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 [Livre I - Terminé] A balance between life and death
Henry Watford
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MessageSujet: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyMar 5 Mar - 14:32

26 Mars 2050


Il est huit heures trente, je suis réveillé depuis plus de quatre heures et mon loft n'a jamais été aussi propre. Je venais de passer plus de trois heures à tout nettoyer, tout ranger, tout organiser, à me débarrasser d'anciennes affaires que je ne voulais plus. Les sacs étaient dans l'entrée, deux grands sacs noirs dans lesquels se trouvaient principalement des bibelots que j'avais un jour eu envie d'acheter. J'avais mis du temps à me décider à le faire car chacun de ses bibelots, quand je le prenais en main, avait le pouvoir de me renvoyer à un souvenir partagé avec Sarah. Seulement ma fiancée ne faisait plus partie de ma vie. Elle m'avait été arrachée par un homme. Ben Hollander.

Abandonnant le grand espace ouvert officiant d'entrée, de salon, de salle à manger et de cuisine, la chambre ne se démarquant que par des rideaux en attendant que je termine celle à l'étage, je me rends dans la partie arrière du loft. Je traverse la zone servant de garage à mes deux voitures, j'avais d'ailleurs beaucoup travaillé sur ma voiture de "fonction" depuis mon accident sur la jetée. J'avais refait la carrosserie, je l'avais entièrement modifiée, ainsi que les vitres. Ca m'avait pris un long mois et ça m'avait coûté une coquette somme mais je l'avais adaptée à mon travail. Cette voiture était à l'épreuve des balles. A condition évidemment de ne pas l'attaquer avec du matériel militaire lourd ou des explosifs.

J'arrive enfin dans la partie qui servait avant à stocker les colis, il y fait froid, je n'y ai encore installé aucune isolation. La moitié est plongée dans le noir faut d'avoir changé les ampoules et cet espace dont je ne savais pas quoi faire en raison de sa grande taille, je l'avais transformé en véritable salle d'entrainement. Je n'avais pas lésiné sur les moyens pour la rendre aussi complète que possible. Vélo d'entrainement, tapis de course, sac de frappe, poire de vitesse, matériel de musculation. En attendant de trouver quoi faire de la partie plongée dans l'obscurité faute de fenêtres donnant sur l'extérieur et d'éclairage, j'avais mis des projecteurs sur ce qui était un parcours du combattant inspiré par celui des SAS britanniques. Enfin au centre des tatamis sur lesquels je m'entrainais en répétant les gestes et techniques appris de Lily, en affrontant Kate mais aussi des salles de sport où je vais parfois. Kate ignorait ce pan de ma vie que je tenais secret, je m'y entrainais au combat, j 'y développais mon corps, je m'y dépensais avec un but et un seul : l'accompagner dans ses sorties. Pour ça je devais devenir plus fort, je devais être capable de me défendre. L'entrainement était la seule façon de faire pour cela et c'est aussi pour ça que je me rendais parfois dans des salles de sport équipés de ring, pour affronter des adversaires dont je ne savais rien. Mon pouvoir me donnait un avantage mais la technique et surtout l'expérience martiale de Kate lui donnaient finalement l'avantage. Dans la rue ça serait pareil. Je ne voulais pas que mon pouvoir soit ma façon de me battre mais mon avantage.

Pourtant je ne suis pas venu dans cette pièce pour un entrainement en attendant que sèche le sol de mon loft. Je suis venu ici pour la même raison que je m'étais levé tôt ce matin. Ben Hollander allait être libéré aujourd'hui. Je n'en avais pas parlé à ma petite amie, elle ignorait même le nom de celui qui avait renversé Sarah. Ce nom je l'avais d'abord haïs jusqu'au mépris du silence quand il avait voulu s'excuser pendant l'audience qui l'avait condamnée à cinq années de prison. Un jugement minimal car Ben Hollander n'est pas un criminel, ce n'est pas un homme mauvais, ni même un alcoolique. C'est un homme qui a fait une erreur dans toute sa vie. Cadre commercial d'une entreprise de fournitures de grand standing pour les bureaux, il y avait fait sa carrière, ses collègues l'adoraient, ses clients et fournisseurs également. Ses amis parlaient de lui dans le plus grand bien. Sa femme l'aimait et il l'aimait, ensemble ils élevaient leurs deux petites filles et auraient dû voir naitre ensemble le petit dernier. C'est pour ça qu'il avait bu ce soir-là. Parce qu'il avait appris qu'il allait être papa d'un petit mec, qu'il avait décidé de fêter ça avec des amis. Et il avait pris le volant pour rentrer, il n'a pas vu le feu qui devenait rouge et il n'avait pas vu Sarah.

Mon poing s'écrase sur le sac de frappe avec violence, mes phalanges sont douloureuses dès l'impact, je n'ai pas mis les gants pour me protéger.

Alors je l'avais haïs jusqu'à refuser de l'écouter pendant l'audience. Il m'avait envoyé des lettres, beaucoup de lettres et je les avais toutes renvoyées sans jamais en lire une seule. Je ne voulais pas savoir ce qu'il avait à dire. J'ai été outré par le jugement rendu de cinq malheureuses années pour ce que le juge qualifia "d'erreur" là où j'y voyais un meurtre. Mais nous voilà près de deux ans plus tard, pas même la moitié de sa peine et il va déjà sortir. Parce qu'il s'est bien conduit. Parce qu'il n'a pas bu. Oh bien sûr il devra voir son conseiller judiciaire une fois par semaine pendant quelques minutes pour s'assurer de … je ne sais quoi. Le reste du temps il serait avec sa famille. Avec sa femme et ses trois enfants. Parce qu'il avait encore une famille.

Un cri de rage accompagne mon poing qui s'écrase sur le sac. J'ai mal aux mains à force de frapper aussi fort, je suis en nage mais pas que de l'effort physique. Il y a beaucoup de colère également.

J'y avais songé, à faire quelque chose d'horrible, lui prendre ce qu'il m'avait pris. Je boirai, je dirai ce qu'il a dit, je prendrai cinq années de prison mais j'aurai eu ma justice finalement. La justice la plus absurde et stupide mais j'aurai eu justice. Et les mois avaient filé. La colère était retombée, la haine était devenue de l'amertume. Ca n'avait rien changé au sort destiné à ses lettres de lui revenir intactes. Mais il y a trois jours j'avais appris qu'il serait libéré faute de place dans les prisons et pour sa bonne conduite, pour ne pas avoir touché à de l'alcool même s'il n'avait jamais été alcoolique. L'amertume était redevenue de la haine et la colère avait explosé en moi. J'avais pensé à aller l'attendre devant la prison et le renverser dès qu'il foutrait un pied dehors mais je me l'interdisais. Cet homme a une femme, il a des enfants et je dis toujours à Kate que je regarde vers devant, pas sur le passé. Seulement lui il m'a tout pris il y a deux ans. Et il rentre tranquillement chez lui retrouver ce bonheur dont il m'a privé.

On sonne. J'attends personne. J'ai pas envie d'aller ouvrir. On insiste. Fais chier.

Neuf heures et des cacahuètes, qui vient sonner chez moi à cette heure-ci ? Pourvu que ça ne soit pas Kate. Il faudrait encore que je trouve le temps de lui parler de la salle de sport à l'occasion. Et peut-être de Ben Hollander.

« Détective Hart ? Bonjour. »

Je suis surpris de le voir, j'ai oublié son grade au sein de la police, mais pas qu'il avait été presque un ami quand j'avais perdu Sarah. Venait-il s'assurer que je ne sois pas en train d'astiquer une arme destinée à monsieur Hollander ? Je l'invite à entrer.

« Je faisais du sport, je ne suis pas le plus présentable. Je peux vous offrir un café, peut-être ? »

Je désigne le canapé pour qu'il puisse y prendre place. Il a bien fait de venir aujourd'hui tout est propre et parfaitement rangé, rien ne traine, à croire qu'un maniaque vivait ici. D'habitude il y a toujours un peu de bordel, une feuille ou deux, des posts-it avec des idées pour mon roman, là rien ne traine. Tout est propre, tout est rangé avec un soin méticuleusement anormal. Je reviens avec deux cafés, sucre et lait. Mes oreillettes sont dans mes oreilles comme d'habitude mais il sait pourquoi, je lui avais donné l'explication que je donnais à tout le monde et que les médecins qui m'avaient ausculté avaient tous donné : acouphènes. Et dire que tous leurs diplômes cumulés avaient un total de plus de cinquante et qu'ils étaient battus par Kate qui m'avait expliqué la vraie raison. Honte à eux. Ignorant ce que voulait le policier assis dans le canapé, tandis que j'ai préféré le fauteuil face à lui, j'attends de voir ce qu'il va dire tout en lui servant un café. Quoi qu'il ne faisait aucun doute qu'il soit là à cause de Ben Hollander.
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Christopher Hart
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyMer 6 Mar - 4:28


Quand Ben Hollander a contacté Christopher pour lui faire part de sa requête singulière, celui-ci tout de suite accepté : « Il ne voudra peut-être pas entendre ce que vous avez à dire, encore moins vous recevoir, mais c’est la bonne chose à faire. Pour vous comme pour lui. »

Triste histoire que ce jeune homme qui a perdu sa fiancée à cause d’un conducteur ivre, un père de famille dont c’était la première entorse à la loi. Dans une immense fourmilière comme Europolis, plusieurs de ces tragiques accidents se produisent malheureusement chaque année. Tous laissent un goût amer, mais Christopher avait compati plus que d’ordinaire avec ce Henry Watford, au point qu’il a régulièrement pris de ses nouvelles au cours des premières semaines de deuil.
À travers ce jeune Britannique, le flic esseulé avait revécu la douleur indescriptible de sa propre perte. Sa fiancée ; la personne qu’on prévoit d’aimer et de chérir jusqu’à la fin de ses jours. Comme Lauren et Christopher, Sarah et Henry avaient l’air de former un joli couple. Et contrairement à la policière ripou, Sarah Matthews n’avait sans doute rien de sérieux à se reprocher. Le couple aurait pu, aurait vivre ensemble pour longtemps.

La voiture du policier emprunte la voie principale qui longe les docks, là où le cadavre de Lauren a disparu. L’image de son ancienne compagne s’invite à nouveau dans son esprit, lui noue les entrailles. Un rot bilieux lui remonte à travers l’œsophage.
Christopher jette un œil sur le rétroviseur intérieur où se reflète le visage débonnaire de Ben Hollander. Il n’a pas cessé de se ronger les ongles depuis le départ de la prison.
Le flic aimerait engager la conversation pour détendre l’atmosphère, pour le mettre en confiance, mais aucun mot ne jaillit de sa gorge encombrée.
Une pensée l’obsède : qu’aurait-il fait à la place de Henry Watford ?
Dans l’état de folie où il se trouvait après la mort de Lauren, Christopher aurait sans doute infligé à ce bonhomme père de trois enfants le traitement qu’il réserve à ses pires adversaires des arènes clandestines. En cent fois plus brutal. Ben Hollander aurait quitté cette planète en un tas de bouillie informe. Aucune porte de prison n’aurait eu de barreaux assez épais pour le protéger.

C’est pourquoi Christopher n’exclut pas un projet de vengeance de la part du fiancé, même deux ans après les faits.
Watford pourrait guetter Ben Hollander au détour d’une rue, le percuter violemment en voiture, lui rouler dessus en marche avant, puis en marche arrière, pour être certain d’achever le travail. Il pourrait également engager un tueur pour se salir les mains à sa place.
Zut, zut et zut ! se dit le flic en frappant le volant avec la paume de sa main, j’aurais dû demander à Fallon si elle a vu passer un contrat.
Le geste tire Ben Hollander de sa rêverie, qui cherche d’un regard coupable la raison de ce remue-ménage. Bon sang, ce type a les yeux d’un cocker qui vient de casser une fleur du jardin, observe Christopher, en plus inoffensif.

— On arrive dans cinq minutes, monsieur Hollander, dit le policier sur un ton ferme. Surtout, ne quittez pas le véhicule avant que je vienne vous chercher. Et tenez-vous prêt.

* * *

Vêtu de son plus joli costume turquin, cheveux soigneusement gominés et barbe de trois jours sans défaut, Christopher sonne chez Henry Watford à 9h12.
Le ciel est identique au matin précédent : tristement gris et agité, comme si les dieux préparaient une oraison funèbre à la population d’Europolis.
J’aurais dû appeler Eva, songe-t-il avec regret, elle aurait chassé mes pensées sinistres en deux tours de cuillère à pot.

L’attente se fait longue. Christopher presse à nouveau le bouton de la sonnette.
Henry Watford serait-il parti se poster au domicile des Hollander dès l’aube, attendant que celui-ci rejoigne sa famille pour assouvir sa vengeance ?

On ouvre la porte.
Bon sang, le jeune Watford a bien changé.
En mieux, de prime abord. Lors de leur dernière rencontre, Henry broyait du noir et paraissait cinq ans de plus. Le manque de sommeil et de nourriture le dévorait, masquant des souffrances psychologiques plus terribles encore.

