La vie était cruelle. Comment en était-elle arrivée là ? Pourquoi n’avait-elle pas pu la retenir ? Une lettre, c’est tout ce qu’elle lui avait laissé, comme un mot d’adieu. Cela faisait quelques jours maintenant que la jeune femme avait appris le départ sans crier gare de Fallon. Alors qu’elle rentrait de son voyage en Angleterre avec son petit ami, elle n’avait trouvé qu’une lettre sur la table basse du salon, accompagné de son double des papiers d’adoption. A croire qu’elle avait besoin de ce foutu papier pour se rappeler qui était sa mère. Ce qu’elle ne comprenait toujours pas, c’était le pourquoi de cette décision hâtive et sans la consulter que la tueuse à gage avait prise. Alors qu’elle pensait pouvoir passer la soirée avec elle devant un film, avec un bon chocolat chaud, la brune n’avait trouvé qu’une lettre, écrite de la main de celle qui l’avait sauvé, qui lui avait donné une seconde chance, où elle expliquait qu’elle était partie. L’africaine n’avait cessé de s’inquiéter pour Kate, perdant parfois le contrôle sur elle-même. Mais elle lui avait promis de lui laisser une chance de faire des recherches dans un laboratoire qu’elle allait créer rien que pour elle. Et maintenant, elle avait décidé de la quitter, de partir d’Europolis dans un lieu qu’elle ne voulait pas lui dire, sachant pertinemment qu’elle ferait le nécessaire pour s’y rendre et la retrouver. Mais l’ex-espionne était bien plus douée que sa protégée à ce jeu là et la scientifique savait qu’elle n’aurait pas gain de cause, même si elle réussissait à la retrouver.

A l’heure actuelle, la brune pouvait se consoler avec quelques textos qu’elles avaient échangé. Elle n’avait pas pour but de couper totalement les ponts et c’était déjà ça. L’étudiante s’était abstenue de lui dire qu’elle allait encore plus mettre en danger son enfant à venir en s’éloignant d’elle, imaginant déjà sa mère paniquer et avorter dans la foulée ou prévoir un accouchement sous X. Pour autant, elle avait l’impression d’avoir perdu Fallon et ça, sans raison réelle à ses yeux. L’incompréhension était le plus grand ennemi de la jeune femme. Elle n’était pas capable de s’arrêter à ça. Sa sauveuse voulait la protéger mais le meilleur moyen pour ça était de trouver une solution définitive et donc qu’elle fasse des recherches approfondies à partir d’un échantillon de son sang. Sauf qu’en partant, l’africaine lui ôtait complètement cette option qu’elle lui avait pourtant promis de laisser tenter. La frustration était de rigueur et maintenant qu’il n’y avait plus de larmes à laisser couler, Kate avait besoin de se défouler.

Elle ne pouvait être un fardeau pour l’écrivain qui l’avait consolé comme il avait pu. Ce dernier n’avait rien demandé après tout et alors qu’ils pensaient que tout iraient mieux lors de leur retour d’Angleterre, voilà que c’était sa petite amie qui avait des soucis. Alors ce soir là, Venom allait reprendre sa vie en mains. Elle comptait bien arpenter les rues de Coal District jusqu’à trouver un ou plusieurs crétins qui voudraient imposer sa loi et les livrer à la justice. Elle était suffisamment remontée pour que cela soit un plus mais pas assez pour que cela lui mette des oeillères au point de prendre des risques inconsidérés. Avec Fallon, elle avait été obligé d’apprendre à faire la différence pour savoir quand elle pouvait y aller et quand elle devait se retenir, de crainte de faire la plus belle erreur de sa vie. Un faux pas, une émotion mal gérée et elle pouvait potentiellement y laisser la vie. Sa mère avait été intransigeante sur ce point, ses émotions étant à ses yeux autant une magnifique qualité en tant que personne qu’un véritable fardeau en tant que justicière.

Ce soir là, la brune ne s’attendait toutefois pas à devoir intervenir pour sauver une personne qu’elle connaissait. Ses pas l’avaient mené jusqu’à Milton’s Ironworks. Elle savait très bien que les dealers se faisaient nombreux dans le coin et qu’il pouvait arriver que cela tourne au règlement de compte. Rôdant de manière discrète, vêtue de sa tenue de sortie totalement noir, armée de son flingue aux fléchettes tranquillisantes, de sa lame et d’un couteau, c’était la première fois que Venom revêtait un masque à la place de son maquillage traditionnel. Il faut dire que côté rapidité et praticité, c’était mieux. Mais elle avait eu grandement du mal à trouver un masque vraiment adapté à la morphologie de son visage pour ne pas que ça gêne sa vision. Petit plus, le masque intégré un petit modulateur vocal qui permettait de modifier un peu sa voix. C’était un indice trop estimable pour qu’elle puisse laisser l’entendre par n’importe qui. Elle ne se le pardonnerait jamais si des personnes aux intentions mauvaises venaient à s’en prendre à Henry par sa faute.

Continuant son avancée, elle finit par entendre des voix raisonner, un achat qui semblait mal tourné. Arrivée à proximité des lieux, elle se rendit compte qu’un mec armé mettait en joug à tour de rôle deux personnes, un homme d’une cinquantaine d’année et une jeune femme, à peine plus âgée qu’elle qu’elle connaissait bien. Que foutait @Sera Nearim dans ce merdier ? La dernière fois qu’elle l’avait vu, c’était au restaurant, en face de son petit ami. Cela l’avait rendu verte, sans se rendre compte à l’époque qu’il s’agissait des premiers prémices de jalousie. L’écrivain lui avait rapidement parlé d’elle et de sa découverte d’une personne comme lui. Kate n’avait pas tant été surprise, le fait que son aînée fasse des recherches dans ce domaine impliquant qu’elle était personnellement concernée, de près ou de loin. Se déplaçant tout en gardant ses distances, Venom se faufila dans l’ombre pour se rapprocher du dealer qui avait perdu les pédales afin de pouvoir le surprendre et l’arrêter rapidement.