sourcils distingués.
Fort heureusement, la voiture du policier est l’unique témoin de cet échange et elle se montre aussi taciturne que son morose propriétaire.

La chimiste, loin de perdre l’usage de la parole, dévoile une série de faits et déductions incroyables. En joueuse émérite, elle abat ses cartes l’une après l’autre avec un aplomb et une précision millimétrique qui ne manquent pas d’impressionner le lieutenant Hart. (Sans doute a-t-elle désapé plus d’un joueur de strip-poker croyant se rincer l’œil à moindres frais.)
L’originaire du pays au trèfle s’était d’abord conduite en charmante reine de cœur ; elle montre à présent sa facette de reine de pique, sa capacité fascinante à mettre les criminels sur le carreau.

Le policier se trouve à présent devant un épineux dilemme : doit-il la complimenter en toute franchise, avec le risque de paraître flatteur et lui donner l’impression erronée de répondre à ses avances ? Ou faut-il ignorer la bienséance, comme dans ses échanges avec les crapules et les collègues non méritoires ?
Eva semble lire dans les pensées de Christopher, tant sa réplique sur la couleur de ses cheveux fait écho à son hésitation. Plus perturbant encore, la scientifique (faussement) perspicace s’excuse aussitôt – à sa façon provocatrice. Ajoutant à son trouble, la description qu’Eva dresse de la coupable chevelure évoque curieusement celle de Lauren Anders, l’ex-fiancée à la fois haïe et aimée.

Heureusement, une pause sur le lieu du cambriolage donne à Christopher l’occasion de remettre de l’ordre dans ses pensées, de focaliser son attention sur l’environnement dangereux où ils viennent de pénétrer.
Craignant peut-être de révéler, à son insu, d’intimes secrets à l’envoûtante scientifique, c’est en regardant devant lui que le lieutenant déstabilisé livre enfin ses commentaires d’une voix neutre.

— C’est du bon travail, Walsh. Garnir vos rapports d’éléments détaillés peut faire la différence dans une enquête. Bien qu’ils ne mènent pas forcément à une piste, ils permettent de dresser un meilleur profil de la suspecte, de la comprendre, de cerner son environnement et d’anticiper ses prochaines actions. Notez que certains inspecteurs vous diront l’inverse, et souhaitent des rapports succincts sans s’encombrer de détails jugés inutiles.

Réponse sobre, qui témoigne du respect pour le travail accompli sans donner de fausses idées.

Alors qu’il se croit débarrassé des assauts gênants et répétés de l’intrépide séductrice, celle-ci revient à la charge avec une allusion équivoque sur des câlins.
Surpris, Christopher s’avère incapable de réprimer le sourire qui étire aussitôt ses lèvres. Porter le costume d’homme bourru est difficile avec un tel phénomène, même avec une longue expérience du rôle.
Si le flic esseulé a fermé la porte à toute relation intime, il n’a encore aucun reproche à formuler envers Eva – en dehors de l’intérêt malvenu qu’elle manifeste à son égard. Au grand dam de l’Anglais, la ténacité très irlandaise dont Walsh fait preuve est une qualité qu’il apprécie. Un attrait supplémentaire chez cette femme inimitable dont Christopher ne soupçonnait même pas l’existence quelques heures plus tôt.

Pour Christopher, il n’existe pas plus belle sensation que d’aimer et être aimé en retour. D’un amour intense qui donne une qualité très supérieure à ces câlineries auxquelles Eva fait référence.
Intérieurement, il lui souhaite de connaître un jour ce sentiment.
Lui a déjà eu sa chance.

— En effet, ce ne serait pas crédible, répondit-il sèchement.


Christopher redémarre la voiture et parcourt l’itinéraire de la poursuite.

— C’est par ici que la voleuse a fait tomber son casque, dit-il après plusieurs lignes droites. Dès lors, avec l’air glacial qui fouettait ses yeux sans protection, ses chances de nous échapper devenaient quasi nulles.