— Bonjour, monsieur Watford. J’espérais que vous n’aviez pas oublié mon nom. Pouvons-nous discuter un moment ?

Watford l’invite à entrer, pourprin comme après une séance de sexe ou de sport.
Christopher avise les rougeurs et les écorchures sur les phalanges qui tiennent la porte. Des marques que le combattant clandestin connaît par cœur.
Séance de sport, donc, ce que confirme le jeune homme.
La première option aurait été nettement préférable.

— Vous avez bien raison de faire du sport. Ça maintient en forme et ça permet de se défouler, n’est-ce pas ?

L’enquête a déjà commencé.
Elle se poursuit quand le flic pénètre à l’intérieur du loft. Le regard exercé analyse la configuration des lieux, relève l’absence de désordre, la propreté immaculée d’une salle d’opération, les changements notables depuis sa dernière visite.

— Oh, et merci pour le café, ça ira très bien.

L’Anglais préfère de loin le thé, mais boire du jus de chaussette pour la bonne cause ne le dérange pas outre mesure.
Il profite de l’absence du propriétaire, affairé à la cuisine, pour compléter son examen. Aucune photo de Sarah, aucun objet qui évoque sa présence. Rien.
Des bruits de tasse se font entendre, Christopher s’installe dans le canapé. Il remercie Watford pour le café fumant, écarte le sucre et le lait d’un geste poli de la main.

— Vous avez fait du beau boulot, monsieur Watford. Respect. (Christopher regarde autour de lui avec une moue approbative.) J’ai rarement l’occasion de voir loft aussi propre et bien aménagé. Vous avez fait ça tout seul ?

Manière d’entamer gentiment la conversation, tout en s’enquérant de ses fréquentations.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyMer 6 Mar - 6:59

Je venais à peine de quitter la salle de sport et d'abandonner le sac de frappes qu'il me manquait d'ores et déjà. Je n'avais pas été tendre avec ce dernier, ni avec moi-même si j'en juge l'état de mes phalanges. Je pensais que avoir réussi à avancer depuis la mort de Sarah mais deux ans plus tard j'étais toujours exactement dans le même état mental que le lendemain de l'annonce de son décès. La colère était le sentiment qui m'envahissait le plus, suivait la haine. Seulement à l'époque j'étais perdu, j'étais triste par-dessus le marché et je ne savais pas me battre. C'était une rencontre qui avait changé ma vie, c'était une rencontre qui permettait à Ben Hollander de survivre à cette journée et probablement à toutes celles qui suivraient encore. Sans même le savoir, le père de famille avait une chance presque insolente que j'ai rencontré Kate avant sa libération.

Tout en traversant l'appartement pour gagner la porte mon regard se porte encore sur le loft que j'avais rangé méticuleusement, tout sentait le propre, les meubles en bois n'avaient jamais brillé comme ça depuis le décès de Sarah. J'avais fait des efforts pour ranger et nettoyer pour Kate mais il y avait toujours eu un peu de bordel, ces signes de vie d'une existence ordinaire, des clefs pas à leur bon endroit, des bibelots pas droits. Mon regard s'arrête sur le meuble du salon et le cadre photo vide. Ca avait été le premier objet que Sarah avait mis dans cet appartement une fois que nous fûmes installés. Ce cadre photo qu'elle avait rapidement utilisé comme une excuse pour que nous prenions une photo ensemble pour rentabiliser le cadre. J'avais gardé la photo bien sûr, j'avais gardé quelques photos d'elle et moi. Trois pour être précis. Toutes les autres étaient dans les sacs poubelles dans l'entrée que je sortirai dès ma rencontre avec l'excité de la sonnette qui répète déjà son appel.

Je ne sais pas si je suis surpris de voir le policier qui avait suivis l'enquête sur le décès de Sarah ou pas. Il avait été d'un réconfort relatif après le décès de ma fiancée, s'il n'en avait pas parlé j'étais presque sûr qu'il avait vécu une situation similaire à la mienne qui l'avait poussée à une certaine sympathie à mon égard. Ou alors il avait juste voulu être assez proche de moi pour s'assurer que je n'allais pas tenter quelque chose contre le suspect et coupable pendant la durée du procès. Non, le Henry que j'étais alors n'aurait jamais pensé revanche, il ne connaissait pas le mot de vengeance sauf dans ses rêves et ses nuits d'insomnies. Aujourd'hui c'était différent mais la même raison qui me faisait connaître le mot vengeance était celle qui ne me donnait pas envie de l'assouvir. Si je tuais Ben Hollander, si j'appliquais la justice sous sa forme réelle et pure, pas sous la forme du droit injuste qui régit notre société, moi je n'aurai pas droit à un traitement de faveur. Je n'aurai pas droit aux quartiers les plus sûrs de la prison, je n'aurai pas droit à une réduction de peine pour bonne conduite. On ne me traiterait pas en pauvre bougre malheureux qui avait commis une seule erreur dans sa vie. On me traiterait en criminel violent qui avait médité sa vengeance pendant deux longues années.Et je ne voulais pas perdre Kate.

« Bien sûr, je vous en prie, entrez. »

Même si je pensais savoir pourquoi il était là, je ne voulais pas jouer au petit malin qui sait tout. Je lui dirai sans doute que j'avais mes doutes sur la raison de sa présence chez moi en cette matinée presque ordinaire. Je hoche la tête à ses mots, me défouler oui c'est ça. Surtout aujourd'hui. Je serai mauvais écrivain si je ne faisais pas attention au choix de ses mots dans ses propos, habituellement se défouler n'est pas la première chose à laquelle on pense quand quelqu'un fait du sport mais le contexte de la journée s'y prêtait. Et quelque chose me dit qu'il le savait parfaitement.

« Oui, très précisément, ça permet de se maintenir en forme. »

Je ne disais rien sur le défouloir même si l'état de mes phalanges parlait seul. Revenant avec le café, j'en ai profité pour nettoyer mes phalanges, juste de vagues égratignures qui restaient, cet après-midi on aurait déjà l'impression qu'il ne s'était rien passé. Prenant place face au policier, je garde ma tasse de café, noire sans sucre, tout comme la sienne. J'aurai peut-être pu m'en souvenir, je lui avais déjà offert quelques cafés à l'époque de l'enquête. Et voilà qu'il ressurgissait dans ma vie, pile le jour où Hollander est remis en liberté. Je ne crois pas franchement au hasard ou à la chance.

« Ca n'a pas tant avancé depuis le décès de Sarah. C'est elle qui avait les bonnes idées d'aménagement. A l'étage je n'ai terminé que la salle de bain qui était déjà presque terminée à l'époque. J'ai aménagé une salle de sport dans la partie arrière mais c'était plus pour occuper l'espace que vraiment pour l'aménager. »

A l'époque tout devait lui paraître bien moins ordonné et propre. Je me moquais de tout, sauf de revoir Sarah lors de nos premières rencontres, j'avais mis du temps à remettre un peu d'ordre dans l'appartement et il avait fallu une jolie barmaid pour que je me décide à ranger et nettoyer pleinement. Aujourd'hui c'était encore très différent. Aujourd'hui on aurait pu opérer quelqu'un tant c'était propre et rangé.

« Je me suis dit qu'un bon ménage de printemps pourrait faire du bien ce matin, vous en admirez actuellement le résultat. »

Et quand je posais le regard autour de moi je me rendais compte que j'avais presque réussi à rendre le loft impersonnel en enlevant un à un les bibelots qui me liaient à Sarah. J'allais devoir remettre un peu de fun parce que ça faisait loft témoin pour agence immobilière. Surtout avec le cadre photo vide. Je bois une gorgée de café avant de reporter le regard sur le policier.

« Vous êtes là à cause de lui, n'est-ce pas ? »
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Christopher Hart
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyJeu 7 Mar - 4:19


Christopher détaille Watford tandis qu’il répond à ses questions. Le jeune homme ne s’étrangle pas, ne se perd pas dans ses mots. Pas de tremblote, non plus ; sa transpiration est difficile à évaluer après la séance de sport-défouloir qu’il vient d’accomplir.
Or ce type est un simple écrivain : s’il se préparait à exécuter son premier meurtre, il manifesterait des signes perceptibles de nervosité. Surtout devant un officier de police. À moins que Watford soit un psychopathe, mais les psychopathes n’écrivent pas de livres. Il faut éprouver des sentiments, connaître une vaste palette d’émotions humaines pour écrire de belles histoires qui prennent aux tripes. Ou alors cet auteur malade des oreilles mène une double vie de criminel à temps partiel, puisant des idées dans sa propre expérience.
La théorie la plus simple étant souvent la plus juste, Christopher en déduit que le jeune homme assis en face de lui ne projette aucune action radicale. De là à accepter un tête-à-tête avec Ben Hollander… la question reste ouverte.

— Ma mère disait toujours que le désordre extérieur reflète notre désordre intérieur, et donc qu’une maison propre et bien rangée signifie qu’on a les idées claires. Qu’en pensez-vous, monsieur Watford ?

Si on fie à l’aspect du loft, les pensées de Watford doivent baigner dans l’eau distillée – répondant aux normes de laboratoire les plus strictes.

Le propriétaire des lieux mentionne d’ailleurs Ben Hollander le premier, sans le nommer. Sa voix ne se casse pas, ne vibre pas d’agressivité. C’est de bon augure pour la suite, mais trop tôt pour se réjouir.
Est-ce le visage du chauffard qu’il imaginait cogner de ses poings ? Ou évacuait-il simplement une colère naturelle chez un être humain endeuillé ?

Christopher boit à son tour une gorgée de café, tel un Amérindien partageant avec son hôte le calumet de la paix, sous le grand tipi du village, avant un débat important.
Ledit café n’est pas si mauvais, d’ailleurs, mais aucune boisson chaude n’arrive à la cheville d’un bon thé menthe.

Le flic a déjà plus ou moins prévu ce qu’il va dire, avec une grosse part d’improvisation. Laisser son cœur s’exprimer fonctionne mieux qu’un discours prémâché de psychologue, quand on parle à des êtres humains ordinaires.

— Vous avez raison, c’est Ben Hollander qui m’amène ici.

Christopher guette les réactions de Watford à la prononciation du nom honni. Le jeune homme ne sait pas encore sa réponse est à prendre au sens littéral.

— Vous savez peut-être que la justice a décidé de le libérer aujourd’hui. Je ne suis pas là pour en débattre – je suis policier, pas juge –, mais je désire connaître votre sentiment à ce sujet. J’ai appris que monsieur Hollander vous a envoyé une kyrielle de lettres afin d’établir le contact et vous exprimer ses regrets, mais sans jamais recevoir une réponse de votre part. Les avez-vous lues ? Je ne suis pas là pour vous juger, c’est votre droit. Toutefois, je me soucie de chaque citoyen et de leur avenir.

Et par la force des choses, votre avenir et celui de Ben Hollander sont intimement liés, qu’on le veuille ou non.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyJeu 7 Mar - 5:40

26 Mars 2050


Je pouvais sentir le regard du policier sur moi, il était discret mais il ressemblait beaucoup à celui que Fallon avait encore régulièrement pour moi. Comme si j'étais sous un microscope et que chaque chose que j'allais faire ou dire serait décortiqué afin de m'étudier et de me comprendre le mieux possible. La raison de la présence du policier est assez évidente quand on y réfléchit bien. Le jour de la libération de l'homme qui avait pris la vie de ma fiancée il y a deux ans de ça. Lorsque le jugement avait été rendu, que le juge avait annoncé qu'il ne prendrait que cinq années de prison, quand les parents de Sarah s'étaient emportés en criant au scandale j'avais eu un sourire en coin qui avait quelque chose de pervers et de violent. Une expression que le policier n'avait sûrement pas raté lorsque je m'étais tourné pour quitter le tribunal et que nos regards s'étaient croisés. Je comprends qu'il soit là, pour s'assurer sans doute que je n'allais rien faire de stupide ou de violent envers Hollander. Non. Je ne crois pas qu'il aurait quelque chose à craindre. Sauf si nous devions nous rencontrer. Je ne peux pas dire comment je réagirai s'il était là, tout de suite, en face de moi. La seule façon de savoir serait de tester et tester pourrait s'avérer dangereux.

« Je ne vais pas être d'accord avec votre mère pour ce qui est du rangement. J'ai toujours eu peur d'une maison parfaitement rangée parce que ça n'est pas totalement naturel, ça cache quelque chose quand il n'y a pas un objet ou deux qui ne sont pas à sa place. Ca veut dire qu'il n'y a pas de vie dans cette maison et ça c'est triste. »

Mon propre loft reflétait un vide évident dans son état actuel, tous les bibelots jetés à la poubelle pour me défaire du souvenir de Sarah au maximum mais surtout pour faire de la place à Kate. C'est avec elle que je voulais vivre une histoire, c'est une photo avec elle qui devait être dans le cadre et puisque nous planifions notre premier voyage ensemble, il y aurait un souvenir, même un petit objet stupide et inutile qui ne fera que prendre la poussière. Seulement quand je le verrai c'est à Kate que je penserai, pas à Sarah. Ma vie devait avancer. Aujourd'hui était un bon jour pour le faire, ça m'occupait plutôt que d'aller attendre l'assassin de Sarah.

