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 Flower Power
Ethan Weatherby
Ethan Weatherby
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MessageSujet: Flower Power   Flower Power EmptyVen 29 Mar - 11:08

Tous les trois jours exactement le même rituel. La fleur dans le salon n'a jamais le temps de faner, elle est toujours rejointe par une seconde pour la fin de sa vie et ainsi de suite, comme un cycle que j'entretenais avec la régularité d'un métronome. Toujours les mêmes habitudes, la même routine rassurante. Ca ne devait pas être très amusant pour ma petite Anastasie, du moins ça ne le serait pas si elle était plus grande, si elle était en âge de comprendre. Moi j'aimais cette routine, elle avait quelque chose de rassurant, d'enthousiasmant, je savais exactement comment ma vie allait se passer aujourd'hui et si un imprévu tombait et bien je faisais avec. Je sais faire avec les imprévus. Ma vie passée n'était faite que d'imprévus, de choses qui n'étaient pas désirées mais qui arrivaient quand même. Il n'y a pas de routine dans un camp de réfugiés, il n'y a pas de routine quand on doit aller dans une ville en ruine en espérant trouver ce qu'il faut pour permettre un peu de confort ou même des premières nécessités aux survivants du camp. Quand un bébé allait mal et qu'il fallait impérativement lui trouver un antibiotique bien défini c'était facile à Europolis, il suffisait de pousser la porte d'une pharmacie. A Seattle il fallait écumer toutes les pharmacies, espérer qu'elles n'aient pas été pillées et croiser les doigts et les orteils pour qu'il y ait exactement ce qu'il faut. Tout était complique d'où je venais et la routine que j'avais découvert à Europolis m'enchantait totalement.

Réveil le matin, généralement un peu avant Ana ce qui me laissait le temps de lui préparer son biberon ou parfois par ses cris quand elle décidait qu'elle en avait eu assez de dormir et se reposer. Passer un peu de temps avec Ana avant de la confier à sa nounou, choisie parmi trente nounou j'avais été aussi sélectif avec la nounou qu'avec les aliments que je choisissais pour préparer les plats de mon restaurant … sinon plus encore. J'avais dû passer pour un vrai tyran aux yeux des nounous que j'avais rencontré. Ensuite travail à midi puis trois petites heures avec Ana et le service du soir ensuite pendant que Ana reste avec sa babysitter elle aussi triée sur le volet. Généralement un peu de sport l'après-midi ou le soir en rentrant pour ne pas oublier les enseignements de Calliope et continuer de m'entrainer afin de m'améliorer. Chaque journée était organisée pour ne laisser presque aucune place à l'inattendu et comme je prenais confiance dans mon équipe, je me permettais parfois de ne pas être présent aux services du midi. Je profitais de ce temps pour mes recherches sur la marraine de Ana, recherches pour lesquelles je trainais clairement des deux pieds. Je ne savais pas trop si je voulais retrouver cette femme ou pas. Pour Ana ça serait mieux sans doute, elle lui donnerait une image maternelle semblable à celle qu'aurait eu Calliope, celle d'une femme de son acabit, d'une guerrière issue du peuple auquel elle appartenait. Un peuple auquel je n'appartiens pas, dont je ne fais pas parti et c'est cela qui me fait trainer les pieds. Et si la marraine de Ana cherchait à me la prendre ? A me l'arracher ?

Je pousse la porte de la boutique de fleurs, Ana est installée dans un porte-bébé sur mon dos et balbutie joyeusement, le regard captivé par les innombrables plantes grimpantes, pendantes, aux couleurs variées et aux parfums envahissant. Je la sens qui tangue un peu, de gauche à droite comme si elle voulait tout voir, comme si elle voulait tout toucher. Je décide de la prendre dans mes bras, avant qu'elle n'attrape une branche pendant, ça ne lui plait pas et elle me le fait savoir d'une petite moue. Juste avant de s'agiter et de tendre ses bras vers un grand vase juste à côté. Celui des coquelicots.

« Je vois que tu as bien repéré ce qu'on vient faire ici. »

Je souris tout en approchant ma main du vase pour attraper un coquelicot. Ma main frôle une autre main, je sursaute en la retirant, secouée dans mon geste Ana s'en amuse et éclate de rire. Apparemment elle n'avait pas manqué de remarquer la vendeuse, elle. Bon sang, ma fille de un an est plus attentive que moi.