Plus loin, en pointant du doigt une rambarde de sécurité endommagée :

— Une voiture de police a mal négocié ce virage lors d’une manœuvre de dépassement. Heureusement, la policière au volant s’en est tirée avec de simples contusions. Une simple maladresse de ce genre peut s’avérer plus létale que les balles des criminels.

Enfin, une fois arrivés au pont du « saut de l’ange », Christopher se gare sur le bas-côté et coupe le moteur.

— Venez, que je vous montre l’endroit où elle a abandonné sa moto et sauté du pont.

Le policier ne manifeste cette fois aucune galanterie. Sans même attendre sa collègue, il s’engouffre dans le passage réservé aux piétons et avance jusqu’au lieu précis du dénouement.

— Je suis curieux d’entendre votre expertise, annonce-t-il lorsqu’Eva le rejoint.

Le regard du policier est rivé sur les traces encore visibles sur la chaussée. Christopher s’efforce de rester concentré sur l’affaire, mais son esprit vadrouille – seule l’action, la poussée adrénaline, parvient à taire efficacement son mental hyperactif.

Cette balade en voiture était si bien partie ! À présent il est heureux d’avoir quitté l’habitacle confiné de son véhicule et l’encombrante présence d’Eva Walsh.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptyMar 24 Juil - 23:38


Des vestes, Eva s’en est déjà pris. Beaucoup moins qu’elle n’en a mis – c’est certain ! Et en cas de déconvenue, on ne peut pas dire que cela la sidère. On le sent avant le naufrage, qu’une tentative de séduction va à vau-l’eau. Ça reste une déception, mais normalement elle s’en remet après un verre. Il n’y a pas le regret d’avances inachevées, tant qu’on joue sa chance jusqu’au bout ! Or, avec Hart, non seulement n’a-t-elle pas vu venir le râteau, mais en plus, leur complicité dans le jeu lui faisait miroiter quelque chose de prometteur... La jeune femme est certainement en manque de rapprochements charnels, ayant été accaparée par son nouvel environnement de travail. Ce qui n’ôte rien, à la force de répartie de cet homme qui le singularise aux yeux de l’Irlandaise. Maintenant qu’il l’a allègrement aguichée pour des préludes plus poussés, elle ne veut pas que ça finisse sur le lancinant sentiment de frustration ! Sauf qu’elle n’a pas vraiment son mot à dire, étant la cinquième roue du carrosse. Le haut de son corps braqué du côté de sa propre vitre, Eva s’efforce d’expulser de sa tête le parfait tableau de famille composé de Hart, l’angélique voisine, le chérubin de cette dernière et leur molosse. Évidemment, ce qui lui arrache un sourire revanchard, c’est d’imaginer le portrait de famille en cible sur laquelle des fléchettes se plantent dans leurs dents !

La voix de l'inspecteur commence à contextualiser l’affaire, mettant tout d’un coup fin à l’exutoire déguisé en partie de fléchettes. Le sourire de la jeune femme devient momentanément penaud, se sentant coupable de s’en prendre à femme, enfant et toutou dont en réalité, elle ignore tout. Prêtant à Monk un goût immodéré pour les gens en détresse, pour coller avec, elle imagine la voisine active dans une association qui soutient un orphelinat d’aveugles. Une véritable sainte-ni.. juste une Sainte ! La ramenant à des sentiments plus raisonnables, les photographies rattachées au dossier de l’enquête s’invitent dans l’esprit de la blonde. Enthousiaste à l’idée de voir les clichés s’animer au travers du récit d’un des protagonistes au cœur de la course poursuite, elle se tourne vers le conducteur. Elle s’étonne alors que la cambrioleuse ait foncé seule dans un vol à haut risque. Hart partage ses connaissances sur les lieux, mentionnant la mainmise par un gang, ainsi que ses premières déductions concernant la criminelle. En entendant les emplois du verbe jouir et du terme rendez-vous nocturne – deux plaisirs avec elle qu’il décline –, elle s’applique fort à contenir un regain de frustration. Soudain, un sourire anime les lèvres de la criminaliste. Hart a bon, et ce n’est pas une blague ! En effet, elle a connaissance d’éléments qui abondent dans le sens d’une des hypothèses du policier. Figurez-vous que notre cambrioleuse roule fréquemment dans des contrées reculées d’Europolis. Elle ne lâche pas l’information de suite, s’agissant d’une analyse de longue haleine pour laquelle l’expertise d’un pédologue a également été sollicitée, permettez qu’elle ménage un peu ses effets ! Aussi parle-t-elle d’abord du cheveu pincé dans le casque et des résultats de recherches toxicologiques relatives à ce fragment pileux.