"Assassin" je m'en veux presque de le qualifier ainsi. Dans les moments où j'avais été le plus calme ces deux dernières années sur le sujet de la mort de Sarah j'avais fini par réalisé que Ben Hollander n'était ni un meurtrier, ni un assassin. C'était un homme qui avait fait une erreur, exactement comme l'avait dit son avocat, comme l'avait dit le juge pour justifier cinq années d'emprisonnement seulement. Mais aujourd'hui n'était pas un jour où j'étais totalement lucide c'est pour ça qu'en entendant le nom de cet homme dans la bouche du policier une lueur de colère passe dans mon regard alors que mes poings se serrent instinctivement. Ca dure une seconde, pas plus, ensuite mon regard redevient neutre et mes poings se desserrent pour me permettre de prendre ma tasse de café.

« Il vous a demandé de venir ? »

Je n'irai pas dire que je le trouverai stupide d'une telle pensée, j'y avais songé. Je hoche doucement la tête pour confirmer au policier que j'avais appris pour sa libération. Il veut mon sentiment ? Un sourire nerveux passe brièvement sur mon visage à l'idée de lui dire ce que j'ai sur le cœur et ce que me dicte ma tête, il pourrait y voir qu'un loft rangé ne veut pas dire la paix des pensées. Nouveau hochement de tête léger pour les lettres sans réponse.

« Je n'en ai lu aucune, je les ai toutes renvoyées dès réception. »

Avec le recul je me dis que j'aurai pu en lire une ou deux, même sans y répondre mais j'avais peur alors de ma réaction. Certains de mes clients les plus obscurs ou même pas forcément si obscurs avaient du matériel à vendre qui auraient pu me permettre bien des choses … même s'il était en prison.

« Redoutait-il que je l'attende à la sortie de la prison pour régler mes comptes ? »

Il y a quelque chose de narquois dans ma voix en évoquant cette idée. Non pas que l'idée était stupide ou qu'elle ne m'avait pas traversé l'esprit mais ça n'était pas franchement mon genre de faire ces choses-là.

« Si j'ai souhaité qu'il soit mort ça n'a été que les premiers mois, chaque fois que Sarah me manquait trop. Ensuite quand la douleur a été trop pénible au quotidien j'ai souhaité qu'il souffre de la même façon, j'ai souhaité que sa femme meurt comme est morte ma fiancée et qu'il ressente au quotidien ce que je ressentais. »

Mes yeux étaient ancrés au fond de ceux du policier et une lueur de colère avait allumé une petite flammèche inoffensive dans mon regard.

« Mais il faut savoir aller de l'avant et je m'y efforce ces derniers mois, laissez le passé où il est et reprendre mon chemin. Vous arrivez le jour du grand ménage. »

Je désigne le cadre photo vide. La photo je l'avais gardée, je ne pouvais m'en défaire. On m'y voyait déposer un baiser sur la joue d'une Sarah radieuse et souriante.

« Ca me semblait un bon jour pour tirer un trait définitif sur ma vie avec Sarah et embrasser celle que je construis. »

Une pensée pour Kate, un sourire amoureux, une gorgée de café, une expression neutre qui se ré-affiche.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyVen 8 Mar - 4:32


Christopher ne voit pas de contradiction entre la clarté de l’esprit que reflèterait l’ordre d’une maison, et l’absence inhérente de vie que souligne Watford. Bien au contraire. La vie est chaotique par nature, pour le meilleur comme pour le pire.
Le flic obtient néanmoins un renseignement précieux sur son hôte : Watford n’est pas homme à se complaire dans la solitude. Il a besoin d’une présence chez lui. Une présence humaine. Certaines personnes parviennent à compenser ce manque avec un animal domestique, voire une plante verte pour les plus radiaux. Or le grand loft est vide, sans laisse à l’entrée, sans poil de chien ou de chat sur le canapé – il en reste toujours, même après un nettoyage à l’aspirateur.
Christopher comprend très bien son homologue endeuillé : il est exactement pareil. En plus borné, puisqu’il lui a fallu près de cinq ans pour l’accepter .

— Je ne vous contredirai pas sur ce dernier point. Après tout, nous appelons ça (Chris désigne le grand espace d’un geste de la main.) un lieu de vie.

Une vie qui s’invite d’ailleurs dans les iris de Watford quand le flic prononce le nom de Ben Hollander, ainsi qu’à l’intérieur de ses poings serrés. Parfois, cette étincelle de colère suffit à allumer un brasier, produire une catastrophe, tel le battement d’ailes du papillon qui déclenche une tornade dévastatrice.
Christopher se frotte la barbe, évaluant les conséquences de ce chaos sur la suite des événements. Que doit-il lui répondre  ? C’est bien Hollander qui lui a demandé de l’accompagner, mais lui annoncer la vérité tout de go paraît encore prématuré.

— En quelque sorte.

Le policier ne va pas non plus mentir à Watford – ce serait la plus grave erreur qu’il puisse commettre, une marque d’irrespect impardonnable.

Watford confirme d’ailleurs les craintes du policier : il n’a lu aucune des lettres écrites que le chauffard lui a adressées. Peine perdue de sa part ?
Pas tout à fait.
Coucher ses regrets sur le papier aura permis à Hollander de soulager – un peu – sa conscience, de le préparer au jour où il pourrait enfin d’exprimer de vive voix face à l’ex-fiancé.
De même, ces lettres auront montré à l’endeuillé les efforts fournis, la persévérance du responsable à se faire pardonner.

— Au moins, vous savez que ces lettres existent. Certains messages reposent sur l’intention plus que sur les mots.

À en juger par ce que Hollander lui a montré, le père de famille n’est d’ailleurs pas très doué pour mettre ses idées à l’écrit. Au fond, ces rejets constituaient peut-être un mal pour un bien. L’auteur de romans aurait pu mal interpréter les choix de mots inopportuns, assimiler la syntaxe hasardeuse à un esprit malade, sournois.

Le ton de Watford se fait ensuite plus provocateur quand il soupçonne Hollander de craindre pour sa vie, quand il avoue les pensées sordides ayant traversé son esprit.
Le flic soutient le regard sans ciller, répond d’une voix calme :

— Monsieur Hollander est trop affligé pour craindre pour sa vie. Sans doute a-t-il confié dans ses lettres qu’il méritait de la perdre, à certains moments. Deux ans en cellule, ça laisse de longues heures pour cogiter et s’abandonner aux tourments. Les pensées suicidaires y sont omniprésentes, les tentatives nombreuses – certaines réussissent. Et n’oublions pas sa famille, laissée sans père et mari. Notez que je n’essaie pas de comparer leur douleur à la vôtre, ce qui serait stupide et irrespectueux. Mais soyez conscient que le décès de Sarah a aussi brisé la famille Hollander.

Christopher ne juge pas opportun de confier à Watford ses propres craintes d’une vendetta. Rien n’en sortirait de positif. En outre, le flic ne ressent pas le besoin de pousser le jeune homme dans ses retranchements afin de le tester plus avant.
L’écrivain ne dégage pas cette aura de danger qui caractérise les gens agressifs, capables de violence mortelle. Des gens comme lui, comme la plupart des combattants clandestins et autres criminels qu’il côtoie au quotidien.

Les derniers aveux, très encourageants de Watford résonnent avec la propre expérience de Christopher. A-t-il lui aussi rencontré une femme qui lui a ouvert les yeux, offert un avenir après des années de marasme ?
Le jeune homme parle d’un passé révolu, d’une vie qu’il construit et, surtout, affiche le sourire fugace d’un cœur qui bat pour un autre.

— Je suis heureux pour vous, monsieur Watford. Vous êtes jeune, en bonne santé, sans casier, vous avez encore toute la vie pour connaître le bonheur et le partager avec quelqu’un. (La voix de Christopher devient soudain plus rauque.) J’ai vu beaucoup de gens se détruire après un deuil, se confortant dans l’idée mortifère que renoncer à la vie est une preuve d’amour envers la personne qu’on a perdue. Mais c’est une erreur : une personne qui nous aime n’attendrait jamais de nous qu’on sombre dans une tristesse sans fin, qu’on marche seul dans un long tunnel obscur conduisant aux portes de la mort. Elle voudrait au contraire que l’on trouve notre place sans elle en ce monde, (Chris désigne Henry) que l’on bâtisse.

Les derniers mots de Christopher s’éteignent dans un murmure, suivi d’un silence. Derrière ses yeux perdus dans la contemplation d’une fenêtre, il songe à Eva et ce qu’ils pourraient bâtir ensemble. Se pourrait-il que… ?
Le flic secoue la tête, inspire profondément pour s’ancrer à nouveau dans la réalité.

— Pardonnez-moi. Il est temps de vous signifier la véritable raison de ma venue. Pensez-vous être capable d’accorder à Ben Hollander une chance de bâtir un avenir meilleur, avec sa femme et ses trois enfants ? Lui permettriez-vous de vous confier ce qu’il a sur le cœur, non pour oublier, mais pour vous laisser une chance d’alléger votre fardeau de ressentiment et de culpabilité ? Accepteriez-vous de lui parler, en ce jour crucial, pour la première et probablement dernière fois ?

Le flic n’a pas adopté le ton de la supplication, mais son regard céruléen et sa voix douce traduisent les sentiments de compassion qui l’animent.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyVen 8 Mar - 6:09

26 Mars 2050

En quelque sorte ? Comment pouvait-il être là en "quelque sorte" à cause de Ben Hollander ? Soi il était là pour lui soit il ne l'était pas, c'était aussi simple que ça. Bien sûr on pouvait voir ça de l'autre façon et se dire qu'il était là pour moi, pour s'assurer que je n'allais pas faire une grosse erreur d'une façon ou d'une autre en m'en prenant à l'ex-détenu. Auquel cas il serait, techniquement, là pour me protéger de moi-même. Seulement les pensées de meurtres avaient fini par se taire dans mon esprit depuis que j'avais rencontré Kate. Aujourd'hui était le seul jour où elles étaient revenues. Elles avaient pris l'apparence de ce rangement et de ma séance de sport intensive. Je les avais ainsi extériorisées au maximum pour éviter qu'elles ne me, tourmentent toute la journée mais même avec cela, je ne me sentais toujours pas tranquillisé. J'aurai vraiment eu besoin de la présence de Kate ce soir mais je n'osais pas lui dire la vérité sur ce qui avait tourmenté mon sommeil ou qui justifiait ma volonté de la voir ce soir. Elle viendrait tard, seulement après sa sortie nocturne, ça faisait encore une longue attente mais ce n'est pas comme si j'avais le choix.

Le policier finit par prononcé le nom de Hollander, malgré moi la colère brûle dans mes yeux et mes poings un rien douloureux après avoir tant cogné le sac de frappe sans avoir pris le temps de les protéger correctement comme j'avais l'habitude de le faire en temps normal. Seulement ce jour n'était pas normal. Rien ne semblait vraiment pouvoir se passer comme prévu en ce jour. Jusqu'à l'étrange présence du policier qui me parle de plus en plus de Hollander, abordant le sujet des lettres qui m'avaient été envoyés ces deux dernières années. Je regrettais finalement de ne pas en avoir ouvert juste une. J'aurai sans doute éclater d'un rire nerveuse au bout de dix mots en lisant ses excuses mais j'aurai peut-être quand même dû le faire. Cet homme, s'il m'avait blessé, avait tenté ensuite de réparer un minimum les choses. Ce n'était pas un criminel, juste un père de famille qui avait fait une erreur. Sa famille était encode soudée et unie à ce jour, sa femme le visitait régulièrement avec ses enfants pendant son séjour pénitentiaire.

« Qui me dit que ce n'étaient pas des lettres d'insultes pour dire que je lui vole ces années de sa vie et je l'empêche d'être avec son enfant juste né ? »

Non, je savais bien que ce n'était pas le cas. Je lui avais réservé un traitement de silence pendant le jugement mais j'avais entendu ses excuses qui se débitaient encore et encore. Il n'avait voulu que s'excuser et le contenu de ses lettres laissait peu de place au doute, je savais exactement ce qu'il y avait dedans et peut-être était-ce pour ça que je n'avais jamais voulu en ouvrir une seule. Non par peur de ne pas réussir à lui pardonner mais par peur de parvenir à le pardonner jugement. Qu'il trouve l'argument qui me ferait céder du terrain.

« Brisé sa famille ? »

La phrase est sortie pleine d'une colère froide. Comment osait-il me dire que le décès de Sarah, que Ben Hollander avait provoqué, avait provoqué une cassure dans sa famille à lui ?