« Pardon, je ne vous avais pas vu. »

Je tâche de sourire poliment à la vendeuse à côté des coquelicots. Ce n'était pas la première fois que je la croisais, forcément à venir tous les trois jours depuis six mois elle avait bien compris pour quoi je venais. Je m'en amuse.

« Alors je suis tellement prévisible ? »
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Lena Wilson
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MessageSujet: Re: Flower Power   Flower Power EmptyMar 9 Avr - 13:04

Nolan avait fini par le faire. Il m'avait acheté un bouquin sur les fleurs. Et bon sang, je n'aurais jamais pensé qu'il put en exister autant. Je connaissais celles qu'on voyait partout, les plus connues, mais il y en avait 100 fois plus en vérité. Évidemment, toutes n'étaient pas vendues dans le commerce, heureusement. Ce n'était plus une boutique qu'il aurait fallu alors, mais une ville. Mais au moins connaître ce qu'on vendait, c'était déjà pas mal. Je ne souhaitais pas faire du zèle, cependant, j'avais à cœur de bien faire ce qu'on exigeait de moi. Question de fierté. Du coup, le soir, je potassais, alors que Nolan finissait d'écrire ses articles, corrigeait, raturait, recommençait. C'était agréable de vivre ensemble. De se raconter un peu la journée le soir, de se dire bonjour le matin et de se souhaiter une bonne journée. Même si je n'avançais guère dans mes tentatives de séduction, n'osant aller trop vite de peur de tout chambouler et pas dans le bon sens du terme.

Je profitais d'un moment de creux pour faire une recherche sur mon nouveau portable. J'avais la sale manie de jouer avec depuis que je l'avais, trop contente d'avoir toute la technologie dans ma poche. Enfin, dans ma main pour le coup. J'avisai l'heure et rangeai mon téléphone pour retourner en boutique, afin de me rendre disponible pour les clients. A titre personnel, je détestais quand les vendeuses me sautaient dessus à peine entrée dans le magasin pour me refourguer des trucs en me conseillant. Si j'avais besoin, je demandais, mais j'aimais bien qu'on me foute la paix. Alors j'essayais de me montrer plutôt discrète.

Alors que je remettais un peu d'ordre dans les compositions, je vis entrer un jeune homme, un habitué. J'avais fini par remarquer son manège. Il venait tous les trois jours. Toujours pour la même fleur. Aussi me dirigeais-je vers les coquelicot, afin d'en récupérer un, le plus beau. Apparemment, il eu la même idée alors que sa main effleurait la mienne et que je relevais le regard. Il était jeune quand même. Et il y avait un bébé avec lui. C'était la première fois que je la voyais. Une nièce ? Une sœur ? Une... fille ? Il avait quel âge au juste ? Je lui aurais donné à peu près le même que moi, mais déjà que les gens avaient tendance à me rajeunir... Comme quoi, cela ne voulait pas dire grand chose. Il s'excusa alors et je souris, amusée : "Ah ? Je suis si discrète que ça ?" Je le taquinais. J'étais effectivement assez discrète, j'avais bien du apprendre à l'être quand je devais voler pour survivre ou cambrioler des gens miséricordieux et fuir sans me faire entendre. Je n'avais pas perdu cette sale habitude.

Mon regard se détourna du jeune homme pour s'attarder sur la petite qui affichait un air bienheureux. En voilà une qui était contente d'être là. "Désolée de la réponse, mais pour ça, oui." Je ne pouvais pas me prononcer pour le reste. "Un coquelicot. Tous les trois jours. Invariablement. Sauf si vous avez décidé de totalement démonter toute mon enquête en prenant autre chose aujourd'hui !" Nouveau sourire, avant d'ajouter : "Mais vous n'êtes pas si prévisible que ça... Elle est adorable." Je parlais évidemment de l'enfant qui l'accompagnait pour la première fois, du moins, pendant mon service. Il était peut-être déjà venu là avec elle mais pendant une journée de repos.
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Ethan Weatherby
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MessageSujet: Re: Flower Power   Flower Power EmptyMar 9 Avr - 15:01