Le vernis de normalité qui s’est instauré dans leur échange professionnel craquelle, alors que le policier cherche à préciser le blond de la fugitive. Bien que la demande de précision dénote chez Hart d’une conscience professionnelle pour les détails qu’Eva glorifie, elle ne peut s’empêcher de rétorquer en le dardant d’ironie. Elle saisit bien à son changement d’attitude qu’il veut rétablir une distance entre eux pour les cantonner à leur rôle de simples collègues.

*Croyez-vous ainsi épargner mon amour-propre, Hart ?*

Gentleman de sa part, vous ne trouvez pas ?... Non mais sérieusement, elle n’est du genre à se carapater dans les faux-semblants, juste pour garder la face ! Elle lui a fait du gringue, il n’est pas séduit, fin de l’histoire !

*En gros, il n’y a pas de malaise pour moi*, se persuade-t-elle en baissant les yeux sur son sac qui contient le téléphone dans lequel elle a été ravie d’enregistrer le numéro du performant et expérimenté Hart.

En fait, son offre d’accourir à elle n’était motivée que par la perspective d’être le héros qui la sauve d’un péril… Ça la démange soudain de flanquer un coup de pied dans son sac qui ne volerait pas bien loin, remarquez. Et voilà qu’il marque encore la distance en la gratifiant d’un posé bon travail, Walsh… ! Elle le lorgne d’un air indiquant qu’elle attend que tombe l’ironie qui contredira ses belles paroles, hélas, il est vraiment sincère.

*Hart ! Ce que vous faites n’est pas honnête, comment je peux continuer à vous en vouloir tranquillement si vous êtes tellement… bref !*

Qu’elle le mérite à elle seule ou non, elle adore cueillir tous les lauriers, aussi capitule-t-elle vite dans un sourire ravi.
Merci, c’est très aimable à vous, j’apprécie que vous me le disiez. On reçoit peu de retours une fois les rapports transmis. En général.
Il ne la regarde pas, le nez au-dehors. S’il a envie de se défiler de leur situation, elle préfère s’en amuser quitte à le gêner, à moins qu’elle en rigole pour se consoler ? Elle ne sait plus trop ; c’est sans doute un peu des deux.
Si le cœur vous en dit, ne vous retenez pas de me donner un coup sur l’épaule ou une tape sur la tête. C’est comme ça qu’on se félicite entre équipiers, ou je me trompe ? Apprenez-moi, j’aimerais éviter de me méprendre aussi avec vos collègues.

La voiture reste immobilisée le temps que la chimiste inspecte les traces restant du délit. L’éclairage faible ne la dérange pas, à partir des photos qu’elle a en tête, son cerveau fait les raccords. Il y a dans la voiture une tension due aux menaces qui peuvent les guetter dans l’obscurité. Eva en plaisante à sa manière un brin coquine. Elle ne manque pas de remarquer l’expression amusée qui pare un instant les traits de Hart. Toutefois, la réponse de ce dernier fend l’air tel un couperet.
Un peu irrévocable, comme réplique, décrète-t-elle en le quittant du regard, comme si elle renonce de guerre lasse.