« Sa femme le visite régulièrement avec ses enfants que je sache. Et il a une famille au près de laquelle retourner. Moi j'avais qui quand il a tué Sarah ? Qui pour m'aider à surmonter la douleur et la détresse ? Qui pour me dire que tout va bien aller et que ça sera bientôt la fin ? »

Plus j'avais parlé et plus les cendres froides de colère étaient devenues chaudes, jusqu'à devenir un petit brasier. Je reporte le regard dans ma tasse presque vide.

« Pardon. Je ne devrai pas m'emporter ainsi c'est … Il aura besoin d'une famille pour revenir à la vie et reprendre pied mais ça semble tellement … injuste. »

Je n'étais pas fier de ma colère et les mots du policier sur ma situation ne m'aide pas vraiment à redorer ma fierté ou réduire ma colère. Mes aveux que je ne devrai peut-être pas avoir sont là pour faire comprendre au lieutenant que la paix qui règne dans le loft n'est pas forcément reflet de mon cœur ou mon âme. Pourtant je souris quand il termine. Fugace le sourire.

« Sarah aurait été capable de revenir me botter le cul si je n'avais pas fait l'effort de continuer à vivre. Même si ça m'a pris du temps de le comprendre. Et qu'il fallu rencontrer … peu importe. »

Je chasse ces mots d'un geste de la main me raidissant en entendant la suite. Je finis mon café d'un geste rendu maladroit par la raideur douloureuse de ma main qui serre la tasse. Je cherche le regard de Christopher comme pour y déceler un quelque chose d'humoristique, ça devait être une blague, ça ne pouvait qu'être une blague.

« C'est une blague n'est-ce pas ? Une mauvaise blague ? »

Non, je sentais le policier sérieux. Je repose ma tasse, un peu plus fort que prévu. Nerveux et tendu comme un arc, me levant du fauteuil où j'étais assis pour commencer à faire les cents pas en réfléchissant sérieusement à la possibilité de cette rencontre. Avais-je envie de l'écouter parler ? De l'entendre s'excuser une fois de plus ? Pourrai-je le faire sans m'en prendre à lui ? Je n'avais jamais imaginé me retrouver face à face avec lui. Ou plutôt si mais jamais dans mon salon et jamais pour discuter.

« J'ai rêvé mille fois d'un face à face avec lui mais jamais pour discuter et habituellement il y avait du sang. Pas le mien. »

Le policier savait-il vraiment ce qu'il me demandait ? Se rendait-il compte du côté horrible de cette demande ?

« Je ne promets ni de lui offrir un café, ni même de lui répondre mais … »

Putain ce que ça me faisait chier de l'admettre mais je ne suis pas un méchant. Je ne suis pas un bad boy et, malgré moi, je comprenais.

« … mais il a une famille qui l'attend et qu'il appréciera plus avec le cœur léger d'un poids de culpabilité. Et eux n'ont rien à voir dans ce qui est arrivé, ils ne devraient pas en souffrir. »

Je soupire bruyamment.

« C'est entendu. J'accepte. Mais détective … gardez votre arme à portée de main. On ne sait jamais. »
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptySam 9 Mar - 4:25


En treize ans de carrière, Christopher a fréquenté un nombre pléthorique de victimes. Il a absorbé leur colère, leur douleur, contré maintes réactions violentes. Si Henry Watford était très mal en point après la mort de Sarah, il réagit deux ans plus tard avec davantage de sagesse que la plupart. Le flic devine un jeune homme sensible et mature, deux qualités précieuses dans son activité d’écrivain. Utiles également aux inspecteurs de police, qui doivent se montrer capables de se lier à l’autre, de faire preuve d’empathie, tout en gardant le recul et la hauteur nécessaires.
Pour Christopher, l’exercice est aujourd’hui difficile. Sarah ; Lauren. Deux noms de deux syllabes ; deux morts prématurées qui ont laissé deux fiancés brisés.

Va-t-en, Lauren, sors de ma tête. C’est pour Henry Watford et Ben Hollander que je suis là.

Le policier laisse couler les réactions spontanées, déplacées du jeune homme. Il affiche son visage solennel d’homme à l’écoute, compatissant. Touché. Un visage humain, non le masque de circonstance dont se parent certains flics pendant qu’ils songent au décolleté de la serveuse.
Il replonge les lèvres dans sa tasse de café, comme pour y puiser la force d’encaisser sans faillir. Ne pas montrer sa propre douleur, sa propre honte des crimes perpétrés en 2046.
Watford croit se tenir face à un officier de police réglo ; c’est de cet homme intègre qu’il a besoin pour passer à autre chose, non de la cruelle vérité.

Le jeune homme finit d’ailleurs par se reprendre de lui-même. Christopher choisit ce moment pour reprendre la parole :

— La douleur, la tristesse nous poussent à dire et faire des choses que l’on regrette. La vie n’est pas juste, vous avez entièrement raison. Je le constate tous les jours dans mon travail. En revanche, nous avons la possibilité de nous conduire de façon juste. C’est un choix à faire, une attitude à adopter qui exigent parfois de gros efforts.

Évoquer la fiancée disparue ramène un bref sourire sur les lèvres de Watford. À l’image de Christopher, il arrive manifestement au terme de son deuil… lui aussi grâce à une nouvelle rencontre.
Le visage espiègle d’Eva s’invite aussitôt dans l’esprit du policier, dont les lèvres s’étirent à leur tour. Cette personne qui a changé votre vie a-t-elle des origines irlandaises ? faillit-il demander. Il se reprend après un bruit de gorge :

— Votre Sarah était une fille bien, monsieur Watford. (Pas comme ma Lauren, s’entend penser Chris.) À travers tout ce que vous m’avez dit à son sujet, je pense qu’elle aurait été fière de vous.

Évidemment, le ton change radicalement lorsque le flic expose la vraie raison de sa venue.
Nouvelles projections de magma brûlant, nuages noirs qui s’amoncellent au-dessus de Watford.

Le policier se lève à l’imitation de son hôte. Visage grave, posture droite, ferme et assurée. Il vide sa tasse d’un trait, la pose sur la table basse.

— C’est votre décision, monsieur Watford. Nous la respecterons quelle qu’elle soit. Monsieur Hollander patiente dans ma voiture. Je vous demande de bien réfléchir à sa demande, dans l’intérêt de toutes les personnes impliquées.

Le jeune homme est agité – qui ne le serait pas, à sa place ?
Christopher croise les mains devant lui, comme à l’église, patient. Il est un simple entremetteur dans cette affaire, un intermédiaire. Rien ne pourra se substituer à un face-à-face direct entre les deux hommes meurtris.

Le policier se garde de tout triomphalisme quand Watford rend enfin sa décision – la bonne. Ce n’est pas un jeu. Pas une émission télé où tout est préparé en coulisse.
Chacun sait que la rencontre doit avoir lieu, mais que ses conséquences restent imprévisibles. Au point que le jeune cogneur redoute sa propre réaction.

— Ne vous inquiétez pas, monsieur Watford, je sais aussi me servir de ça. (Christopher soulève ses poings.) On va éviter d’autres morts involontaires à cause d’une balle malheureuse, mais vous pouvez compter sur moi pour éviter tout dérapage. (Le policier pointe le cadre vide du doigt.) Si je puis me permettre, profitez du temps que je revienne avec monsieur Hollander pour glisser une photo de votre amie à l’intérieur de ce cadre.  Ainsi elle vous soutiendra si vous vous sentez faillir. La force de la vie, comme vous l’évoquiez tout à l’heure.

Christopher songe que l’image aidera aussi Ben Hollander. Celui-ci se sentira mieux, s’il constate que le fiancé de sa victime a rencontré quelqu’un pour combler le vide laissé par Sarah.
Le policier s’approche de Watford, lui pose une main amicale sur l’épaule.

— Quoi qu’il arrive à présent, vous avez fait le bon choix. Un choix courageux qui soulagera également votre conscience. Vous avez un bon fond, monsieur Watford, ne cédez pas à la part d’ombre qui nous tire tous vers le bas et ça se passera bien.

* * *

— Q-qu’est-ce que je vais lui dire ? demande Ben Hollander, le visage décomposé.

— Vous attendez ce moment depuis deux ans, monsieur Hollander. Dites-lui ce que vous avez toujours voulu lui dire. Avec vos mots, avec vos tripes. Qu’il accepte ou non vos excuses, vous vous sentirez mieux après coup.

Le front de l’ancien condamné luit de sueur malgré l’absence de climatisation à l’intérieur de la voiture. Ses lèvres tremblent comme un malade du paludisme.

— Allez, monsieur Hollander, sortez de la voiture. On y va.

Et il y va, la démarche semblable à celle d’un condamné avec un boulet au pied.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptySam 9 Mar - 5:38

26 Mars 2050

« Vous parlez comme un homme qui sait vraiment trop bien de quoi il parle, détective. Vous n'avez pas fait que constater l'injustice de la vie dans votre métier, n'est-ce pas ? Euh … Pardonnez-moi, c'était terriblement indiscret de ma part. Se conduire justement est toutefois une chose difficile à faire. »

Ce qui était juste et injuste était parfois même difficile à discerner alors se comporter toujours de façon juste était un véritable challenge épuisant et difficile. Par chance il y avait des personnes comme Sarah et comme Kate, pour nous aider à continuer notre chemin avec courage et droiture. Chose que je m'efforçais de faire. Un petit rire en entendant le lieutenant parler de Sarah.

« Elle vous aurait botté les fesses pour dire qu'elle était "ma" Sarah. Mais oui, je pense qu'elle serait heureuse que je reprenne pieds. »

Même si c'était souvent difficile, même si son image me revenait souvent en présence de Kate. Je n'en étais pas fier de cela mais parfois des souvenirs me remontaient que nous faisions quelque chose avec ma petite amie. Quelque part je suppose que c'était logique et humain mais en même temps je trouvais cela injuste envers Kate. Alors je n'en parlais pas, surtout pas. Kate n'était pas une remplaçante, un choix par défaut, elle était ma reine de cœur, celle qui a piqué mon cœur.

La demande du policier me prend de court, elle me met mal à l'aise, je ne m'attendais pas à ça le moins du monde. Dans ma tête c'est une explosion de pensées plus contradictions les unes que les autres. Haine et sympathie. Colère et compréhension. Rage et pardon. Tout se répond, comme si un Goku angélique et un Vegeta diabolique se livraient un combat acharné dans le fil de mes pensées. Finalement j'accepte, non sans ajouter un maladroit trait d'humour. Je ne m'en prendrai pas à Ben Hollander, sauf s'il usait de mots qui provoquerait une telle réaction. Le policier en revanche me prend très au sérieux, ça n'avait pas été une bonne idée de ma part cet humour raté. Au moins je sais que le policier saura intervenir si quelque chose se passe mal.

« Evitons d'en arriver jusque là, je vais me contenir du mieux possible. »

Je dis rien concernant le cadre. Ma petite amie n'était pas très photo mais j'avais fini par en obtenir une il y a quelques jours de ça. Je la glisse à l'intérieur du cadre et souris en la voyant. Gros plan sur le jolis visage de Kate en train de réaliser une petite grimace. O ne voit qu'une petite moitié de mon visage, mes lèvres posées sur sa joue, y déposant un baiser tendre. La porte du loft se rouvre et les souvenirs délicieux provoqués par cette photo s'envole. Soudainement mon ciel bleu devient orage comme je me tourne vers l'inspecteur et l'homme qui l'accompagne. Mon premier regard est glacial, un coup de fusil qui tirerait des pics à glace.

**********

« Merci Monsieur Wat … je veux dire Henry. Je … Juste … Merci. »

Le policier propose de ramener Ben Hollander à sa famille mais ce dernier refuse, expliquant qu'une marche lui fera le plus grand bien.

La rencontre, que je pensais partie pour être brève, avait duré plus d'une demi-heure. Je ne m'étais jamais assis, j'avais toujours gardé un fauteuil de séparation entre Hollander et moi. Jusqu'à cette poignée de mains finale. Je l'avais écouté, de bout en bout, chaque mot, chaque excuse. J'avais apprécié l'entendre dire qu'il n'avait aucune excuse et qu'il regrettait. Si j'avais toujours voulu qu'il souffre autant que j'avais souffert, la donne avait été très différente maintenant qu'il était en face de moi et que je voyais sa détresse. Au tribunal, pendant tout le procès j'avais toujours fermé mon esprit à sa propre détresse mais là, en face à face, elle m'avait frappée de plein fouet et je ne pouvais plus l'ignorer.

Alors j'avais fait la seule chose qu'il y avait à faire. Je lui avais finalement dit que je lui pardonnais. Des mots qui avaient sincères même s'ils laissaient un goût affreux d'amertume dans ma bouche. Je lui avais dit de prendre bien soin de sa famille et de la chérir aussi fort et longtemps qu'il le pourrait. Il comptait le faire avait-il dit en souriant. Il était entré la mine basse, en homme blessé et incapable de vivre. Il repartait avec le sourire, le cœur un peu plus léger et des pensées amoureuses pour sa femme et ses enfants.