De toute évidence je n'avais pas été très attentif à ce qui se passait autour de moi, si ça avait été Calliope en lieu et place de la vendeuse, j'aurai eu droit à une remarque cinglante et très probablement une petite tête à l'arrière de la tête. Toujours être très attentif à ce qui se passe, le danger peut survenir de n'importe où et cela n'importe quand. Sauf que je n'étais jamais très attentif en présence d'Anastasy, je veillais sur elle, je faisais attention à elle et j'avais parfois tendance à fermer un peu les yeux sur le monde qui m'entoure. Il faut dire que ma fille est tout ce qui me reste de ma vie passée, du pays où je suis né, de la femme que j'ai aimé et du temps qu'a durer notre vie commune. Nous n'avons pas vécu dans des conditions optimales, un pays en proie à une guerre civile est rarement le cadre idéal pour quoi que ce soit mais finalement la vie avait pris le dessus sur la désolation. Sous la forme de cette petite fille entre mes bras qui me suis absolument partout et dont je ne me séparerai pour rien au monde. Nous étions chez le fleuriste pour y trouver une fleur, une fleur bien précise, que je venais acheter tous les trois jours. Toujours dans cette boutique. Toujours la même fleur. Toujours la même boutique parce que j'aime la routine, c'est un luxe que les gens ignorent, savoir de quoi demain sera fait, de quoi aujourd'hui est fait, à quoi ressembleront les choses dans quelques jours. Après une vie d'incertitudes à me demander si j'allais trouver de quoi manger, des médicaments … Finalement ça faisait du bien la routine. Toujours la même fleur parce que c'était la préférée de Calliope, il n'y en avait pas à Seattle, je n'avais jamais pu lui en offrir une. Alors mon restaurant se nommait sobrement "Le Coquelicot" et tous les trois jours je venais acheter un coquelicot pour accompagner le précédent qui se mourrait dans le petit vase de la table basse de mon salon. C'était pratiquement un rituel que ma fille avait bien compris. Ses mains s'étaient tendues vers la fleur à peine l'avait-elle reconnue.

« Absolument, un vrai chat, je ne vous ai pas entendu approcher et je ne vous ai pas remarquée. »

Ok, ce n'est vraiment pas super comme phrase, c'est plutôt une belle jeune femme, d'un âge sensiblement similaire au mien, à qui je venais de dire que je ne l'avais pas remarquée. C'est toujours sympa de faite tapisserie, on aime tous ça. Pas étonnant que la dernière jeune femme que j'ai rencontré m'ait cognée dessus avec des approches pareilles. Sauf que je ne cherchais à séduire personne mais j'arrivais déjà à m'enterrer, ça promettait d'être marrant le jour où je tenterai de séduire une femme. Ecoutant la jeune femme, je ne peux que sourire un peu à ma propre habitude, quand on la résume comme elle le fait c'est vrai que ce n'est pas trépidant comme vie. Sa conclusion transforme ce sourire de gêne en sourire amusé, sujet d'une enquête, moi ?

« Une enquête ? Et quelles sont donc vos conclusions à l'heure actuelle, Détective ? »

J'étais bien curieux de savoir ce qu'elle imaginait comme la raison de cet achat d'une fleur, toujours la même, tous les trois jours. Fidèle à son habitude, Ana regarde la fleuriste qui parle d'elle, elle est curieuse de tout, semblant toujours tout vouloir voir et savoir. Elle est bien partie pour être hyper-sociable et moi un père angoissé qu'il lui arrive quelque chose. N'importe quoi. Un moindre bobo.

« C'est vrai que Ana m'accompagne rarement, je passé généralement après le travail mais elle a clairement repéré ce qu'on fait ici. »

Je venais avec Ana uniquement les jours où je ne travaillais soit … assez rarement au final. Assez apparemment pour qu'elle soit passée outre la petite enquête menée par la fleuriste.