*Parfaite pour rembarrer une figurante. Nettement moins pour refroidir celle qui prétend au premier rôle*

Le sait-il ? Elle ne se laisse pas porter par les courants adverses, bien trop entêtée ! Le véhicule repart. Le policier reprend le fil des périples de la course-poursuite. Elle suit des yeux les endroits qu’il désigne, visualisant la motarde roulant à pleins gaz et dont les cheveux roux, une fois libérés, devaient tenir lieu de flamme à pister dans la nuit. Le dommage du casque rend compte de la violence de l’impact au sol, et par extension de la vitesse de la moto. La criminaliste imagine le bruit du casque frappant le bitume, les rebonds puis le roulement sur la chaussée. Il devait y avoir à l’intérieur d’autres cheveux – peut-être avec des follicules exploitables – que le vent à disperser au loin. Elle tend le cou, puis se tourne en arrière pour scruter la rambarde jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans l’horizon. Elle se repositionne dans son siège, un sourire plein d’aise. Ça devait être tellement palpitant à vivre ! Cependant, si elle a soif de la sensation d’intensité qui doit s’emparer d’un policier en intervention, ça ne la botte pas particulièrement de devoir agir dans l’urgence, sans possibilité de tâtonner et de tester plusieurs actions.
C’est mieux qu’une séance au ciné !
À fond dans le compte rendu relaté par Hart, tous les sens d’Eva sont en éveil. Aux images et au bruit s’ajoutent les odeurs que les engins ont expulsées à coup d’accélération ainsi que l’odeur de poudre propulsive – il n’a pas parlé des tirs, mais elle a retrouvé une balle logée dans un flanc de la bécane. Subitement, elle sent très légèrement un mélange de senteurs âcre et métallique qui lui évoque la transpiration et… le sang ? Autant l’une des odeurs n’a rien d’inhabituel dans une voiture privée – suffit d’y laisser traîner un sac de sport –, autant l’autre… pareil, étant donné que le propriétaire cherche à sauver le monde aussi sur son temps libre.

Ils atteignent la destination finale. Tête inclinée sur sa tâche, la jeune femme appuie sur le cliquet pour décrocher la ceinture. Son œil habitué à être capté par les moindres mécanismes, elle suit ensuite l’enroulement de l’attache… Brusquement, elle est percutée par le souvenir de sa conclusion suite à l’examen de cette place passager. Qu’est-ce que ça signifie ?! Comment un enfant peut régulièrement occuper cette place et la laisser aussi nickel. Les gamins ne font pas gaffe à la saleté de leurs chaussures, et ils remuent, frottant sans relâche la housse du siège.

*S’il n’est sur aucun coup… hé, mais c’est carrément mortifiant pour moi alors ! Non il a intérêt à avoir le cœur retourné par sa voisine !*

Dites-…
Elle s’interrompt et tourne la tête du côté conducteur, ayant entendu une portière claquée. Elle voulait lui demander s’il aurait le temps ensuite de la déposer à l’hôpital, et dans ce cas-là, elle laissait son sac dans la voiture. À le voir tracer dans la pénombre, elle comprend qu’il veut en terminer avec l’entrevue – et dans la foulée, avec elle. Elle l’observe se mouvoir avec son allure solitaire qui l’avait déjà piquée les fois où elle l’avait aperçu au commissariat...
… Fruuustraaatiiioonn…, geint-elle en glissant lamentablement le long du siège.
Promptement, elle se redresse. Ça ne lui ressemble pas de se laisser couler. Ses mains claquent ses joues. Haut les cœurs ! Elle ouvre la portière, sort du véhicule puis attrape son sac avant de refermer derrière elle. Elle sort son téléphone, le temps de se commander un chauffeur. Elle accueille à bras ouverts le froid, qui distrait ses pensées sur une sensation simple. Le bruissement du cours d’eau en contre-bas est un agréable compagnon dans l’avancée de la muette Eva. Elle pose son sac contre une paroi du pont.
Allons-y alors, s’encourage-t-elle en vérité davantage qu’elle ne répond au policier. Vous avez vu juste tout à l’heure, quand vous supposiez que la criminelle n’est pas du quartier. On a prélevé différents amas de boue dans les interstices de la bande de roulement des pneus de la moto.
La chimiste explique alors qu’il y a dans le terreau retrouvé des traces d’un fertilisant utilisé par les exploitants d’Ingland Empire. De plus, la teneur pH et la présence de microcristaux très spécifiques ont permis à un pédologue de circonscrire une zone particulière – toutefois relativement vaste – d’Ingland Empire. Eva précise que des analyses plus poussées – en tenant compte des données climatologiques locales, du régime des eaux et du développement de microorganismes – ont permis de dater approximativement les mottes de terre. Certaines remontent à un peu plus d’un mois en arrière, d’autres à trois semaines, et les plus récents s’échelonnent entre deux semaines à quelques jours. Ces résultats l’autorisent à conclure que la moto parcourt régulièrement la zone circonscrite que l’on peut fortement supposer être le lieu de planque du propriétaire de l’engin.