Je m'effondre finalement dans le fauteuil, sans aucune douceur. Mon regard se pose sur la photo et la ravissante grimace de Kate. Un tressaillement dans mes lèvres, un sourire qui avait voulu apparaître. Mon cœur bat avec douleur, mes mains sont moites et j'ai le sentiment que ma tête tourne. Ma tasse est vide, désespérément vide.

« Vous avez bien fait d'accepter de le conduire ici. Je n'avais jamais vu la force de sa détresse et la violence de sa blessure. J'aurai tellement aimé pouvoir continuer à le détester et l'envoyer valser. Mais en faisant cela j'aurai … »

Ruiné sa vie ? Détruit son couple ? Pu l'empêcher de reprendre une vie normale ? Un peu tout sans doute. Un soupir.

« Un thé vous tenterait-il inspecteur ? »

Je n'avais pas envie d'être seul dans les prochaines minutes, alors je l'invitais à rester le temps d'un thé. D'autant que si l'inspecteur avait toujours été discret dans sa façon de guetter mon loft et son état, j'avais remarqué une lueur quand il était revenu. Quand il avait posé ses yeux sur la photo dans le cadre et cela m'intriguait un peu. Connaissait-il ma petite amie ?
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptySam 9 Mar - 17:34


Christopher a ignoré l’indiscrétion de Watford avec un rictus se voulant une imitation de sourire. Il a aussitôt embrayé sur la suite de la discussion, enterrant le sujet six pieds sous une terre bien tassée.
Sa première « grande » injustice, il l’avait connue vingt-quatre ans plus tôt, quand son père policier avait été abattu lors d’un banal contrôle routier. S’il devait énumérer toutes celles qui ont suivi, la journée n’y suffirait pas.
D’ailleurs, la mort de Lauren était-elle réellement une injustice ? Sa compagne était une flic ripou qui traitait avec des gens dangereux, des marchands de mort. Et lui un imbécile, un amant crédule pour ne rien avoir remarqué durant leurs quatre années de vie commune. Au fond, Lauren et lui ont tous deux récolté les fruits de leurs erreurs. Des fruits amers et mortels.

* * *

Bon sang, mais c’est Kate ?!

Christopher serre les dents, comme lorsqu’on a l’impression d’avaler un morceau de viande avariée dans un restaurant chic.
Il se force à détourner le regard. Non, elle lui ressemble, mais ça ne peut pas être elle. Le flic pousse, davantage qu’il invite, Hollander à avancer – à se jeter à l’eau, à affronter ce moment qu’il désire et redoute depuis deux longues années.
L’accueil de Watford est glacial. Avec Hollander qui transpire comme un bœuf et ses oreilles rouges comme du métal en fusion, ces deux-là finiront bien par trouver un juste équilibre.

Torrents d’émotions, de paroles qui ne pouvaient être prononcées dans le cadre formel d’un tribunal, de vibrations dans la voix que des mots couchés sur le papier ne sauraient traduire.
C’est dans ce genre de moment que le lieutenant Christopher Hart apprécie son travail, mesure la portée de son action. Sur le papier, le policier est un représentant de l’autorité, une personne chargée de faire respecter la loi. Par vocation, l’Anglais est un être humain qui aspire à harmoniser les relations entre citoyens, à apaiser la haine et la colère, à maîtriser les forces destructrices et les cloîtrer là où elles ne pourront nuire à quiconque, à encourager les bons comportements. Le tout dans une mégalopole de douze millions d’habitants qui part sérieusement en vrille.

Il aimerait profiter de chaque seconde de cet entretien, savourer l’humaine compassion de Watford prendre l’ascendant sur sa douleur, sentir le fardeau traumatisant de Hollander s’alléger jusqu’à devenir supportable.
Mais cette fichue photo le trouble.
Le regard de Christopher ne cesse d’y retourner. À présent que l’émouvant dialogue entre les deux hommes suit son cours, nul ne remarque l’insistance qu’il lui prête.

Aucun doute, c’est bien Kate Ward !

La même Kate Ward qui lui clamait son rejet des hommes à cause de ce qu’elle avait subi. La même qui justifiait en partie leurs disputes à cause de son aspect d’homme adulte.
La même qui n’a cessé de lui cacher bien des choses, voire lui mentir.

Un œil tressaute, les mains s’ouvrent et se referment compulsivement derrière le dos du policier.
Certes, Christopher a quinze ans de plus que Watford. Il est plus grand, plus baraqué, porte la barbe et ne ressemble plus au gendre idéal depuis pas mal d’années. Mais quand même, de là à apparaître comme un monstre pendant que miss-les-hommes-me-révulsent se bécote avec l’écrivain, c’est pousser trop loin la comparaison.

J’avais raison depuis le début. C’est ma tronche qui ne lui revient pas.

Ou de savoir ce dont je suis capable dans les arènes clandestines, avec moult détails que son emmerdeuse de mère n’a pas manqué de lui rapporter.


Il suffit de voir l’expression drolatique de Kate sur la photo pour comprendre qu’elle n’a aucun problème avec Watford. Une expression qu’il ne lui a jamais vu depuis trois ans que le flic la connaît.
Une expression de joie qui fait plaisir à voir.

* * *

Watford et Hollander ont discuté plus d’une demi-heure. Assez pour calmer l’irritation de Christopher.
Un sourire sincère fleurit lorsqu’il serre la main de Hollander et lui souhaite un bon retour chez lui, auprès de sa femme et de ses trois enfants.
Une part de son enjouement est cependant hypocrite : le flic se réjouit que son passager décide de rentrer à pied, car il lui donne l’occasion de rester un peu avec Watford et le cuisiner sur sa nouvelle petite amie.
Ainsi, Christopher reprend l’initiative de la parole dès que la porte d’entrée se referme derrière l’ancien condamné.

— Je suis content que vous ayez pu vous libérer tous les deux. Vous aurez dorénavant le cœur plus léger : les pensées de haine et les élans de colère nous plombent, bien qu’ils soient naturels et difficiles à abandonner.

D’une certaine façon, Christopher envie ce jeune homme qui a su tourner la page sans oublier. La situation est loin d’être aussi simple et apaisée pour lui. Un flic de terrain se confronte au tragique et à l’horreur au quotidien ; chaque acte de bassesse, chaque ignominie est un rappel de la noirceur de l’âme humaine. Mais à présent, le trentenaire bénéficie également de la présence aimante d’Eva pour lui rappeler sa lumière.

Watford lui propose un thé et Christopher ne se fait guère prier. Son appétence pour sa boisson favorite n’est pas l’unique raison de son enthousiasme : des mains invisibles se frottent l’une contre l’autre à la perspective des révélations à venir.

Une question le taraude pendant que ses yeux s’attardent sur le cadre photo, alors que son hôte part chauffer de l’eau : doit-il confier à Watford qu’il connaît Kate, ou feindre l’ignorance ?
La seconde option est séduisante : Christopher aurait la satisfaction de prendre Kate au dépourvu, le moment venu, sur une autre partie de sa vie qu’elle dissimulait habilement. Qu’elle cache même à Fallon, éventuellement.
Toutefois, Watford risque de partager cette journée importante avec Kate et de mentionner son nom… auquel cas, l’effet de surprise tomberait à l’eau et pourrait même se retourner contre lui.

— La fille sur la photo, dit Christopher après avoir remercié Watford pour le thé qu’il vient de lui apporter, ressemble comme deux gouttes d’eau à une postulante de la police scientifique. Mademoiselle Kate Ward, c’est ça ? Vous la connaissez depuis longtemps ?

Christopher va devoir jouer cette partie avec finesse.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptySam 9 Mar - 18:56

La réaction première de l'inspecteur en voyant la photo avait marqué mon esprit. Il connaissait Kate, c'était évident. J'avais préféré le regarder lui parce que je redoutais de lever les yeux sur Ben Hollander, j'avais peur de ma réaction en croisant son regard. Alors j'avais les yeux posés sur le policier et je ne regrettais pas de l'avoir vu ce que j'avais découvert en agissant de la sorte. Il allait falloir que j'enquête un peu de ce côté. Mais pour l'instant mon problème principal était de gérer ma rencontre avec celui qui avait causé la mort de ma fiancée.

Il tient les mots qu'il tenait déjà il y a deux ans lors de son jugement. Des excuses incessantes, un vrai torrent qui ne s'arrêtait pas. Il parlait de ce qu'il ressentait, il parlait de ce qu'il avait fait, il parlait d'énormément de choses, son discours était confus. Devais-je faire l'effort de trier tout ce qu'il disait ? J'avais déjà fait l'effort de le rencontrer chez moi, de l'inviter à prendre place dans un fauteuil. Mon hospitalité s'était arrêtée là et j'avais détesté le voir regarder la photo de Kate. J'évitais de le regarder trop longtemps, chaque fois je revoyais les scènes du tribunal, je revenais deux ans en arrière et la douleur revenait m'envahir, réveillant la colère que j'avais ressenti. Alors mon regard quittait régulièrement Hollander pour aller sur le policier qui semblait en pleine réflexion par rapport à la photo. Il connaissait Kate.

Ecoutant Hollander qui ne me laissait pratiquement pas parler, je réalisais un effort supplémentaire pour lui mentir. Rien n'était pardonné, rien ne serait sans doute jamais pardonné mais je lui dis que c'est le cas. Je lui dis que de l'eau a coulé sous les ponts, je lui dis que le temps a fait son œuvre, je lui dis que la plaie n'est pas refermée mais que de continuer à lui en vouloir ne changerait rien. Alors je lui dis que je peux lui pardonner, que je veux qu'il puisse rentrer chez lui l'esprit léger. Il sourit et son sourire me fait l'effet d'une insulte. Mes dents se serrent durement, douloureusement derrière un sourire poli.

J'espérais qu'il en ait fini mais il parle encore, il me fait des promesses. Ne plus jamais boire, prendre soin de sa femme et ses enfants, qu'il n'oublierait jamais ma sympathie de le pardonner comme je l'avais fait. Chaque mot qu'il prononce est une douleur supplémentaire, je ne crois aucune de ses promesses, je ne crois aucun de ses mots. Sauf ses excuses. Je le crois sincère lorsqu'il s'excuse et me dit qu'il est désolé, qu'il aimerait pouvoir revenir dans le passé pour changer les choses. Ca pourrait être dans une démarche égoïste mais pour me faciliter sa présence je décide de croire que ce n'est pas le cas, que c'est vraiment pour sauver Sarah et non s'épargner la prison et la privation de sa famille.

Il enchaine encore et je n'en peux plus de l'entendre. Des choses qu'il veut que je sache sur son séjour en prison, l'introspection sur lui-même, la chance qu'il réalise d'avoir de pouvoir retourner au près de sa famille. Et finalement, enfin, il s'arrête de parler, il accepte ce que j'ai dit et s'apprête à nous quitter. Je l'ai autorisé à m'appeler Henry pour alléger notre rapport, Monsieur Watford ça faisait douloureusement trop adulte à mon goût. Et enfin, il nous quitte, laissant un goût amer dans ma bouche, je m'en veux de lui avoir mentis mais je crois que c'était pour le mieux. Je l'espère du moins.

Nous voilà donc l'inspecteur et moi. Il accepte un thé que je me lève pour aller le préparer un peu plus loin dans la cuisine tout en écoutant ce qu'il me dit sur ma rencontre avec Ben Hollander. Les mots qu'il prononce me font sourire et je secoue doucement la tête en lui expliquant la vérité. Je n'avais pas de raisons de lui mentir à lui. Après la mort de Sarah il m'avait été sympathique, il méritait la vérité que j'avais dissimulé à Hollander.

« Je ne crois pas. Enfin pas pour moi. Je ne croyais pas un mot que je lui ai dit, détective. »

Oui mais j'avais menti pour alléger sa conscience à lui et non pas la mienne. Moi j'avais toujours la même colère, j'espérais simplement ne jamais le rencontrer.

« Je voulais simplement alléger sa conscience à lui. Il a une famille à aimer, une femme de qui prendre soin et des enfants à voir grandir. S'il le faisait avec le fardeau de la responsabilité et de savoir que je le hais toujours autant qu'auparavant l'aurait empêché de le faire. J'ai menti pour lui mais rien n'a changé pour moi. »

Cette honnêteté colérique et haineuse. Est-ce pour ça que le policier parle de Kate ? Pour m'apaiser ? C'est un bon choix mais je doute que même discuter d'elle ne m'apaise totalement. Toutefois une gorgée de thé fait du bien. Penser à Kate également. J'ai l'impression d'avoir le parfum de Hollander dans les narines en continu et ça m'insupporte. Je hume profondément le thé mais j'ai encore ce parfum en tête.

« C'est elle, en effet. Je l'ai rencontrée pour la première en octobre dans un bar où je … disons que j'y oubliais Sarah en cherchant une machine à remonter le temps au fond des bouteilles. »

Je soupire en pensant à cette époque de ma vie dont je n'étais absolument pas fier.