« D'un autre côté, j'imagine que les clients qui viennent acheter toujours exactement la même fleur dans le même intervalle de temps doivent être rares et faciles à repérer. »

Si j'adorais la sécurité de la routine, j'avais bien remarqué que les gens d'Europolis, enfin de tous les pays qui ne sont pas en guerre, détestent la routine. Ils la trouvent ennuyeuses, lassantes, sans attraits. Pourtant elle est si protectrice. Si rassurante.
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Lena Wilson
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MessageSujet: Re: Flower Power   Flower Power EmptySam 11 Mai - 11:37

Il était mignon ce garçon. Avec ce bébé. C'était attendrissant en fait. Et cela suscitait quelques questions alors qu'il était assez jeune. Cette petite fille pouvait être n'importe qui pour lui finalement. Je m'imaginais mal mère en vérité. J'avais eu la chance, dans mon malheur, de ne jamais tomber enceinte, malgré... les sévices. Soit parce que ce n'était pas le bon moment, soit parce que mes conditions de vie n'avaient pas permis à un enfant de se développer en mon sein... Mais qu'aurais-je fait, enceinte, seule, sans rien, dans la rue, au juste ? Cela aurait été une sacrée catastrophe. Et je n'aurai jamais pu aimer cet enfant. Soit j'aurais tenté d'avorter, soit je l'aurais abandonné en espérant une vie meilleure pour lui. Le seul enfant que je désirais, c'était celui de Nolan et c'était loin d'être pour maintenant de toutes façons. Je souris donc alors que je le surprenais, ne m'offusquant pas de ne pas avoir été remarquée. J'étais quelqu'un de discret. J'avais du apprendre à l'être de toutes façons, ce qui rendait ma démarche silencieuse et ma façon de me mouvoir gracieuse et maîtrisée. Pourtant, j'esquissai une grimace faussement contrariée alors qu'il avouait carrément ne pas m'avoir remarquée. "Aïe... En plein dans mon ego." Je poursuivais pourtant, nullement rancunière. Franchement, cela m'était totalement égal de ne pas attirer les regards des hommes. Au contraire, je préférais qu'ils m'oublient, j'en avais soupé de leurs regards vicieux et de leurs gestes brutaux. même si ceux que j'avais croisé n'avaient rien à voir avec ce jeune homme... Quoique, j'en avais connu certains aux airs angéliques qui cachaient de vrais tarés pervers, alors bon... l'habit ne faisait pas le moine comme on disait si bien.

Je me tapotai la lèvre inférieure alors qu'il me demandait mes conclusions concernant mon enquête. "Et bien, c'est embarrassant, je ne suis pas censée me poser des questions sur les habitudes des clients..." Vrai qu'il pourrait trouver cela bizarre et me prendre pour une sorte de stalkeuse. Penser que j'étais intéressée par lui, ce qui n'était pas le cas. "Cette fleur a forcément une signification. Et trois jours, cela permet de la remplacer avant qu'elle ne fane et meurt... Toujours un joli coquelicot chez vous donc. Ou chez la personne à qui vous l'offrez..." Je souris un peu piteusement. "Vous voyez, mon enquête piétine pour le moment." Mon attention fut attirée par le bébé qui était avec lui et qui était très sage et éveillée. Franchement, les enfants, ce n'était pas mon truc. Ils étaient chou chez les autres et quand ils ne foutaient pas le bordel et ne faisaient pas de crise. Je ne supportais pas quand ils se roulaient par terre dans le magasin ou touchaient à tout alors que les parents s'en foutaient royalement ou intervenaient mollement, me donnant envie de choper le gamin et de lui mettre une claque pour que ça rentre. Je n'étais pas patiente. Pas pour ça. Mais pour le moment, la petite était toute mignonne. Ana donc, alors que le jeune homme me dévoilait son nom.

Je haussai un sourcil alors qu'il disait qu'elle avait repéré ce qu'ils faisaient ici. Elle connaissait donc les coquelicots ? [color=#d098e6]"On dirait effectivement qu'elle a repéré votre fleur préférée. Ou la sienne ?" Je hochai la tête à ses propos. "Oh, il y a des petits rituels, mais oui, cela demeure rare." Je me saisis du plus joli coquelicot et le tendis à l'enfant. "Je vais sans doute être indiscrète et vous avez le droit de me dire que cela ne me regarde pas mais... C'est votre fille ?" Si jamais Lukas m'entendait, il me ferait les gros yeux et me dirait que ce n'était pas une question à poser aux clients. Il fallait se montrer aimable, mais pas intrusif. C'étaient des clients, pas des potes. Mais il était sympathique et parlait assez facilement... Et j'étais curieuse.
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