Après avoir inspecté les traces sur la chaussée, Eva va s’appuyer à un endroit du mur pour regarder le fleuve au-dessous.
Vous l’avez vue sauter, ici ?
Le pont est élevé et le courant assez puissant. Ce n’est pas donné à tout le monde d’oser un tel plongeon. Elle tourne la tête vers le lieutenant, avec un sourire évasif.
Pourquoi n’ai-je pas de mal à croire que vous puissiez pousser une femme au grand saut ?
Comme elle n’attend pas de réplique, son regard se reporte sur les eaux.
Vous vous y connaissez niveau moto ? Moi pas trop, mais un collègue m’a fait remarquer que c’est réellement un beau modèle. Et les modifications apportées déployaient toute sa potentialité. Ça a dû lui coûter de l’abandonner derrière.
Il y a peut-être une piste à remonter comme la fugitive doit sans doute se procurer un nouveau moyen de transport. On entend le bruit d’un véhicule en approche.
Vous avez besoin d’autres choses ? Je vous ai dit l’essentiel. Tout est consigné dans mon rapport.

Elle commence à retourner à l’endroit où est garée la voiture du policier, et où un second véhicule s’est arrêté. Sur le court trajet, elle juge qu’elle a fait sa part, désormais, c’est à Hart de faire ou non le prochain pas.
Nos chemins se séparent ici. Merci du temps que vous avez pris pour ravir ma curiosité. Comme vous savez, j’ai terminé ma journée. Je ne retourne pas au commissariat. Il me semble que nous sommes passés devant un bar sympa. Allez, lieutenant, courage pour votre fin de service, je lèverai un verre en votre honneur !
Sur un dernier sourire, elle s’installe dans la voiture commandée. Elle confirme au chauffeur la destination du Denver Federal Hospital. Elle n’avait pas prévu de récupérer sa femme de ménage, madame Crowthorne, qui par précaution, est gardée sous 24h de surveillance, mais puisqu’elle est dans les temps pour l’heure de sortie. Il y aura sans doute le mari de la patiente, mais si ça leur dit, elle invitera le couple au restaurant, c’est le moins qu’elle puisse leur offrir pour le désagrément.

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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] When England meets Ireland   [Livre I - Terminé] When England meets Ireland EmptyVen 27 Juil - 19:42

When England meets Ireland


Christopher ϟ EnglandEva ϟ Ireland
[Livre I - Terminé] When England meets Ireland 95699110[Livre I - Terminé] When England meets Ireland Eva0110

Témoin de l’agitation de son insolite passagère, la pensée de Christopher revient périodiquement sur les réelles motivations d’Eva.
Exprime-t-elle son enthousiasme pour cette course banale sur les traces d’une criminelle ? Manifeste-t-elle sa frustration d’avoir été éconduite ? D’ailleurs, un esprit aussi brillant peut-il être sujet à une forme de nymphomanie ?
Christopher jette un coup d’œil discret à la femme trop parfaite pour être honnête. Oui, la faille se trouve sans doute là, dans les valeurs qui forment l’essence d’un être humain. Eva Walsh possède l’intelligence, l’humour, la beauté, trois qualités qui séduisent les hommes. Mais sa morale doit se trouver au même niveau qu’une gérante de bordel adepte de sombres rituels satanistes et de jeux sordides pour âmes cruelles. Eva la croqueuse d’hommes naïfs. Walsh la lessiveuse de péchés capitaux.
Au cours de sa carrière, le policier a vu trop de succubes au visage d’anges pour se laisser leurrer. Jamais plus il ne se laissera abuser par leurs paroles de miel, leurs lèvres pleines qu’anime un sourire enjôleur, leur sensualité débridée qui appelle des caresses ivres de passions.
L’Anglais serait certainement moins aigri et méfiant si le pilier de son existence avait gardé l’éclat du marbre poli et la solidité du granit infrangible. À la place, Lauren s’était révélée un beau mirage, une colonne en papier mâché qui s’est écroulée sous le poids de sa propre cupidité.
Pour l’homme brisé, charger Eva d’odieux défauts est plus commode que lui attribuer des qualités humaines – les plus importantes d’entre toutes – et céder à son charme indiscutable.