« Mais c'est en janvier que nous avons commencé à discuter vraiment, elle a été ma source d'inspiration pour mon roman à succès sans que nous n'ayons jamais discuté. Kate est un ange tombé du ciel, elle m'a ramenée d'entre les morts pour ainsi dire. Elle m'a fait voir une lueur au bout d'un tunnel trop sombre. »

Je regarde la photo, un sourire amoureux sur le visage.

« Qu'est-ce qu'une belle jeune femme comme elle fout avec un mec à l'audition foireuse comme moi ? Je me pose la question depuis notre premier baiser. »
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Christopher Hart
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyDim 10 Mar - 11:06


Les épais sourcils de Christopher se froncent au fur et à mesure que Watford lui révèle l’amère vérité. Mentir pour la bonne cause, dans l’intérêt d’autrui, Christopher s’y résigne fréquemment. Toutefois la duperie le rend toujours mal à l’aise, plus encore depuis qu’il a rencontré Eva.
Quatre ans à être mené en bateau expliquent en partie son mal-être. Dissimuler une quantité croissante de secrets, dont certains très laids, ajoute au fardeau qui pèse sur sa conscience.
À présent qu’il se trouve à nouveau du côté de la personne qui se fait berner, l’expérience lui paraît très déplaisante et pousse l’Anglais à répliquer plus sèchement qu’il ne voudrait :

— Pour quelqu’un qui éprouve seulement du ressentiment et de la colère, vous mentez bien. Rudement bien, même. Un mensonge si bien orchestré qu’il réussit peut-être à vous leurrer, ne serait-ce que partiellement. C’est une option à envisager, monsieur Watford, que le temps et le recul permettront de confirmer ou d’écarter.

La psyché humaine est un univers complexe dont Christopher n’est pas un cartographe émérite. Toutefois, il préfère envisager la présence d’une zone apaisée dans la partie de sa conscience que Watford réserve à Ben Hollander. Le contraire serait quand même triste, voire désespérant chez un jeune homme « bien » comme lui.
Après un soupir, une mine plus apaisée, bienveillante, réapparaît sur le visage du policier. Sa voix retrouve un timbre calme et doux.

— Quoi qu’il en soit, merci de ce vous avez fait pour lui et pour sa famille. Vous avez été bon. Je crois que Hollander serait resté prisonnier d’une cellule là-dedans (Chris se tapote la tempe) sans votre aide. C’est dommage que ses propres mots n’ont pas réussi à vous libérer, je l’ai trouvé sincère et touchant.

Deux qualificatifs que le flic aurait employés pour décrire Watford, quoique d’une moindre façon. Les paroles hachées de Hollander, malgré leur confusion ou grâce à elle, prenaient vraiment aux tripes. Quant à Watford, il manie toujours ce discours intello inhérent aux métiers de l’écriture, comme un filtre greffé sur l’aire du cerveau dédiée au langage et à la communication.

Christopher sait désormais à quoi s’en tenir : il a affaire à un menteur surdoué. Je comprends mieux pourquoi Kate s’est entichée de lui. Qui se ressemble s’assemble. Un rictus nerveux saisit son visage, qu’il dissimule en plongeant ses lèvres dans la tasse de thé.

— Très bon, le thé, dit-il à Watford en relevant le nez. Il faut croire que nous les Britanniques avons des standards élevés en la matière.

Et il me paraîtrait encore meilleur sans un goût amer au fond de la gorge. Toujours meilleur, cependant, que le goût de merde avec lequel il doit composer en conversant avec des crapules insipides et arrogantes. Une étape souvent obligatoire dans la progression d’une enquête.

La discussion se focalise à présent sur Kate, qui n’a rien d’une créature insipide et arrogante malgré le caractère animé, parfois volcanique, de leurs discussions.

Oh my god, le cliché ! Kate Ward, tomber dans le piège du mystérieux client affligé qui noie son chagrin dans l’alcool ?!
Christopher affiche un sourire légèrement niais en continuant à boire son thé, réprimant un fou rire mal à propos.
Combien d’hommes comme lui ont fréquenté son bar de Coal District depuis qu’elle y travaille ? Pourquoi les a-t-elle tous repoussés (réellement tous ? qu’est-ce qu’il en sait, au fond ?) avant Watford ? Le bagou de l’écrivain, sans doute.

Les paroles fleuries de son hôte confortent le policier dans sa théorie, soulèvent les commissures de ses lèvres. Christopher n’a jamais possédé le talent d’un Watford, ce dernier lui rappelle néanmoins l’homme qu’il était jadis.

— Vous êtes un romantique, monsieur Watford. Beaucoup vous diraient que les Muses se sont tues à l’ère de l’information et de l’intelligence artificielle. Quant aux Anges… ils ont chu de leur paradis céleste pour sombrer dans la boue, les larmes et le sang que les cataclysmes et les guerres ont engendrés. À part une minorité d’artistes et de croyants, plus personne ne parle comme vous. C’est peut-être ce qui a séduit cette jeune femme, de prime abord. Mais si elle reste à vos côtés, c’est qu’elle vous trouve d’autres qualités essentielles à un couple. J’espère que vous ne lui mentez pas comme à Hollander, même avec de bonnes intentions.

Car ça, mon brave Watford, elle risque de très mal le prendre. Bien qu’elle ne doit pas se priver de son côté.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyDim 10 Mar - 12:28

26 Mars 2050

Non je n'avais pas dit la vérité à Hollander parce que le souvenir était encore trop douloureux. Il s'était un peu apaisé avec le temps, il s'était un peu estompé mais il n'y avait jamais eu pardon de ma part. Deux années ne suffisaient pas à oublier que cet homme avait pris la personne que j'aimais, avec qui j'allais me marier quelques semaines plus tard. Je n'oubliais rien de ce qu'il avait fait, même avec le temps qui filait. Ma descente aux enfers, c'est lui qui l'avait provoquée, c'est lui qui m'avait fait cherché un sens à la vie au fond des bouteilles. Il avait poussé ma vie vers l'alcool, les drogues (légères) et la dépression. Les soirs où la vie semblait trop pénible et l'idée de se trouver un Hollander pour en finir était trop forte étaient entièrement de sa faute. La perte de mon emploi, mon métier illégal. Il avait pris la vie de Sarah mais il avait aussi indirectement pris la mienne.

Je crois l'inspecteur blessé d'avoir cru à mes mensonges, je ne suis pas fier, je ne pensais pas le tromper lui, là n'avait pas été mon but. Je ne suis pas un menteur normalement, je préfère généralement l'honnêteté. Si j'avais menti aujourd'hui ce n'était pas par plaisir, ni pour moi mais bien pour Hollander, pour l'apaiser autant que je le pouvais.

« J'espère qu'il tiendra ses promesses. Je n'aime pas mentir, pas même à lui … ou peut-être que … surtout pas à lui. J'avais tellement envie de faire sortir la vérité, lui dire ce que j'avais sur le cœur, de l'enterrer mille lieux sous terre. »

Un soupir m'échappe, le fait évident avec lequel je devais composer était ma gentillesse, celle-même que Kate me reprochait parfois. Qu'elle avait tenté d'utiliser pour m'éloigner d'elle. J'étais un gentil, quelqu'un de doux qui n'envisageait pas franchement de faire du mal à une autre personne. Quoi que les choses avaient changé depuis que je m'entrainais pour apprendre à me défendre mais je ne m'imaginais pas agresser quelqu'un. Pas après avoir confronté Hollander sans lui avoir sauté la gorge. Kate avait-elle raison ? Est-ce que cette gentillesse, cette envie de voir le bon dans les gens, était une faiblesse que je devrai oublier ? N'était-ce pas finalement ce qui lui plaisait en moi ?

« Sarah les faisait bien mieux que moi encore. Elle savait mieux sélectionner les feuilles, les faisait sécher elle-même. Et pourtant elle n'était anglaise que par le sol, ses parents sont américains. Mais vous avez raison, nous sommes difficiles dans le choix de nos thés, rien n'est pire qu'un thé qui a trop infusé, pas assez ou dans une autre pas assez chaude ou trop chaude. Hélas j'ai bien peur que l'art du thé se perd. »

Cette discussion légère sur le thé faisait du bien, elle mettait de la distance entre Hollande et moi. Elle éloignait cette rencontre qui me mettait encore dans un état de colère passable. Parler de Kate fait plus de bien encore que de parler de thé. Même absente l'étudiante a ce don pour alléger mon cœur et mon esprit, pour apaiser ma colère et ma rage dont j'avais du mal à me départir. Je n'aimais pas me sentir ainsi, nerveux et à fleur de peau, je n'aimais pas que ce que je ressente était aussi puissant et négatif en même temps.

Je secoue doucement la tête aux mots du policier concernant le fait de mentir à ma petite amie. Mise à part cette omission sur la salle de sport que j'avais aménagé dans la partie inoccupée du bâtiment elle savait absolument tout ce qu'il y avait à savoir sur moi. J'aurai préféré qu'elle en sache moins concernant Sarah mais je n'avais pas le choix que de lui en parler. D'ailleurs il me faudrait ce soir lui parler de Hollande, j'en avais besoin parce qu'elle trouverait les mots pour m'apaiser, pour me permettre de me détendre. Elle saurait calmer mes nerfs par ses mots, pas un baiser sur ma joue.

« Je vous en prie, inspecteur, Henry ça me va très bien aussi. Monsieur Watford ça fait … Je ne me sens pas vraiment comme Monsieur Watford aujourd'hui. »

Je lèvre mes mains aux phalanges égratignées. Non aujourd'hui j'étais Henry, ex-fiancé de Sarah, qui a rencontré celui qui l'a tuée. Et j'espérais que ce soir je serai à nouveau le petit ami romantique et tendre de Kate, j'espérais que quand elle viendrait me voir je serai doux et tendre, que la colère se soit tue pour me permettre de parler de Hollander comme d'un élément passé et révolu.

« Je n'ai aucun secret pour ma petite amie, elle sait tout de ma vie, de ce qu'elle fut, de mon handicap, de Sarah. La seule chose qu'elle ignore pour l'instant c'est cette rencontre parce que je ne m'y attendais pas. Je lui en ferai part ce soir mais j'espère que j'arriverai à le faire avec détachement je ne veux pas la blesser avec mon passé. Elle a compris que Sarah serait toujours présente d'une façon ou d'une autre mais je ne veux pas que … je ne veux pas être emporté quand je parlerai de Hollander avec elle parce que je ne veux pas la blesser en la laissant comprendre que malgré moi j'ai encore des sentiments pour Sarah. »

Je soupire à nouveau, ça allait être un déluge de coups qui allait s'abattre sur le sac de frappes cet après-midi pour extérioriser cette rencontre.

« Comprenez bien, Inspecteur, j'aime Kate avec tout mon cœur et j'imagine construire une belle aventure, une belle vie avec elle. Mais Sarah aura toujours un petit bastion dans mon coeur. Comme une tâche sur une vitre propre que je ne pourrai pas effacer avec tous mes efforts. »

Ou peut-être que je ne voulais pas l'effacer parce que la façon dont elle m'avait été arrachée n'était pas naturelle et que je ne l'acceptais pas. Mais j'aimais Kate et elle était celle avec qui je voulais créer un avenir. Relevant un regard inquiet vers l'inspecteur, comme si j'ignorais tout du passé de la jeune femme qui partageait ma vie, je lui demande.

« Vous-même semblez la connaître et vous semblez surpris de nous voir ensemble, y a-t-il quelque chose que je devrai savoir ? Ou êtes-vous simplement surpris qu'une belle et intelligente jeune femme comme elle partage sa vie avec un romancier au passé entaché d'une ex-fiancée défunte ? »

Un léger soupir, empreint de regret.

« Est-ce mal de me dire que j'aimerai qu'il y ait eu quelque chose de sombre dans son passé pour ne pas avoir l'impression d'apporter toute la noirceur dans notre couple avec mon histoire ? »
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyLun 11 Mar - 4:27


Christopher se fend d’une moue admirative en apprenant le soin qu’accordait Sarah Matthews au rituel du thé. Chez lui, cet art millénaire se limite à choisir des produits de qualité, respecter la température et le temps d’infusion indiqués sur les sachets. Zéro complication ; une routine qui lui convient ; un goût dont il ne se lasse jamais grâce aux associations menthe, citron et autres classiques.
Un sourire amusé naît sur les lèvres de l’Anglais quand il songe à Eva, davantage portée sur les robes ambrées des Kilkenny et des Guiness. Toutefois, il ne désespère pas de convertir l’Irlandaise aux boissons sans alcool. Chaque 36 du mois, dans une mini-tasse ornée de trèfles couleur émeraude, contre une promesse de câlin qu’elle ne voudra certainement pas refuser.
Le policier toussote avant que ses pensées ne dérivent sur les feuilles de vigne et autres références glissantes.

De façon peu surprenante, discuter de Kate le ramène aussitôt à des considérations plus sérieuses. Le jour où il rigolera avec sa future collègue, tous les criminels d’Europolis se tourneront vers les métiers humanitaires.

OK, Watford – Henry – semble prêt à sympathiser et il raconte tout à Kate. En somme, chacun de mes mots et gestes sera rapporté à Kate avec la fidélité d’un écrivain à succès.

— Très bien, ce sera donc Henry. De mon côté, la plupart des gens m’appellent lieutenant. C’est un prénom facile à retenir.

Petit rire amusé.
Le flic aurait pu directement remplacer « la plupart des gens » par « votre amie Kate ».

Christopher se reconnait une fois encore en Henry à travers les sentiments qu’il garde pour son ancienne fiancée, malgré l’arrivée d’une autre femme dans sa vie. S’il savait à quel point leurs trajectoires se rapprochent sur le plan affectif !
Certes, la situation du trentenaire est plus complexe. Sa relation avec Eva progresse lentement pour des raisons inavouables ; Lauren ne mérite pas les louanges de l’honnête Sarah. Les deux hommes connaissent pourtant une gêne et une confusion qui le perturbent de façon analogue.
C’est au fond de sa tasse de thé qu’une réponse lui apparaît :

— Ma mère avait une phrase pour remédier à ce genre de problème : « plus un cœur est grand, plus il peut accueillir de monde ». N’y voyez aucune incitation à l’infidélité ! (Chris rit sur son siège.) Je comprends votre désir de prendre un nouveau départ, sincèrement, et je prendrai la comparaison de la tache comme une maladresse de votre part, mais il n’y aucune raison valable de refouler les sentiments que vous éprouvez encore pour Sarah. Elle a fait partie de votre vie, c’était une belle personne qui a contribué à faire de vous l’homme que vous êtes aujourd’hui. Il est naturel de lui réserver une place dans votre cœur jusqu’à la fin de votre vie. Seule une personne égocentrique ou ultrapossessive voudrait l’y déloger. Kate n’est pas pour vous une Sarah de substitution, elles me semblent d’ailleurs très différentes l’une de l’autre. Je pense qu’au contraire, la fidélité de vos sentiments est une qualité appréciable.

Évidemment, à force de mentionner Kate, Henry s’interroge sur le lien qui l’unit à un lieutenant de police.
Christopher se frotte le barbe, vide le reste de sa tasse et s’adosse confortablement au fauteuil.

— Vous savez sans doute que votre amie vient de passer le concours pour intégrer la police scientifique ? C’est à cette occasion que je l’ai revue, pas plus tard que la semaine dernière. (On va éviter de lui dire comment et pourquoi.) Mais nous nous connaissions bien avant ça : deux, trois ans peut-être ? Je l’avais interrogée comme témoin dans une affaire de braquage, et Kate préparait déjà son avenir. Personnellement, c’est son courage et sa détermination qui m’avaient frappé chez elle. Elle m’a toujours semblé plutôt… solitaire, travailleuse et peu réceptive aux avances des clients. Vous avez dû vraiment l’impressionner pour attirer son attention. On peut aussi invoquer le coup de foudre, si ce phénomène existe vraiment.

Christopher leva les yeux vers le plafond, se remémorant ses premières rencontres avec Lauren et Eva. Sans parler de coup de foudre, le courant est immédiatement passé avec chacune d’elles. L’attraction physique était venue après cette mystérieuse alchimie, avec une force difficile à contrôler.
Toutefois, ni Lauren ni Eva n’avait un lourd passif de jeune prostituée maltraitée.

Un passif dont Henry ne semble pas informé. Kate, rien de sombre dans son passé ? Il y a assez de noirceur pour repeindre le loft du sol au plafond !
Pourtant, ce n’est pas pour cette raison que le front de Christopher se ride en une expression sévère.

— Oui, je pense que c’est mal. Et égoïste. Vous devriez vous réjouir que la vie ait épargné votre amie jusque là, si c’est réellement le cas. Mais en tant qu’auteur, j’imagine que vous êtes un homme informé et lucide. Pour une fille des quartiers difficiles, avoir un joli minois est rarement un cadeau. Beaucoup d’hommes – et de femmes – qui vivent et « travaillent » là-bas ne voient pas un Ange tombé du ciel, mais un corps à posséder.

Christopher dépose sa tasse sur la table basse d’un geste vif, mal assuré.

— Du moins, c’est mon expérience de policier qui a vu beaucoup d’horreurs à Coal District. Mais à votre place, j’éviterais d’aborder ce sujet. Elle le fera spontanément quand elle se sentira prête, et alors vous saurez qu’elle place en vous une immense confiance.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyLun 11 Mar - 5:55

Pour une non britannique, Sarah avait toujours eu un rituel du thé à la limite de la tradition. Tout devait être fait avec une précision quasi-militaire, je crois qu'il aurait été plus facile de trouver un tueur à gages moins organisé que Sarah que de la voir rater un thé. Ca n'était jamais arrivé. Avec le recul je regrettais de ne jamais avoir pris le temps d'apprendre tout le soin que Sarah apportait aux thés qu'elle préparait. Elle ne voulait jamais d'aide, quelque part c'était son côté maniaque qui s'exprimait. J'avais le droit de faire plein de choses mais pas le thé, ça c'était sa chasse gardée, son petit domaine. Je pouvais regarder mais pas poser de questions, lui donner ce qu'elle demandait mais pas prendre d'initiatives. Sarah était vraiment obsédée avec ses thés. Ca faisait parti des choses que j'aimais chez elle. Après tout l'adage ne dit-il pas qu'on apprécie les gens pour leurs qualités et qu'on les aime pour leurs défauts ? Est-ce que j'aimerai autant Kate si elle ne s'excusait pas sans cesse en pensant mal faire et en craignant mes réactions ? Même si cela avait le don de m'exaspérer à chaque fois, j'aimais ce côté de son caractère à toujours douter et se remettre en cause.

« C'est marrant ça, vous n'avez pas du tout une tête à vous appeler lieutenant. Vous me faites plus penser à un détective. »

Un petit trait d'humour de sa part, un petit trait d'humour de ma part, après la rencontre avec Hollander ça faisait drôlement du bien. Et ça fait du bien de parler de Kate et de laisser de tendres, et brûlants, souvenir m'envahir. Ca remonte le moral, ça fait énormément de bien, voir son beau visage devant mes yeux. Et puis je me souviens que je lui parlera de cette rencontre avec Hollander ce soir et le sourire se meurt un peu. Et je me souviens que Sarah garde une place dans mon cœur, que ma petite amie essaye par trop souvent de comparer à ma défunte fiancée, probablement par ma faute et le sourire se meurt un peu plus. Sarah aura toujours une place dans mon cœur même si Kate envahit tout le reste de la place disponible dans mon petit palpitant.

Les mots du policier sont très justes, il comprend parfaitement mon incapacité à totalement oublier Sarah, il comprend cela d'ailleurs presque trop bien pour que ça soit totalement innocent. Je ne lui demanderai pas bien sûr, je n'avais aucune envie d'appuyer sur quelque chose qui pouvait encore lui être douloureux. Je détesterai qu'un petit con parle de Sarah et appuie une plaie que je n'arrivais pas à totalement refermer malgré deux longues années et une magnifique rencontre. J'approuve à chaque mot prononcé par le policier, me rendant aussi compte qu'il semble en savoir plus sur Kate qu'il ne me le disait. Comment sinon pourrait-il les comparer ? Il avait entendu mes paroles élogieuses pour Sarah, celles des parents et des frères de Sarah également mais Kate ? Comment connaissait-il mas petite amie ?

« Oui je suppose que c'est une qualité. Je veux simplement être sûr que ça ne blessera pas Kate. »

Ca voulait dire faire confiance à l'étudiante et espérer qu'elle ne cherche pas sans cesse à se comparer et se demander si Sarah faisait quelque chose mieux qu'elle ou prenait mieux soin de moi. Ces notions ne devraient pas exister dans son esprit mais elle ne pouvait s'empêcher de le faire. Quelque part ça devait être de ma faute mais je ne savais pas comment faire évoluer les choses.

Je hoche la tête, oui je le savais, nous avons révisé ensemble par plusieurs fois, ça lui tenait énormément à cœur. Pourtant en bon écrivain je décortique les mots choisis par l'inspecteur et j'entends qu'ils se sont revus. Kate, témoin dans un braquage ? Je marque la surprise sur mon visage, m'interrogeant sur ce qu'il venait de dire mais pas sur le fait qu'elle ait été témoin mais parlait-il de Kate ou de Venom ? Depuis quand ma petite amie agissait-elle comme une héroïne ? Finalement je souris, expression qui remplace le côté interrogatif de mon visage lorsqu'il parlait de braquage. Le coup de foudre avec Kate … Oui ça avait été ça en quelque sorte.

« Je ne sais toujours pas ce qui a pu lui plaire chez moi. Depuis octobre que je venais tous les soirs écrire dans le bar à m'inspirer en la regardant tendrement je n'avais dû utiliser que dix mots différents en tout et pour tout. Il m'a fallu trois mois pour trouver le courage de balbutier une invitation à un café. Je crois bien que c'est la pitié qui l'a motivée à accepter. »

Je souris en disant cela, j'espérais que ce n'était pas le cas mais franchement, elle me dirait que c'était le cas que je ne serai qu'à moitié surpris.

« Je préférerai que ça soit parce que je ne bavais pas sur son corps de rêve comme les autres clients qui la regardaient comme le loup de Tex Avery. »

Je préférais largement cette hypothèse pour être vraiment sincère. Je demanderai peut-être à Kate un de ces jours, pourquoi pas ce soir ? Ah non pas ce soir. Ce soir je vais me faire tirer les oreilles pour avoir voulu passer cette journée seul.

L'expression sévère du policier se confronte à une expression grave et interrogative lorsqu'il reprend la parole. Je ne m'interroge pas sur ce qu'il dit, je le sais précisément, je m'interroge sur la façon dont il sait tout ça sur ma petite amie. Le bon côté c'est que ça m'évite d'avoir à feindre la grave surprise qui se dessine sur mon visage.

« Je ne suis pas sûr de vous suivre, Inspecteur. »

Je le scrute comme quelqu'un qui chercherait à comprendre, à lire dans sa tête les mots qu'il ne prononçait pas.

« Qu'essayez-vous de me faire comprendre ? Vous dites avoir interrogé Kate lors d'un braquage, qu'elle vient de quartiers difficiles … Etait-elle une braqueuse dans le casse dont vous me parliez ? »

Je fais tourner nerveusement ma tasse entre mes doigts, plongeant mon regard dans le thé au milieu duquel se crée un petit tourbillon hypnotique.

« Est-ce que vous êtes en train de me dire que ma petite amie est une femme dangereuse ? Que je risque ma vie à ses côtés ? »

Je reporte un regard interrogateur, presque suppliciant dans les yeux de l'inspecteur. J'agissais comme si j'ignorais tout le passé de Kate.

« Elle m'a parlée de l'orphelinat, enfin un petit peu, que sa vie y a été difficile mais ce que vous sous-entendez c'est qu'elle ait vendu son … corps, c'est cela ? Je … Je ne vois pas Kate avoir fait ça. »
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyMer 13 Mar - 4:30


Ce Henry Watford ne semble pas avoir une haute estime de lui-même pour autant se préoccuper des premiers sentiments de Kate à son égard. Ou il place son amoureuse sur un piédestal si élevé qu’il se sent ridiculement petit à ses pieds. Ne l’a-t-il pas comparée à un Ange céleste ?
L’amour rend bête et aveugle. Christopher l’a compris à ses dépens. Le jour où Henry ouvrira les yeux sur les défauts de Kate, il déchantera ou – s’il l’aime vraiment – acceptera qui elle sans candeur.
D’ici là, le flic connaît la seule réponse valable aux interrogations du jeune homme :

— On pourrait en débattre pendant des heures, la seule façon de savoir réellement ce qui lui plaît chez vous, c’est de lui poser directement la question. Face à face. Il est possible qu’elle-même l’ignore, d’ailleurs. Les sentiments ne sont pas une affaire de raison, pour le meilleur comme pour le pire.

Le ton absolu du policier indique sa volonté de clore le débat.
Son porte-bonheur irlandais lui a appris à se montrer moins cérébral sur le sujet : Eva et lui sont attirés l’un par l’autre, ils s’entendent comme bière et chope, se font mutuellement du bien.  Pourquoi s’encombrer des raisons de leur indéniable alchimie ? La vie est déjà suffisamment compliquée – surtout celle de Christopher.

Cette question étant réglée, Henry s’étonne de l’affaire de braquage qui a agencé la première rencontre de l’inspecteur avec Kate. L’écrivain ne peut être niais au point d’ignorer la forte délinquance autour du bar qu’il a longtemps fréquenté. Qu’est-ce qui le turlupine ?
C’est au tour de Christopher d’arquer un sourcil en réponse aux élucubrations de son hôte.
Bon sang, c’est son imagination de romancier qui parle ou c’est un angoissé de nature ?