Ainsi réplique-t-il avec une sobriété dépourvue de chaleur aux perches tendues.

— Croyez-moi, vous ne voudriez pas que je vous porte un coup sur l’épaule ou ailleurs. (Tu n’as pas idée du nombre de coups que j’ai portés, ni sur qui ni en quelles circonstances.) Entre collègues, une parole sincère et un sourire poli suffisent à exprimer sa reconnaissance. Surtout quand on se connaît peu : tout le monde ne réagit pas au contact physique avec la même sensibilité et le respect de l’autre est essentiel dans une relation.

Quelle ironie pour le combattant clandestin. La perspective de toucher ou être touché par une ravissante collègue l’incommode bien plus qu’un crochet dans la mâchoire.

L’Irlandaise montre pourtant des points communs avec Stubborn, en particulier son entêtement et son enthousiasme dans l’action. Au point que le commentaire de Walsh sur la supériorité de la réalité à une séance de cinéma arrache un nouveau sourire au conducteur rembruni.
Loin du cliché de la femme qui hurle de terreur à chaque coup de feu ou virage serré, Christopher imagine avec délectation le cœur de la scientifique palpiter à un rythme éperdu sous l’effet de sensations fortes : fascination pour l’extraordinaire, excitation de la poursuite, peur stimulante du danger. Ou alors il projette sur Eva ses propres émotions ; celles que tous les policiers de terrain ressentent et qu’ils doivent ensuite évacuer d’une façon ou d’une autre (via de torrides ébats pour les uns, d’horribles combats pour les autres).


De toute évidence, Walsh ne devine aucunement le côté sombre du lieutenant Hart lorsqu’elle le rejoint sur le pont, narre un brillant résumé de ses analyses sur la moto (récit qui fait apparaître une lueur admirative dans les prunelles du policier), puis mentionne l’envie de faire le grand saut.
Après les félicitations apportées au compte-rendu, Christopher reste muet à cette remarque équivoque, comme il est resté muet sur les échanges de tirs. Si le poursuivant confesse l’acharnement bestial avec lequel il a vidé son chargeur sur la fuyarde plongée dans l’eau glaciale, nul doute que l’Irlandaise, malgré l’intrépidité qui danse dans ses yeux enchanteurs, se détournerait en un battement  de paupières de ce tueur pourvu d’un badge. Néanmoins, malgré la culpabilité qui noircit ses pensées et hante ses rêves, Christopher ne peut courir le risque que son intolérable écart de conduite franchisse les portes du commissariat. Pour cet égarement et maints autres excès de violence, la place de Monk se trouve de l’autre côté des barreaux, parmi les criminels aux couches infectées de punaises, non dans le cloître douillet de son modeste appartement.

Heureusement, la scientifique ne s’attend guère à une réponse. Walsh enchaîne aussitôt avec ses réflexions sur la moto haut de gamme et modifiée de la cambrioleuse.

— Oui, c’est un modèle de choix, maniable et puissant. Les numéros de série nous ont permis de retracer le cheminement du véhicule de sa production à la dernière transaction connue, mais l’achat en espèces et l’absence de facture archivée ont refroidi cette piste. En outre, l’offre en moto sportive et pièces détachées est très abondante dans une ville comme Europolis, tant chez les revendeurs agréés que le circuit illégal. Nous n’avons pas les ressources suffisantes pour établir une surveillance efficace, mais j’ai mis quelques indics sur le coup en espérant que ça morde.