— Il n’y a rien de plus à comprendre, Henry. Dans notre jargon policier, les témoins ne sont pas impliqués ni même suspectés de l’être. Le braquage avait eu lieu dans une boutique proche du bar où elle travaille. Je l’ai interrogée pour recueillir son témoignage, car les serveuses sont en général d’excellents témoins. Elles ont l’œil ! Et des oreilles grandes ouvertes. Kate appartient toutefois à la catégorie des barmaids peu loquaces, malgré son amabilité. Vous avez dû le remarquer, au cours de votre longue période à l’observer sans oser lui adresser la parole.

Christopher soupire. Si Kate avait la langue moitié moins pendue qu’Eva, tant de malentendus et quiproquos auraient pu être évités ! Le flic a beau connaître les raisons de la jeune femme, ce fâcheux trait de caractère continue de l’agacer. Le jour où Kate et lui tiendront de bout en bout une conversation normale, sans virer à l’interrogatoire houleux, Christopher dérogera à son régime austère pour célébrer l’événement avec whisky jusqu’à plus soif – ou bière forte, si Eva se joint à lui.

Henry s’inquiète du danger que représente Kate, mais a-t-il conscience -il que sa mère l’est cent fois plus ? S’il commet un faux pas ou blesse sa fille d’une façon ou d’une autre, Christopher ne donne pas cher de sa peau.

— La femme qui s’empare de notre cœur est toujours dangereuse, car elle détient le pouvoir de le briser en mille morceaux. (Silence nostalgique. Souvenir immuable de Lauren.) Quoi qu’il en soit, j’espère bien qu’à son côté vous risqueriez votre vie pour elle. Certains quartiers d’Europolis sont plus sûrs que d’autres, mais nul n’est plus à l’abri de nos jours. Et cela me peine de le dire en tant que policier, croyez-le bien. Je vous encourage à poursuivre le sport (Christopher dresse les poings) et porter une bombe lacrymo sur vous en permanence. Quant à Kate, en tant que barmaid et future membre de la police scientifique, j’imagine qu’elle sait a minima se défendre contre le premier venu.

Et beaucoup plus que ça, grâce aux entraînements de Fallon et de Lily.
Christopher imagine difficilement Venom sillonner les ruelles malfamées de la capitale avec l’écrivain. Toutefois, si ce dernier fortifie son physique, apprend à se battre, il pourrait devenir un soutien précieux. Peut-être même un jour lui sauver la vie.

À entendre Henry, Kate lui fait déjà assez confiance pour confesser des éléments de son passé douloureux. Le même Henry qui prétendait être le seul des deux à avoir une ombre dans son passé.
La contradiction fait plisser les yeux du policier, qui sait avoir affaire à un menteur de premier ordre. Si l’écrivain essaie de lui faire cracher le morceau, il gaspille sa salive.
Le flic se montre donc factuel et ne réagit pas à l’hypothèse choquante, pourtant proche de la réalité, de son interlocuteur :

— Vous extrapolez mes propos, Henry. Il n’y a rien à sous-entendre, sinon que les filles comme Kate passent rarement une enfance heureuse dans les quartiers difficiles. Vous êtes écrivain, vous imaginez bien la pléthore de scénarios possibles. Et je dis bien imaginez, car aucun de nous ne peut réellement comprendre ce que ces filles endurent.
D’ailleurs, puisqu’elle vous a parlé de l’orphelinat, vous saviez déjà que vous n’étiez pas le seul à avoir une zone d’ombre dans votre passé, non ?


Christopher est curieux d’entendre la pirouette que l’écrivain va imaginer. Ne serait-ce que pour voir s’il est aussi doué que sa nouvelle amie.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyMer 13 Mar - 5:39

Les sentiments sont des choses un idiotes quand on les regarde vraiment tels qu'ils sont. Ils ne se plient à aucune règle, ils n'obéissent à aucune logique, ils ne répondent à aucune envie. On peut avoir envie de tomber amoureux d'une belle jeune femme toute sa vie sans jamais avoir la moindre attirance réelle pour elle, même si elle est totalement amoureuse de son côté. On peut passer une vie entière à lutter contre un sentiment parce qu'on sait qu'il n'est pas viable mais on ne pourra pas s'en défaire et il nous blessera encore et encore, malgré nous et malgré tout. Qu'est-ce qui me plait chez la jeune femme ? Son intelligence, sa finesse d'esprit, sa détermination, il y avait beaucoup de raisons et même si je n'aime pas devoir le mettre ici dans cette liste, son corps de rêve en fait partie. C'est con comme ça un sentiment, ça commence avec ce qu'on voit de l'autre personne parfois pour tomber sur une vraie déception sur l'autre quand on apprend à la connaître. Concernant Kate je n'avais été déçu par rien et je continuais de m'extasier devant sa beauté à chaque fois que je la déshabillais. Enfin le policier souhaitait clore ce débat sur les sentiments et cela me convenait finalement plutôt bien.

Mais voilà qu'il parle de braquage, cherchant à me mettre en garde contre Kate d'une façon assez indirecte. Visiblement je ne suis pas le premier, en tout cas pas le seul, à en apprendre d'avantage sur le passé de la jeune femme, lui aussi sait des choses vu ses avertissements. Kate faisant un bon témoin, cela ne m'étonnerait même pas, elle a le don pour repérer ce qui ne va pas et l'oeil pour remarquer les détails. Après tout elle veut rejoindre la police scientifique, ce n'est sans doute pas sans raison, c'est qu'elle est capable de faire attention aux détails. J'imagine mal un policier dans une unité pareille qui ne fasse pas attention à ce qui se passe autour de lui mais ma petite amie ne m'a jamais parlé de braquage. Un soupir de soulagement m'échappe lorsqu'il termine son explication.

« J'ai surtout remarqué qu'elle avait un don pour éconduire les prétendants avec le sourire. Ce n'est pas pour rien que j'ai mis aussi longtemps à oser l'aborder et lui parler, j'ai toujours eu peur de me faire éconduire comme un prétendant lambda. Je crois que j'ai eu de la chance. Mais c'est bien vrai que Kate n'est pas la plus grande bavarde, ce qui ne l'empêche pas d'avoir l'oeil partout et de savoir écouter. Elle ferait une bien piètre scientifique si elle n'était pas attentive aux détails cependant. »

Oui je prenais un peu d'avance sur les choses mais je croyais sincèrement que la jeune femme allait réussir. Après tout elle s''en donnait véritablement les moyens, elle travaillait dure, nous avions révisé ensemble, moi tentant de trouver des questions judicieuses à partir de ce que je lisais. Alors je restais positif au maximum, ne partageant pas vraiment la retenue de la jeune femme sur ce point-là. Elle était réservée et moi optimiste, j'imagine que nous venions de deux milieux différents, que nous voyions la vie de deux façons différentes.

Je suis surpris des mots de l'inspecteur quand il dit que la femme qu'on aime est toujours la plus dangereuse, je n'avais pas vraiment l'impression qu'il parlait sans expérience mais surtout j'avais l'impression qu'il bottait un peu en touche en disant cela. Risquer ma vie pour elle ? Il en sait donc beaucoup plus sur elle qu'il ne l'admet vraiment. Il m'encourage à continuer le sport et porter une bombe lacrymogène ? Kate sait se défendre ? C'est le cas de le dire, elle m'a déjà bottée les fesses plusieurs fois.

« Vous commencez sérieusement à m'inquiéter, Inspecteur. Une bombe lacrymogène en permanence ? A vous entendre on dirait qu'il faut que je m'attende à de sérieux ennuis en présence de Kate. Je ne sais pas si elle sait se battre, nous n'avons jamais parlé de combat ou d'armes … Une policière scientifique ne porte pas d'arme je pense ? »

Si dans les séries et les films ils ont toujours une arme pour le moment où le laboratoire est attaqué et montrer qu'ils ne savent pas s'en sortir mais je ne m'étais pas interrogé sur ce dont il retournait dans la vraie vie. Y avait-il un port d'arme pour les membres de la scientifique ?

Je fronce les sourcils en entendant les mots de Christopher, il sait beaucoup de choses sur ma petite amie de toute évidence, plus qu'il ne veut le dire, sans doute pour ne pas me faire peur. Je secoue doucement la tête à sa question.

« Mais de quoi parlez-vous au juste ? Elle ne s'est pas ouverte sinon pour me dire qu'elle a grandi dans un orphelinat et vous parlez de zone d'ombre ? J'ai vu le film Annie moi aussi, je sais que les orphelinats ne sont pas des lieux parfaits pour grandir mais à vous entendre … Qu'est-ce qui s'est passé dans cet orphelinat au juste ? Un surveillant a … profité de sa position ? »

Autant essayez de comprendre ce que le policier savait déjà.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] A balance between life and death    [Livre I - Terminé] A balance between life and death  EmptyVen 15 Mar - 6:33


La criminalité à Europolis bat des records et Henry s’inquiète sérieusement qu’un flic lui conseille de porter une bombe lacrymo ? Soit l’écrivain vit dans sa bulle, une attitude rarement compatible avec la publication d’un roman à succès, soit il se fiche du policier qui lui fait face.
Le ton de Christopher reste amical, cependant l’arôme piquant de la moutarde commence à lui monter au nez. De façon peu surprenante, discuter avec Kate produit chez lui le même effet.

— Vous ne lisez jamais la presse ? Vous ne suivez jamais les actualités ? Ignorez-vous que la criminalité à Europolis monte en flèche, notamment à Coal District ? Vous devez vous attendre à des ennuis à tout moment. Pas y songer en permanence, au point de vivre dans la psychose ou même refuser de vivre, mais vous tenir prêt. Nous policiers avons pour devoir de protéger les citoyens, et beaucoup d’entre nous donnent leur maximum pour réussir, mais force est de constater que nous cédons du terrain aux délinquants et aux criminels. Si vous n’avez jamais été témoin d’un acte de harcèlement ou d’agression, seul ou durant vos sorties avec Kate, j’en suis très heureux pour vous ! Mais soyez conscient que cela peut se produire. Et lorsque cela arrive, le sentiment d’impuissance compte parmi les plus insupportables à éprouver.

Ce sentiment d’impuissance, Christopher l’a connu pour la première fois après le meurtre de son père. À treize ans, il jouait déjà des poings pour défendre ses camarades et répondre aux brimades.
Malgré un cheminement différent, Kate refusait comme lui de rester passive, ressentait comme lui le besoin de combattre les protagonistes de la misère humaine. Peut-être qu’un jour, Henry Watford s’engagerait dans une voie analogue.

En attendant, ledit Henry joue le rôle de « l’idiot du village » avec un zèle qui n’opère pas – qui n’opère plus.
Christopher sourit d’aise. Il s’est fait berner une fois par la comédie de l’endeuillé face à un Ben Hollander touchant, mais pas deux.
Dans le cadre habituel d’une enquête, le flic choisirait ce moment pour bousculer Watford. Juste assez pour faire tomber les masques et ouvrir une franche discussion. Il pourrait également jouer cartes sur table avec Henry comme avec Kate.
Mais cette « affaire » concerne la vie privée du jeune couple.
Le flic en sait déjà suffisamment : Kate a quelqu’un dans sa vie, un homme très amoureux à qui elle fait confiance et qui semble digne de la mériter. Christopher s’est autorisé à jeter un œil sur leur jardin secret, à vérifier de loin que tout semble en ordre ; il n’en franchira pas la lisière sans invitation explicite. La mission qu’il est lui-même donné est de veiller sur Kate Ward la future policière scientifique, ainsi que de couvrir Venom la justicière nocturne. Pas de s’immiscer dans sa vie de femme indépendante.
Christopher n’a donc plus rien à attendre de cette rencontre avec Henry Watford. Ses doigts pianotent sur ses genoux, le ton devient plus formel.

— Vous extrapolez une fois encore, et dans la même direction. On dirait que vous cherchez à me faire dire quelque chose. (Léger ricanement.) Je ne connais pas le film auquel vous faites référence, mais je sais qu’on n’atterrit pas dans un orphelinat sans être privé de ses parents. C’est une zone d’ombre qui perturbe nombre d’enfants, pour beaucoup jusqu’à la fin de leur vie. Avec un sentiment de vide et d’abandon qui doit vous être familier, n’est-ce pas ?

Christopher accroche le regard de son interlocuteur, avec l’expression du type qu’il ne faut pas prendre pour un con.
Après un silence bref mais tendu, il se lève et approche du jeune homme pour lui serrer la main. Un sourire poli est revenu sur ses lèvres.

— Je vous remercie de votre hospitalité, Henry. Nous nous sommes déjà tout dit au sujet de Ben Hollander, encore une fois je vous suis très reconnaissant de ce que vous avez fait. (Le sourire de Chris s’élargit.) Continuez à chérir Kate comme vous le faites, je n’aimerais pas revenir vous botter les fesses pour avoir blessé une future collègue.

Un homme averti en vaut deux.
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