En dévoilant des éléments de l’enquête à un membre de la PTS, Christopher outrepasse ses prérogatives et il ne doute pas qu’Eva Walsh en est consciente. D’ailleurs, à aucun moment elle n’a cherché à lui soutirer des informations sur le dossier.
Pour lui, c’est une façon de témoigner sa reconnaissance à une collègue qui a fourni de nombreux efforts et manifeste un intérêt sincère pour son travail. En effet, quelles que soient les vues de l’Irlandaise sur Christopher, ce dernier a reconnu la flamme de la passion dans les yeux de sa collègue lorsque celle-ci expose ses découvertes.
De toute évidence, Eva Walsh adore son travail et y excelle. Le lieutenant y voit un grand potentiel pour Europolis… à condition de résister aux nuances les plus sombres de la capitale contrastée, ville tentaculaire où la sournoise corruption côtoie le noble héroïsme jusqu’au sein d’un même individu.

Le moment de la séparation approche et l’Irlandaise s’enquiert des besoins de son morne collègue.
Ce dont Christopher a cruellement besoin n’a aucun lien avec l’affaire. (Du moins, aucun lien dont il ait connaissance.) Il ne l’avouera pas, ni à Eva ni à qui que ce soit d’autre. Pas même à sa propre conscience. Il ne laisse d’ailleurs personne combler ce vide qui l’aspire dans un gouffre funeste, captif volontaire d’une spirale autodestructrice.
Après un soupir las :

— Votre exposé fut précis et éloquent ; je devine que votre rapport en contient tous les éléments accompagnés d’un florilège de détails. J’espère que nos efforts respectifs seront couronnés de succès et que nous attraperons cette roublarde.

Les sourcils de Christopher se froncent lorsqu’il aperçoit le véhicule avec chauffeur jouxtant sa propre voiture. Sa bouche s’ouvre à l’air hivernal, comme pour émettre une protestation. Mais seule une volute de vapeur s’échappe de sa gorge muette.
Je vous aurais reconduit chez vous, faillit-il prononcer. L’idée d’abandonner Eva comme un vulgaire objet encombrant sur le bas-côté de la route ne lui a guère traversé l’esprit, ou alors de façon trop fugace pour s’en emparer.
Le policier retrouve néanmoins une expression aimable. Après tout, cet éloignement prématuré les arrange tous les deux.

— Merci encore, Walsh, je vous souhaite de passer une agréable soirée.

Christopher imagine bien Eva se faire offrir des bières par une ribambelle de prétendants, dont le (ou « les », estimerait un mythomane audacieux) plus méritoire repartira au bras de la belle pour une soirée intime. Demain, elle aura oublié le lieutenant Hart comme un fumeur oublie sa cigarette de la veille.

Le policier, quant à lui, entend poursuivre l’enquête grâce aux précieuses informations de la scientifique. Quelques mois plus tôt, il avait repéré un groupe de jeunes roquets originaires d’Inland Empire investir une arène clandestine. Ce genre de voleuse – une femme hardie à la chevelure flamboyante juchée sur une grosse moto – attire ce genre d’hommes comme le miel attire les abeilles. Avec une approche appropriée, Stubborn recueillera sans peine les informations que ces voyous sont susceptibles de détenir.

— C’est pour que les civiles comme toi puissent jouir de la vie que les gens comme moi se salissent les mains et sentent le goût du sang sur leur langue, murmure Christopher en saluant de la main l’arrière de la voiture.

Du moins est-ce la raison qu’il se donne.
Car cette rencontre fortuite avec Eva Walsh lui a également rappelé la joie des contacts humains, simples, stimulants, spontanés et sensuels. Passer la soirée dans la glaciale solitude de son logement sonne comme une sentence insupportable.
Privé des bras de celle à qui il a juré un amour éternel, il se consolera dans l’étreinte d’un corps hargneux, maculé de sang et de sueur. Les pluies de coups dévastatrices remplaceront les douces caresses sans fin, les uppercuts haineux se substitueront à l’étourdissement des baisers langoureux. Par ce duel furieux et sauvage entre combattants, la douleur de son corps meurtri occultera la souffrance de son cœur transi.

Triste déchéance pour celui qui voit s’éloigner une chance d’aimer à nouveau.
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